La Russie entre dans la danse, et au bal des faux-culs, casse littéralement les pieds de la coalition...
La Russie, à la demande de la Syrie a lancé, depuis le 28 septembre dernier, des bombardements ciblés sur des objectifs terroristes.
Intervention fort peu appréciée par la diplomatie américaine qui l'a rapidement qualifiée de malvenue, allant dans un premier temps jusqu'à dire que les Russes avaient frappé l'opposition syrienne, pour faire ensuite marche arrière et déclarer que les frappes avaient eu lieu dans des zones où il n’y avait probablement pas de forces de l’Etat Islamique.
La France, par la voix de son Président François Hollande (enfin dès qu'on l'eut retrouvé vu qu'il avait confondu le bar de la presse avec la salle de l'AG... Oui, je sais, c'est ballot) a également fait part de sa préoccupation, et rappelé que :
la lutte contre le terrorisme, c'est avant tout la lutte contre Daesh, l'Etat Islamique.
La presse européenne, qui est décidément une référence en matière d'objectivité (1), relaie sans broncher, ce qui a inévitablement donné lieu à quelques hilarantes pièces d'anthologie en matière de journambulisme.
Vous aurez compris sans peine que ce qui divise, c'est précisément la définition d'un terroriste. Pour les Alliés, officiellement du moins, c'est clair, c'est Daesh. Pour les Russes, c'est tout ce qui s'oppose les armes à la main au régime : Daesh, mais aussi Al-Nosra et les autres affidés d'Al Qaida. Encore plus clair, tiens.
On ne parle que de ça, mais depuis des mois que les alliés en ont fait un objectif prioritaire, on n'a strictement rien vu. Ah si, on a vu les Israéliens taper sur les troupes Syriennes dans le Golan et les Turcs taper sur les Kurdes (qui eux-même luttent contre l'EI). Pour le reste, le bilan est nul.
Pratiquement, ces frappes n'ont servi à rien et Daesh n'a fait que progresser sur tous les fronts.
On nous demande de croire niaisement qu'une coalition menée par la première puissance militaire mondiale serait incapable de freiner l'expansion de cette faction terroriste. En gros deux douzaines de millers de soldats d'opérette équipés d'armes légères et de .50 montées sur des pickups Toyota. Faut se pincer très fort pour ne pas rire.
Pour les Russes, c'est clair et Vladimir Poutine ne s'en est pas caché. Anéantissement des terroristes, et recherche d'une solution politique à la guerre civile en Syrie. Ils sont en position d'autant plus forte qu'ils ont été mandatés par le régime Syrien à cet effet.
Les Américains et les alliés, présents en Syrie sans que personne ne les y ait invités (on pourrait se demander sur base de quel mandat, ou plus simplement de quel droit), sont placés aujourd'hui face à leurs contradictions, et apparemment ça leur fait un peu mal au c...
Ainsi on assiste donc dans la presse, depuis quelques jours maintenant, à un véritable championnat de gymnastique acrobatique (2).
Comment dire tout le mal qu'on pense des Russes sans trop avoir l'air de soutenir ce qu'il faut bien appeler des terroristes.
Parce que quand même, Al Qaida, ce sont des terroristes, s'pas?
Les barjots responsables des attentats du 11 septembre, puis des attentats de Londres et de Madrid.... C'est sur cette base que les USA avaient envahi l'Afghanistan et ratiboisé l'Irak, non?
(...) La première condition c’est que les frappes doivent être dirigée contre Daech et contre les groupes terroristes seulement, à l’exclusion des civils et des opposants modérés, qui eux défendent courageusement une vision de la Syrie qui est la nôtre. C’est-à-dire une Syrie démocratique, unie, qui respecte toutes les communautés. Il faudra vérifier si les frappes russes intervenues aujourd’hui respectent ou non cette première condition.
Dans laquelle on laisse entendre qu'il existerait d'une part une opposition (armée) modérée (la désormais légendaire ASL), et d'autre part qu'on doute que l'aviation russe ait frappé Daesh.
Tout d'abord, on voit mal en quoi le Ministre Fabius, même en charge des Etranges Affaires françaises est fondé à décréter ce qui doit être fait en Syrie, et accessoirement qui devra la diriger (ou pas).
Ensuite, l'ASL, ben c'est un peu le Yéti : elle aurait été vue ici et là mais personne n'a jamais produit la moindre preuve convaincante de son existence sur le terrain. Souvenez-vous...
Lire aussi sur LePoint.fr : qui sont ces "modérés" que Washington veut aider ?
De quelle opposition syrienne parle-t-on ? Des gentils barbichus armés jusqu'au dents encartés chez Al Qaida via le revendeur local, Al-Nosra? Escalade qui alimente l'extrémisme? Mais de qui se moque-t-on? Ca fait quatre ans que les alliés financent et soutiennent des terroristes.
