Lettre à un faux-frère

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En réponse à la lettre de Julien Salingue à un « camarade » qui s’obstine à justifier l’injustifiable.

Cher Julien,

Tu ne me connais pas, et moi, avant d'avoir lu ta missive, je ne savais pas grand-chose à ton sujet, sinon que tu étais membre d'Acrimed, qui est un organisme d'utilité publique que je respecte beaucoup.

Si je prends la liberté de te répondre directement, c'est tout d'abord parce que selon tes propres termes, tu as choisi de t'adresser à un camarade imaginaire, un archétype.  Et que je m'y reconnais quelque part, sinon sur les idées parfois tordues que tu lui prêtes, au moins sur un certain nombre de ses opinions politiques.

C'est aussi parce que la lettre, le ton et le fond m'ont mis dans une rage noire, et qu'il m'a fallu plusieurs jours pour en trouver la cause exacte, en l'analysant à froid.

Et c'est donc froidement, mais sur le même ton familier que je te répondrai publiquement.

La cible

Contrairement à ce que ton intitulé laisse penser, ton texte est une attaque sournoise et politique contre un candidat à l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon.

Quand je dis sournoise, c'est parce que tu sais fort bien que l'intéressé est dans l'incapacité de répondre coup pour coup.  Jouissant par avance du mal que tu pourras lui infliger sans qu'il ne puisse à aucun moment riposter sans entrer dans un piège dialectique mortel.  Quel courage.  Et pour le fair-play, on repassera.

Le fond du fond - un mauvais prequel de Star Wars

Quand on analyse ton texte, en le découpant, on s'aperçoit vite que la totalité de l'argumentaire repose sur des événements rapportés dans la presse mainstream depuis 2011.  Il n'y a aucune analyse, aucun recul.  Il s'agit d'une charge féroce,  en te faisant le champion du bien contre les forces du mal, en réduisant volontairement une situation forcément complexe à une vision manichéenne et puérile.

Dans ton post-scriptum, tu écris que tu n'as pas inclus de références, et que tu laisses le soin à ton lecteur de les retrouver; comme s'il s'agissait de la flèche du Parthes, juste avant de le laisser à terre, foudroyé par la puissance de ton verbe...  Mais tu ne nous dis pas pourquoi, Cher Julien ?  Alors qu'il serait tellement plus percutant d'appuyer chacun de tes arguments par des sources irréfutables ?  A moins, bien sûr, que tu ne te sois aperçu qu'en fait de sources irréfutables, tu risquais de donner à ton adversaire le bâton pour te battre, n'est-ce pas ?

Les sources

Et puisque tu offres le bâton, allons-y gaiement.  Quelles sont les sources de tes affirmations péremptoires quand elles ne sont pas notoirement fantaisistes ?  La presse, ou plus exactement, la presse dominante, aussi appelée presse mainstream.  Cette presse dont la quasi-totalité[1] se trouve aux mains de quelques milliardaires et capitaines d'industrie totalement acquis à la cause atlantiste, quand leurs intérêts se confondent.

Cette presse dont tu t'es fait profession de la décortiquer, et de la critiquer vertement à longueur de pages dans les colonnes d'Acrimed.

Mais d'où viendrait, Cher Julien, que la presse serait presque invariablement critiquable s'agissant de certains sujets économiques, d'actualité sociale ou de politique intérieure; et qu'elle deviendrait subitement irréprochable s'agissant du traitement de la crise en Syrie ?

Où est l'analyse des sources contradictoires ?  Où est passé l'esprit critique ?  Tu considères l'OSDH comme une source sérieuse ?  Tu considères des quidams interrogés via Skype comme des témoins privilégiés ?  Tu ne t'inquiètes pas une seconde de savoir que durant les derniers jours de la bataille d'Alep, la quasi-totalité des images qui accompagnaient les informations via les réseaux sociaux étaient fausses, ou plus exactement recyclées ?  On rapporte six fois en quelques mois le bombardement du dernier hôpital d'Alep, sans jamais en apporter la moindre preuve, et ça ne fait même pas froncer le sourcil ?

La réalité c'est que durant la plus grande partie du conflit, il n'y a eu aucune source fiable d'information sur place.  Et quand des journalistes indépendantes comme Vanessa Beeley et Eva Bartlett sont arrivées à Alep et ont fait un récit qui ne cadrait pas avec la doxa occidentale, elles se sont vu accuser de travailler pour les Russes.  Une perle de sophisme par association.  Un bon argument ?

