Arrêtez de servir la soupe aux médias

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Dans un monde où les médias sont totalement verrouillés par une douzaine de groupes financiers chargés de relayer ce qu’il faut bien désormais appeler la propagande du pouvoir, il est bon de savoir se défendre pour pouvoir continuer à faire vivre une information indépendante. Et quelquefois, la meilleure manière de se défendre c’est d’attaquer.
Ne vous y trompez pas, les organes de presse sont aujourd’hui des géants aux pieds d’argile. Ils ont majoritairement fait l’objet d’acquisition par des grands groupes financiers comme Lagardère, Bolloré, LVMH, etc. mais pratiquement, aucun d’entre eux n’est vraiment rentable. Cela peut paraître paradoxal, mais si ces financiers ont racheté les médias, ce n’est pas pour en retirer un bénéfice financier, du moins, pas directement.
Mais qui tient les médias tient l’information à destination du public et peut ainsi influencer l’opinion dans le sens de ses intérêts.
Importance croissante des médias sociaux, notamment Facebook
Parce qu’ils sont par essence le résultat de partages individuels entre des personnes au sein d’un réseau de connaissances, les médias sociaux sont devenus, avec le temps, un des vecteurs majeurs pour la diffusion de l’information. Ils ne peuvent être contrôlés par le pouvoir et ses officines de communications que sont devenus les médias mainstream. Je ne confonds nullement le pouvoir politique et le pouvoir des grands groupes financiers, seulement force est de constater qu’aujourd’hui, leurs intérêts se confondent de plus en plus régulièrement. Les médias indépendants aujourd’hui sont plus rare que le merle blanc, et quand ils existent, ils restent relativement confidentiels. Mais est-ce que nous ne participons pas tous, un peu, à ce système ?
Financement des médias
Les trois sources de financement des médias sont, par ordre d’importance : les revenus publicitaires, la vente d’abonnements, et le subventionnement, le plus souvent sous la forme d’un taux de TVA avantageux.
Les revenus publicitaires
Ils sont incontournables et leur part dans le financement des médias prend une place de plus en plus prépondérante, en comparaison des ventes d’abonnement et du tirage papier, qui sont en chute libre.
Le prix payé par les annonceurs dépend directement de l’audience, et vous aurez compris que ceux-ci exigent des médias des mesures (appelées métriques) fiables. Pour cela ils font appel à des sociétés indépendantes. En Belgique, c’est le CIM, en France c’est Panel Médiamétrie/NetRatings, CybereStat, Les Observatoires numériques, etc. Leur bénéfice est donc directement proportionnel au nombre de pages vues.
Les ventes d’abonnement
Elles s’effritent régulièrement depuis l’avènement d’internet. Et leur chute n’est que partiellement compensée par les revenus publicitaires.
À cet égard, il est bon de mentionner que les abonnements représentaient une source de financement indépendante pour les médias, alors que le financement par la publicité les rend forcément plus dépendants des grands annonceurs.
Subventions de l’État
Les États subventionnent les journaux, le plus souvent sous forme d’un taux de TVA avantageux, ou de frais postaux réduits.
Qu’est ce qu’on peut faire, concrètement ?
C’est très simple, limiter le recours aux partages dans facebook des articles de presse. Je lis jour après jour des centaines d’interventions sur facebook, plus critiques les unes que les autres sur des articles qui sont des véritables torchons. Et que font ces intervenants pour illustrer leur propos ? Ils partagent l’article, ce qui augmentera forcément sa popularité sur Facebook allant ainsi à l’opposé de l’intention première. C’est ballot, hein ?
Quelles sont les alternatives ?
Eh bien d’abord et avant tout la citation, qui est un droit garanti dans nos démocraties. Citez le nom du Journal, la date, puis entre guillemets, recopiez le passage que vous souhaitiez mettre en exergue, ce sera nettement plus efficace d’ailleurs que de partager tout l’article.
Vous pouvez également utiliser l’outil « snipping tool » qui est fourni dans Windows, pour copier une partie d’écran et la sauver sous forme d’image JPG. Il ne reste plus qu’à coller l’image dans un post et voilà.
Exemple
Mais aussi
Privilégier un lien vers des articles de la presse libre qui ont réalisé l’analyse critique de ces articles, ou réaliser vous-même cette analyse critique. A cet égard, si vous êtes vous-même webmaster, si vous incluez dans un article un lien vers l’article que vous entendez critiquer/analyser, n’oubliez pas de spécifier la propriété rel= »nofollow » comme dans l’exemple ci-dessous.
<a href= »http://lelab.europe1.fr/francois-fillon-jai-presque-envie-de-dire-que-les-jeunes-devraient-avoir-deux-voix-dans-un-referendum-sur-lue-2782741″ rel= »nofollow »>Le Lab (26.06.16) – François Fillon : "J’ai presque envie de dire que les jeu…</a>
Cette propriété indique aux moteurs de recherche comme Google qu’il ne doit pas « suivre » le lien en question, et donc que vous ne « cautionnez pas » son contenu. Pour le dire autrement, vous ne voulez pas que Google y accorde une quelconque importance.
On a les politiciens… et la presse qu’on mérite
Si la presse en est arrivée à ce point de délitement et de soumission au pouvoir de l’argent et du politique, il ne faut pas de cacher derrière son petit doigt, c’est d’abord parce qu’on l’a plébiscitée ou tout au moins, qu’on n’a rien fait pour leur faire savoir qu’on était en désaccord avec cette évolution.
Il en va de la liberté de la presse comme de la démocratie. Il faut arrêter de compter sur les gens qui sont en train de la spolier… pour la défendre ! Ce n’est pas le président de la république ou le gouvernement qui sont garants de vos libertés fondamentales, c’est le contraire. La constitution a été rédigée précisément pour vous protéger contre leurs possibles vélléités totalitaires.
Les vrais garants de la liberté, c’est nous. Le peuple dans son aspiration commune à vivre librement dans le respect de chacun et des droits de tous. C’est notamment le message que notre jeunesse nous envoie tous les jours quand, nuit après nuit, elle reste debout, pour tenter de créer un avenir meilleur, une alternative à cette société de soumission à la consommation et au pouvoir de l’argent qu’ils savent moribonde.
Depuis quand avons-nous oublié d’être debout ? Comme il est difficile de perdre l’habitude que nous avons de toujours plier l’échine, par facilité ou par veulerie, pour un intérêt immédiat bien souvent dérisoire.
Le peuple ce ne sont pas des électrons libres, ce sont des hommes qui parlent, et qui se comprennent. Même si tout est fait dans notre société pour couper ces liens précieux qui constituent le tissu social, de la famille à la nation.
Même ces dernières sont désormais l’objet d’attaques visant à les faire disparaître au profit d’une espèce de machin européen destiné uniquement à véhiculer les valeurs d’une société consumériste. C’est là mon principal reproche à ce qu’est devenue l’Union Européenne aujourd’hui.
“Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis.”
Antoine de Saint-Exupéry