Les murs du Sinaï se referment sur 1,5 million de Palestiniens à Rafah

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Photo : via The Palestine Studies
Les conditions de vie dans la bande de Gaza sont proprement épouvantables. L’occupant israélien a détruit méthodiquement, sous les yeux du monde, tout ce qui structure une société : son système de santé, son système éducatif, son système commercial, ses services publics, son état civil, ses archives, son patrimoine, ses lieux de culte et même ses cimetières.

Le 14 février, la Fondation du Sinaï pour les droits de l’homme a publié des informations sur les travaux de construction autorisés par l’État dans l’est du Sinaï. Le rapport révèle que les travaux de construction visent à bâtir « une zone clôturée entourée de murs de 7 mètres de haut » destinée à contenir plus de 100 000 personnes au cas où les forces d’occupations israéliennes expulseraient de force les Palestiniens de Gaza dans le désert du Sinaï.

Photos satellites et vidéo du Sinaï montrent la construction d’un mur le long du point de passage Rafah-Égypte. Les rapports affirment que le site de construction « est entouré de murs en béton et éloigné de toute agglomération égyptienne.

Un grand nombre de tentes ont été livrées sur le site ». Il semble que l’Égypte se prépare à recevoir un afflux de Palestiniens qui sont actuellement assiégés près du point de passage de Rafah.

Au lieu de permettre aux camions d’aide d’entrer dans Gaza, une cage de béton est érigée pour contenir les Palestiniens qui fuient un génocide. Cette zone tampon se transformera en un camp de réfugiés au milieu du désert du Sinaï, où les Palestiniens de Gaza resteront des réfugiés apatrides, ignorés du monde et condamnés à vivre une vie injuste et humiliante.

Le schéma initié lors de la Nakba de 1948, où les réfugiés palestiniens dans les pays voisins étaient traités au mieux comme des citoyens de seconde zone dans les camps de réfugiés et les zones tampons, sera probablement répété.

Depuis le 7 octobre, les Palestiniens de Gaza subissent un génocide et une crise humanitaire qui ont provoqué une catastrophe dans leur vie, notamment des déplacements constants et la perte de leur famille, de leur maison et de leurs moyens de subsistance. Euro-Med Monitor rapporte que 100 000 Palestiniens ont été assassinés, portés disparus ou blessés.

Plus de 1,3 million de Palestiniens ont été déplacés à Rafah, la ville la plus méridionale de Gaza, à la frontière avec l’Égypte. En temps normal, la population de Rafah est d’environ 220 000 personnes, mais en raison de la campagne d’anéantissement d’Israël à Gaza, le gouvernorat compte aujourd’hui 1,5 million de Palestiniens, 80% d’entre eux vivent dans des tentes.

Rafah a été désignée comme « zone de sécurité » par Israël, ce qui a incité les Palestiniens de toute la bande de Gaza à s’y réfugier. Mais Rafah, comme l’ensemble de la bande de Gaza, n’est pas une zone sûre. La ville frontalière a subi des bombardements aériens presque quotidiennement depuis le début de la campagne d’extermination israélienne.

Des images profondément troublantes des crimes de guerre commis par Israël ont été diffusées depuis Rafah. Par exemple, la vidéo et la photo de la mort de Sidra Hassouna, âgée de sept ans a été diffusée sur les réseaux sociaux la semaine dernière, après le dernier bombardement israélien de Rafah.

Le 11 février, Benjamin Netanyahu a annoncé que l’armée israélienne se préparait à une invasion terrestre de Rafah. Gaza a été rendue inhabitable par les bombardements et le siège israéliens, mais une invasion terrestre à Rafah aggraverait encore la situation.

Dans une interview accordée à Al Jazeera des Palestiniens déplacés ont fait part de la gravité de leur situation. Assaad Hassan, par exemple, a déclaré : « Nous n’avons nulle part où aller, si ce n’est dans la tombe, s’ils mettent à exécution leurs menaces d’envahir Rafah. »

Dans une interview accordée à Democracy Now Noura Erakat a qualifié de « pire scénario » l’éventualité d’une invasion terrestre à Rafah et le déplacement d’une partie de la population de Gaza dans la zone tampon égyptienne, car cela enfermerait définitivement les Palestiniens dans un état de non-retour, tout comme cela a été le cas pour les réfugiés palestiniens en Jordanie, en Syrie et au Liban.

Avec 1,5 million de personnes entassées dans une ville minuscule, le nombre de morts serait cataclysmique.

Il s’agit sans aucun doute d’une répétition de la Nakba de 1948, mais à une échelle beaucoup plus grande, sous le regard de milliards de personnes.

Les dirigeants mondiaux sont restés inactifs, refusant de tenir Israël pour responsable de ses crimes par une action tangible, sans parler des sanctions. La population de Gaza continue de se demander : combien de temps encore devra-t-elle supporter cette violence incompréhensible ?

Si une invasion terrestre a lieu, Rafah se transformera en un véritable camp de la mort. La zone tampon égyptienne ne peut accueillir qu’un faible pourcentage de la population de Gaza.

Le gouvernement égyptien risque d’être complice de ce génocide en facilitant le massacre, la famine et l’expulsion des Palestiniens de Gaza.

23 février 2024 – The Palestine Studies – Traduction : Chronique de Palestine – Éléa Asselineau

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