Pourtant, les langues se délient, et ne voyait-on pas, l'autre jour sur LCI, Eric Dénécé, Directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, dénoncer la désinformation systématique des médias dans ce dossier ?

La trahison

Vois-tu, Cher Julien, c'était la raison pour laquelle ton épître m'avais mis en rage, tout d'abord.  Parce que de tels propos, je pourrais encore les accepter de la part du tristement célèbre piposophe tartophile, mais pas d'une des plumes d'Acrimed !

Pire, tu as usé de la seule notoriété que te conférait ce statut pour trahir l'esprit même d'Acrimed, en usant des méthodes que tu prétends combattre.

« Cher Julien, tu n'es que l'eau du bain.  Plus vraiment très claire et pas vraiment trop propre ».

Ce faisant, tu as perdu pas mal d'amis, cela je le sais, mais plus grave encore, tu as sans doute porté préjudice à la réputation d'Acrimed, par déflexion.

Oh, je ne retirerai pas Acrimed de ma liste de liens, à laquelle j'accorde une place toute particulière directement sur la page d'accueil de mon site.  Non, toi, Cher Julien, tu n'es que l'eau du bain.  Plus vraiment très claire et pas vraiment trop propre, mais je ne risque pas de te confondre avec le bébé.

La voie du milieu ou le refus du manichéisme

Plutôt que de rentrer dans le petit jeu du maccarthysme qui rappelle les plus belles pages de la propagande au coeur de la guerre froide, je pense (et je crois que c'est également la position de Mélenchon) qu'il n'y a pas de bonne guerre.  Que toutes les guerres sont fondées sur le mensonge, et que les seules vraies victimes de toute guerre sont les civils innocents.

On peut parfaitement être contre cette guerre sans être un soutien de Bachar al Assad ou vendu aux Russes, ne t'en déplaise.

Les pays n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts et des alliances stratégiques.  Ils ne sont ni bons ni mauvais par essence, et d'où viendrait qu'un gentil civil syrien d'Alep Est, dès qu'il se mettrait à fêter la libération de la ville deviendrait un allié objectif du criminel de guerre Assad ?  As-tu remarqué tout d'abord qu'en temps de guerre il n'y a que des criminels, de part et d'autre ?  On peut les appeler combattants, libérateurs, rebelles, peu importe : ce sont des gens qui en tuent d'autres parce qu'on leur a enjoint de le faire ou par conviction.  Conviction souvent emportée par la propagande, d'ailleurs.

Ainsi, j'ai fort peu goûté ta tirade sur le « massacre, la véritable boucherie (...) », qui est un réquisitoire à sens unique s'agissant de dépeindre des « civils innocents » systématiquement pris pour cible par l'armée régulière appuyée par les Russes.  La ficelle est grosse, le procédé est indigne et relève nettement plus de la manipulation mentale que de l'analyse.  Bravo.

« Imagine que la décision de bombarder ou pas te soit revenue ? »

Alors laisse-moi te poser une question Cher Julien.  Imagine que la décision de bombarder ou pas te soit revenue ?  Te voilà dans la peau d'un général, et en face d'un cruel dilemme.

  • Soit tu bombardes et tu sais qu'en milieu urbain, bon nombre de civils innocents seront tués, sans parler des destructions d'infrastructures.
  • Ou bien tu envoies tes pouscailloux au feu, prendre des positions fortifiées avec leur courage et leur fusil pour seul viatique, sachant qu'il faut 10 hommes contre un pour prendre sans coup férir une position retranchée; et qu'en agglomération, les blindés sont aussi inutiles que vulnérables aux tirs directs d'un lance-roquette.

Et non, Cher Julien, je ne te parle pas d'Alep, mais des villes de Normandie, lors des bombardements en prélude au débarquement de juin 1944.

Toutes ces villes furent détruites, certaines totalement, et 20.000 civils (dont tu ne diras probablement pas qu'il s'agissait de collabos) ont péri.  Ceci a d'ailleurs valu aux Américains d'être très froidement accueillis dans les régions qu'ils traversèrent.

Alors, crime de guerre ?  Non, parce qu'il s'agissait de libérer l'Europe des mâchoires de l'étau nazi, et accessoirement parce que l'histoire est écrite par les vainqueurs.  Vae victis.

Ainsi, il n'est pas tout à fait exclu de penser que peut-être l'intention des Syriens et de leur allié Russe était précisément de limiter le nombre de victimes civiles dans la population en libérant la ville, dans un premier temps, puis le pays ensuite; ce qui ne devrait plus tarder.  Et dans le cas contraire, quels arguments objectifs pourrais-tu y opposer ?  Quelle serait la motivation ?  Que Bachar serait un grand malade qui passe le plus clair de son temps à détruire son propre pays en massacrant la population par milliers ?  Et quelle serait la motivation des Russes dans cette hypothèse ?  Il ne faut pourtant pas être Docteur en Science politique pour comprendre que c'est légèrement bancal.

Le faux-frère

Pour moi, quand un « camarade »[2] se met à justifier les guerres coloniales d'agression de ce qu'il faut désormais appeler l'Empire, et qu'il présente la propagande de guerre comme de l'information, il y a lieu de s'interroger sérieusement sur ses convictions.

Et maintenant ?

Eh bien on attend tes prises de position musclées sur l'agression sauvage à laquelle est en train de se livrer l'Arabie Saoudite au Yémen, ou plus prosaïquement sur les pertes civiles que provoquera la reprise de Mossoul par la coalition, puisque je me suis laissé dire que la France était en charge de l'artillerie dans cette opération.  À moins bien sûr qu'il n'y ait plus de civils innocents à Mossoul mais seulement des méchants terroristes de Daesh ?

Non, en fait, je plaisante, je n'attends rien de tel venant de toi.  Tu as l'indignation trop sélective, sans doute.

Au pire, tu bêleras avec les autres moutons qu'il serait temps de mettre le holà aux campagnes de propagande orchestrée par les Russes, et tu pousseras en faveur de l'adoption d'une loi visant à l'interdire, n'est-ce pas ?  Pas de liberté pour les ennemis de la liberté[3] !

Et la boucle sera bouclée, faux-frère.

 

Philippe Huysmans
Le 24 décembre 2016

PS : J'ai adoré ta citation d'Ernesto Guevara.  Je la connaissais, mais je trouve particulièrement savoureux que toi, entre tous, tu oses la citer.   Et quand tu le fais, j'imagine la tête de l'intéressé s'il avait eu connaissance d'une telle diatribe au regard de la situation.  Et de me dire qu'en pareil cas tu aurais été bien inspiré d'éviter de croiser son chemin après cela.

Notes

  • [1] A l'exception notable du Canard Enchaîné et de Mediapart, bien que ce dernier soit notoirement pro-atlantiste.
  • [2] Note que je déteste personnellement l'usage des guillemets pour débiner un terme ou lui conférer artificiellement une connotation.   C'est ici une arme d'hypocrite.
  • [3] Citation attribuée à Louis Antoine Léon de Saint-Just, né le 25 août 1767 à Decize (Nivernais) et mort guillotiné le 10 thermidor an II (28 juillet 1794) à Paris, est un homme politique français de la Révolution française. Le plus jeune des élus à la Convention nationale, Saint-Just était membre du groupe des Montagnards. Soutien indéfectible de Robespierre, il est emporté dans sa chute, le 9 thermidor.  Source : Wikipedia.

Comments

Merci pour votre texte qui vise juste. La diatribe de Julien Salingue n'a, semble-t-il, pas d'autre explication qu'électoraliste. Et à l'heure qu'il est, seuls deux candidats à l'élection présidentielle française (Macron et le candidat du PS) sont sur la "bonne" ligne. Salingue est un chevau-léger d'un de ces deux là, mais le second n'étant pas encore connu...Reste, peut-être, à aller chercher du côté des effets de la fin de la guerre en Syrie sur le conflit israëlo-palestinien et des accointances de Salingue avec certains palestiniens (pas avec tous). Quoiqu'il en soit, le rapport du texte de Salingue avec son engagement dans acrimed doit mettre son âme dans une situation proche de celle d'un supporter du psg qui a perdu un ami au bataclan, ou bien de celle de quiconque qui a vu la tour Eiffel noire comme le drapeau de daech. Merci encore pour cette juste et forte analyse.

C'est moi qui vous remercie pour votre soutien, et ce compliment fait chaud au coeur.  Bonnes fêtes de fin d'année !

Philippe
 

Je suis plus que d'accord avec vous sur le "2 poids, 2 mesures" de J.Salingue alors qu'il se fait le chantre de la critique des médias.
C'est d'ailleurs ce qui m'irrite au plus haut point chez bien des gens qui se disent "de gauche" mais qui ont déjà oublié les propagandes de la 1e Guerre d'Irak, de la 2ème, des Balkans, etc.

Cependant...
... vous connaissez certainement Salingue et son milieu mieux que moi. Mais en le comparant à "l'eau du bain", ne mettez-vous pas de l'huile sur le feu ?
Plutôt que de poser des questions, vous ne risquez pas de braquer (encore plus)Salingue ?
Et s'il faut se reparler, on fait comment ?

Maintenant, comme je dis, vous connaissez ces milieux mieux que moi.
Et peut-être ne méritent-ils rien d'autre que du mépris.
Et je me doute que vous en avez déjà suffisamment pris dans la gueule pour être patient et ouvert au dialogue, je sais de quoi je parle.

Merci de toute façon pour votre article.

Dans sa lettre, Salingue se pose en donneur de leçons, en guide moral, pourfendeur du mal et détenteur de la Vérité vraie.  C'est aussi une attaque vicieuse contre JLM, et donc une attaque politique à quelques mois de la présidentielle.

C'est avant tout d'une mauvaise foi consommée puisqu'il est lui-même un observateur attentif des manipulations médiatiques dans lesquelles nous baignons.

Cela fait de lui un hypocrite, et j'ai peu de respect pour ce genre de comportement.  Qu'il le prenne bien ou mal n'a aucune importance, ce qui était important c'est qu'un maximum de lecteurs puissent voir ce qui n'allait pas du tout dans son argumentation.

Nous baignons dans la propagande de guerre, et elle ne tolère guère les opinions nuancées : c'est avec nous ou contre nous.  Les forces du bien contre les forces du mal, on nous a bien gavés avec ça, lors des dernières guerres d'agression néocoloniales.

Alors oui, disons que je prends des coups des deux côtés, quand je me permets de répondre à Salingue ou quand je débunke une fausse nouvelle issue de la propagande pro-Russe.

Je crois que dans un monde où les gens ne savent plus que croire, à commencer par les médias subventionnés; il est plus que jamais nécessaire de faire preuve d'honnêteté intellectuelle, seule manière de regagner ce qui a été perdu : la confiance des lecteurs.

Philippe

PS : je ne connais pas personnellement Julien Salingue.

OK.
Merci à vous.

Entièrement d'accord avec vous (lettre+votre commentaire). Réaction salutaire. Merci. J'ai été sidéré comme vous à la lecture du brûlot de JS sachant qu'effectivement il commet chez Acrimed (votre réplique est pertinente, nette et sans bavure) et parfois dans le Diplo qui a jusqu'à présent( contrairement à JS) le mérite de ne pas prendre part aux polémiques médiatiques et la guerre des propagandes liées aux conflits syriens comme ukrainiens). J'ai appris à cette occasion que JS était "camarade" encarté au NPA, semble-t-il. Voilà qui peut en effet expliquer pour grande partie l'intention et le sens de son odieuse bafouille.En tous cas le procédé honteux et lâche qui consiste à accuser publiquement une personnalité sans la nommer tout en la désignant suffisamment pour que tout le monde puisse l'identifier, disqualifie le journaliste et décrédibilise l'homme de conviction (militant ?) qu'il prétend être. Par-delà le cas personnel de JS, on peut tout de même s'interroger sur le fait que nombre de personnes et personnalités se situant dans la mouvance française gauche-radicale anti-néolibérale prennent résolument fait et cause en faveur du discours diffusé par nos médias dominants sans aucune mise à distance des sources sur lesquelles ils se fonde. Je pense qu'il faudrait regarder de plus près du côté de l'héritage mal ou insuffisamment pensé de la catastrophe stalinienne dont l'analyse dominante vulgarisée, notamment en France, a été fortement influencée et imprégnée par le discours anti totalitaire intellectuellement douteux de nos "nouveaux philosophes" des année 80-90 (et descendants), aujourd'hui farouches défenseurs du système et des valeurs néolibérales et/ou néo-con.

Bonjour Victor,

Le NPA c'est la gauche Trotskyste, le faux-nez et le porte flingue du PS à l'agonie.  C'est de cette mouvance que sortent la plupart des antifas qui ne sont rien d'autre que des fachos eux-mêmes.  Ils en ont les méthodes et le discours.  Et s'en prennent à des gens qui n'ont rien de fasciste, raison pour laquelle Chouard n'a jamais voulu mettre un pied à Nuit debout qui avait été infiltrée par ces milieux qui y faisaient la police de la pensée et la police tout court.

La situation actuelle est complexe et multi-factorielle, mais on pourrait la qualifier simplement en parlant de l'Américanisation de l'Europe.   Ou plutôt la transformation de puissants États-nation en sous-régions, pour en arriver à une grosse réserve d'indiens dans l'incapacité de s'opposer au géant américain.  Leur jardin.

