Loi travail: interdiction de la manifestation de jeudi à Paris

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La préfecture de police a annoncé ce matin l’interdiction de la manifestation de jeudi à Paris à l’appel de syndicats opposés au projet de loi sur le Code du travail en invoquant les difficultés à en assurer la sécurité.

Crédit Photo – manifestation 14.06.16 CGT ADDSEA

Après de nombreux appels à l’arrêt des manifestations et des menaces d’interdiction, le gouvernement de Manuel Valls a décidé de franchir une nouvelle étape vers le raidissement face à la contestation sociale.

Invoquant tour à tour la fatigue des forces de l’ordre, l’Euro de foot ou le risque de dérive violente des manifestations, plusieurs ministres étaient déjà montés au créneau pour appeler à l’annulation de la manifestation en front commun syndicale prévue demain jeudi 23 juin à Paris.

Rappelons que si toute manifestation doit bien faire l’objet d’une autorisation de la préfecture, le droit à manifester est un droit fondamental inscrit dans la constitution française.

Il semblerait que le gouvernement de Manuel Valls est en train de glisser tout doucement vers la dictature et nombre de voix d’opposants, y compris au sein de son propre parti, s’élèvent pour dénoncer ces dérives inédites dans la cinquième République.

Ceci est d’autant plus grave que cette interdiction vise à couper court aux mouvements sociaux qu’avait suscité le passage en force à l’Assemblée Nationale à l’aide du 49.3 de la très controversée loi El Khomri.

Cette loi, voulue par la Commission Européenne et rejetée par plus de 70% des français, remet sérieusement en cause les acquis sociaux des travailleurs, notamment par l’inversion de la hiérarchie des normes.

Les secrétaires généraux de la CGT (Philippe Martinez) et de Force ouvrière (Jean-Claude Mailly) ont demandé à être reçus le plus rapidement possible par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.

En tous les cas, les manifestations sont maintenues et gageons qu’il y aura plus de monde que jamais : ce n’est plus une simple loi qui est en cause ici, mais le droit même du peuple français à manifester pacifiquement.  C’est une atteinte très grave aux libertés publiques qui indique une dérive autoritaire  et la volonté du Gouvernement Valls d’imposer la politique néolibérale de la Commission sans en passer par la case démocratie.

En tout état de cause, ce que le gouvernement français ne semble pas comprendre, c’est que le droit à manifester étant un droit constitutionnel, l’autorisation ne peut être refusée, à charge pour lui de mettre en oeuvre les moyens d’encadrement nécessaires au bon déroulement de celle-ci.

Cette manifestation pourrait bien sonner le glas d’un gouvernement totalement désavoué par la population française, et au pire, déboucher sur une véritable insurrection populaire dont on sait comment elles commencent, mais rarement où elles s’arrêtent.

C’est tout de même étrange, de la part d’un premier ministre historien de formation que de méconnaître l’histoire de son pays au point de vouloir fouler au pieds les droits les plus élémentaires des français, acquis de haute lutte d’abord par la révolution, puis par les grands mouvements sociaux au début du 20ème siècle.

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles