le ministre de la Justice triture les faits pour pousser l'idée d'une réforme du code pénal dans le sens du Tout Sécuritaire.
Dans un entretien à la chaîne de télévision flamande VTM, le ministre Koen Geens aurait déclaré : " L'ennemi public numéro 1 se trouvait vraisemblablement dans une habitation de Molenbeek, deux jours après les attentats de Paris (...) Sa position était connue par les services de renseignements (cette nuit-là) (...) "
Pourquoi n'avait-il pas alors été arrêté ? Parce que la loi ne permet les perquisitions qu'entre 5h du matin et 21h, et qu'il avait fallu attendre que le juge délivre un mandat de perquisition qui serait venu bien plus tard dans l'après-midi.
Toutefois, vers 12h, La Libre publie un communiqué du parquet qui relativise nettement les propos du ministre :
Il y a bien eu des perquisitions le lundi à 5 heures du matin à une adresse de Molenbeek. Elles avaient été reportées de quelques heures en raison de l'interdiction nocturne pour ce genre d'opérations. Salah Abdeslam aurait pu se trouver à cette adresse, confirme le parquet. Toutefois, ces informations se sont révélées négatives : les soupçons étaient infondés, semble-t-il. Cette adresse, comme d'autres dans la commune, figurait dans la liste des maisons à contrôler dans le cadre de la traque d'Abdeslam
Gageons que s'il est interrogé par l'un ou l'autre parlementaire sur la question, le ministre Geens bottera en touche en disant qu'on a mal interprété ses propos. Il n'en reste pas moins que ses déclarations sont fallacieuses.
D'ailleurs, si tel avait été le cas, qu'est-ce qui empêchait les forces de l'ordre d'encercler l'immeuble et de cueillir Abdeslam à la sortie ?
L'état d'urgence, et les mesures sécuritaires exceptionnelles qui vont de pair ne peuvent exister en Belgique. L'Art. 187 de la Constitution l'interdit. L'exécutif souhaite alors en passer par des lois ordinaires pour élargir les compétences de la police, en tout cas pour les faits de terrorisme.
Apparemment, l'actuelle majorité estime que la partie n'est pas gagnée dans l'opinion, raison pour laquelle elle imputerait aux supposées lacunes du code pénal une bavure... qui n'a jamais eu lieu. Peut-être aussi parce que leurs propositions d'amendements vont nettement plus loin que ce qui avait été laissé à entrendre ?
Et en attendant, la Belgique va encore passer pour un boulet dans la lutte contre le terrorisme, notamment dans la presse française.