Ainsi en matière de demi-plaisanterie, on pourrait dire que la disparition du PS, consommée par F. Hollande et ses sbires résultera en la naissance d'un nouveau parti, qui s'appellera probablement dans un premier temps « Parti Social Démocrate »... Et puis comme c'est trop long on dira tout simplement « démocrate ».

Bonnes fêtes de fin d'année !

Philippe

Bonjour, merci de votre réponse et de votre analyse que je partage largement. Je ne sais plus depuis longtemps où est en le NPA et ne saurais affirmer ce que vous en dites mais qui ne m'étonnerait pas, étant donné les effets délétères classiques des processus de sectarisation et de micro-gouspuscularisation. Peu importe. Pour moi la question reste entière en ce qui concerne, comme vous l’avez noté, l'absence d'esprit critique et d'analyse distanciée fondée sur des sources fiables et une documentation sérieuse, dans la situation qui nous intéresse, chez nombre de ceux qui se situent dans la mouvance dite de la gauche véritablement anticapitaliste antilibérale (on ne sait plus comment la nommer !). Phénomène manifeste également à Médiapart-blogs (Médiapart rédaction ayant toujours été très russo-poutinophobe pour ne pas dire atlantico-démocrate). J'ai formulé ci-dessus une hypothèse d’explication. Je pense aussi que parmi tous ces courants politiques et sous-courants (français), il reste de leur histoire et en raison de leur faillite un véritable culte quasi-religieux des "rebellions" sans distinction (tunisienne, égyptienne, ukrainienne, palestienne, syrienne…) puisque « populaires », culte lié à une méconnaissance insuffisante des réalités historiques,géographiques, politiques, sociologiques et culturelles dans lesquelles elles se produisent avec pour effets le schématisme et la déformation par simplification . Dès lors, chez eux, interroger les faits, douter c'est attenter au mythe et donc s'associer à tous ses contempteurs, de tous poils et confessions. Sans surprise Salingue en appelle forcément à l'un de ses dieux cultes : Guevara, ce qui est sensé vous clouer sur la sainte croix de la rébellion révolutionnaire. Dans cette mouvance se trouvent aussi des courants issus/proches des cathos de gauche sensibles à la moraline malhonnête déversée par les agences de propagande subtile que sont devenus la plupart des médias dominants. Le directeur de rédaction de Politis, a récemment publié un édito de la même teneur que celle de la lettre de Salingue, l’agressivité et l’arrogance en moins (http://www.politis.fr/articles/2016/12/edito-video-londe-de-choc-de-la-p...). Or, le même directeur (Denis Sieffert) avait rédigé en 2011 un édito intitulé "La guerre de moindre mal" (et revendiqué malgré de nombreuses critiques) pour justifier celle déclarée en Lybie par Sarkozy et l'Otan avec BHL comme lanceur de alertes (avérées… fausses) et dont les terribles effets déstabilisateurs recherchés (stratégie du chaos), humainement dévastateurs et criminels se font encore sentir aujourd'hui... (http://www.politis.fr/articles/2011/03/la-guerre-du-moindre-mal-13506/)- Croyance hier, blasphème aujourd’hui…

Très bon billet.

Bonjour de France et merci bien pour ce texte incisif et intelligent. Il est temps que les idiots utiles des médias bourrés de pathos comme on n'en fait plus se voient rétablir les faits. La lettre de Salingue (le bien-nommé haha) part d'un postulat simple: les médias ont raison. Donc Bashar El-Assad est coupable. Cela reste assez drôle de constater l'aval croissant des "rebelles" du système envers les médias, dont ils boivent de plus en plus la soupe. Le dernier exemple en date est l'affaire Jacqueline Sauvage, plus que croustillante. Je ne sais pas si vous avez déjà prévu une réaction, mais je pense qu'elle serait elle aussi instructive. Oh pas sur la Grâce présidentielle, après tout c'est dans nos lois, mais plutôt sur la réaction médiatique.

Merci pour votre soutien, les encouragements de mes lecteurs sont ma seule récompense :)

Je boucle actuellement un article sur la censure que Facebook implémentera bientôt pour lutter (supposément) contre les fausses nouvelles.

Bonnes fêtes !

Philippe

il y a encore qualque ancien francaise!!!!!!!!!!!!!!!
merci..mon dieu!!!

Au plaisir de le lire! Bonnes fêtes.