Je note que l'article ne fait pas usage du conditionnel. Or il me semble que ce sont-là des accusations graves, on aurait aimé savoir sur quelles sources elles reposent ? Témoignages directs?, Journalistes?, Archives? Ou bien sont-elles pompées directement auprès de l'opposition modérée ? Parce qu'il semblerait qu'ils ont quant à eux orchestré une petite campagne de propagande de derrière les fagots en ce sens (source : RT).
Dans une Conférence de Presse, le Président Obama a estimé vendredi 2 octobre que la stratégie de bombardements de la Russie en Syrie était une "catastrophe assurée". Le président russe Vladimir Poutine ne faisant pas la différence "entre le groupe Etat islamique et une opposition (syrienne) sunnite modérée. De leur point de vue, ce sont tous des terroristes. Et c’est une catastrophe assurée".
Après sa rencontre à l'Élysée avec le Président Russe Vladimir Poutine, le Président Hollande à DouplePlussé en allant jusqu'à déclarer :
"Qu'est-ce que ça voudrait dire d'avoir d'un côté une Syrie réduite à un certain nombre de territoires contrôlés par le régime et de l'autre un vaste ensemble laissé au chaos, et peut-être à l'organisation d'un califat ? Ce serait la pire des situations. Ce serait une partition que nous ne pouvons pas accepter (...) parce que ce serait, on le sent bien, une division fondée sur des critères religieux entre chiites et sunnites". (Source : RTL.fr)
On sent la fébrilité de l'argumentation au travers du ton incantatoire, quand il ne se fait pas puérilement moralisateur ou carrément menaçant. La nouvelle donne est pourtant simple à comprendre. Les Russes ont pris la main, tandis que la coalition est empêtrée dans ses doubles discours et sa lutte contre le terrorisme à géométrie variable.
Une de ces situations extrêmement désagréables aux échecs ou vous réalisez que quoi que vous fassiez, vous ne ferez que renforcer la position de l'adversaire.
Pour l'instant, les Russes font ce qu'en réalité la coalition n'a jamais vraiment fait, même pas contre l'Etat Islamique, comprenne qui peut. Il frappent dur, avec un équipement particulièrement bien adapté à cette fin. Ils utilisent massivement des SU-25 qui sont le pendant des célèbres bombardiers tueurs de chars A-10.
Ce type de d'appareil de bombardement et d'appui aérien rapproché (CAS) est l'outil idéal pour cibler les infrastructures, les véhicules et les personnels au sol. Ils sont fortement blindés et n'ont rien à craindre des tirs d'armes légères. Ils effectuent leurs missions à basse altitude, leur conférant une précision que n'ont pas les bombardements à partir d'une altitude de 12.000 pieds ou plus.
A l'heure actuelle, les rebelles, que ce soit l'Etat Islamique, Al-Nosra ou d'autres factions, ne disposent d'aucun moyen de lutte anti-aérienne.
Les alliés ont en effet toujours refusé de fournir aux rebelles syriens des missiles antiaériens de type Stinger, et ce pour une très bonne raison. Lors de l'invasion soviétique en Afghanistan les américains, qui soutenaient les peshmergas avaient fourni des centaines de Stingers destinés à interdire le ciel aux appareils russes volant à basse altitude (CAS).
Et si ceux-ci se sont révélés efficaces contre l'envahisseur, à l'issue du conflit, les Américains n'ont pas pu remettre la main sur ce qui restait du stock de missiles en circulation (entre 300 et 400 pièces). Pire, l'Afghanistan a été le point de départ du terrorisme islamiste tel qu'on le connaît aujourd'hui, et l'on sait désormais que les missiles restants ont fini directement dans les mains d'Al Qaida.
Disons pour faire simple que les Américains ont compris, après avoir soutenu Ben Laden dans sa lutte contre l'envahisseur soviétique que les alliés du jour pouvaient se transformer en ennemis mortels le lendemain. Et le Congrès Américain a fort bien retenu la leçon. Je les imagine assez mal autoriser le Président Obama à fournir à la rébéllion "modérée" des armes qui pourraient fort bien dans un avenir proche se retourner contre eux.
Qui ne manqueraient pas de se retourner contre eux, disons. Parce que pour l'instant, on le sent bien, la stratégie, c'est Tout Sauf Assad. N'importe quoi. Des terroristes ? Mais ouiiiii, pourquoi pas... Ça nous donnera une bonne raison d'y retourner pour terminer le travail. Comme en Afghanistan, comme en Irak, comme en Libye.
Entendons-nous bien, je n'ai aucune affection particulière pour Bachar Al-Assad. C'est un potentat moyen-oriental, tout comme l'étaient Saddam Hussein ou Mouammar Khadafi.
Mais dans le cas de la Syrie, comme dans le cas de la Libye et de l'Irak, la méthode Neocon (3), c'est la politique de la terre brûlée. Là où ils sont passés, rien ne repousse avant longtemps (excepté les exploitations pétrolières). L'Irak et la Libye sont détruits pour des décennies, les morts se comptent par centaines de milliers, les déplacés par millions. Afghanistan, Irak, Libye : où est la démocratie ? J'ai beau regarder encore et encore, je ne vois que la désolation.
Alors je le dis : Not In My Name.