En complément.

Tout tourne autour de la fable d'une "guerre civile syrienne".
Comment Salingre explique la présence d'Al Nosra à Alep?
Comment Salingre explique la protection dont bénéficie Al Nosra de la part de "pacificateurs des peuples" qui avaient pourtant déclaré cette entité de terroriste en 1992 pour les USA et 1993 pour l'ONU?

Il n'explique rien, il se réfère à la propagande de guerre et jette des anathèmes.

Al Cham, successeur d'al Nusra, sucesseur d'al-Qaeda, successeur des Talibans, ce ne sont que des marques pour désigner l'armée qui mène la guerre par mandataire interposé un peu partout au Moyen-Orient et avant ça en Afghanistan.

C'est la technique de l'Oncle Sam : il se rend dans sa grande surface favorite, bourre le caddie, et au moment de passer à la caisse, il lâche des rats dans le magasin, hurle au scandale sanitaire, sème la panique et dans la confusion, sort du magasin sans payer.

Raison pour laquelle aussi bien l'Irak que la Libye sont aujourd'hui le paradis des terroristes.  Ce n'est absolument pas un accident, cela faisait partie du plan.
 

C'est en 2013 (et non en 1993) que Al Nosra a été inscrite sur la liste des organisations terroristes à la demande de la France et de la Grande Bretagne qui s'étaient opposées à la même proposition par la Syrie.

... ce qui n'empêchait pas Fabius de déclarer 2 ans plus tard qu'Al Nosra faisait du "bon boulot en Syrie".

Salinge s'inscrit dans cette politique de cynisme nauséeux.

Si ma mémoire est bonne, la déclaration de Fabius date de décembre 2012.

Philippe
 

Pour être précis cette déclaration aurait été faite le 28 janvier 2013... ce qui ne fait qu'ajouter du cynisme au cynisme.

Marrakech 12 décembre 2012, article dans le monde le 13 décembre 2012, la déclaration ne fait pas partie du discours officiel de Fabius retranscrit sur le site du ministère mais le Monde est un journal sérieux !

Merci Chantal pour cette précision.  N'était-ce pas le verbatim d'une interview ?  Je ne suis plus trop sûr pour le coup.  Encore que cela n'aie plus trop d'importance aujourd'hui.

Bien sûr que Le Monde est un journal sérieux, mais qu'est-ce qu'ils nous font bouffer comme propagande !   Ils finiront par disparaître, comme les autres.  Après avoir trahi et re-trahi la charte de Munich, et perdu totalement la confiance de leur lectorat.

Bonne année !

Le lien ne fonctionne pas pourtant il semble correct, la page référencée sur Google pointe vers une erreur 404.  Sacré fonctionnaires !

C'est surtout qu'un verbatim est beaucoup plus facilement contestable qu'une déclaration officielle d'un ministre en exercice sur un site ministériel, devant un tribunal.

Saloperie de Google!... on va encore crier "à la conspiration".

Bonjour,

Le point que vous souleviez a piqué ma curiosité, j'ai donc retrouvé la bande audio évoquée dans une vidéo sur youtube (qui prétendait démontrer que la déclaration est fausse).

Il s'agit dont de la conférence de Marakech (déc 2012), et le passage concerné dit exactement ceci :

Le président de la coalition a dit que lorsqu'un groupe menait une action qui était efficace et utile au service des Syriens contre Bachar Al-Assad, c'était très difficile de le récuser en tant que tel.

Il faut entendre ici coalition de l'opposition et non pas coalition internationale.  Et du coup, on s'est pratiquement tous fait bleuser, cette déclaration est apocryphe, pour ne pas dire calomnieuse.  Apparemment c'était VoltaireNet qui avait lancé ça.

Merdouille.  Ca m'apprendra à vérifier les déclarations plus minutieusement, dorénavant :(

Évidemment, sous réserve que l'on parle bien de la même déclaration et non de deux déclarations séparées.

Bon, à côté de ça, on sait maintenant que dans les faits la coalition internationale a en effet armé al Nusra que ce soit directement ou parce que ces armes ont fini par leur arriver.  Il suffit de regarder les images des stocks d'armes découverts après la libération d'Alep.

Vous semblez apprécier Orwell, moi aussi

de défendre Acrimed, dont je me demande si Julien n'est pas tout simplement en train de le couler. À la lecture de ce texte, je lui ai d'ailleurs demandé au service de qui il était? J'attends la réponse.
Bonne année (dans la mesure du possible...)