Fécondité, bobards & injonctions paradoxales

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Par le passé, je vous ai déjà souvent mis en garde à propos des manipulations auxquelles se livrent les médias dominants, grands quotidiens en tête.  J’attirais particulièrement votre attention sur les titres et les chapos, qui, assez régulièrement expriment précisément le contraire de ce que l’article démontre plus bas.  Pourquoi ?  Tout simplement parce que plus personne, ou presque, ne prend la peine de lire les articles en entier.  Une aubaine pour les propagandistes.

Il arrive fréquemment qu’un article, basé sur une « unétude® » dise très exactement le contraire de ce qu’un autre article, basé peut-être sur une autre « unétude® », disait quelques jours plus tôt.   C’est, somme toute, ce qu’on appelle une injonction paradoxale en psychologie.  On vous impose une « vérité », et le lendemain, son contraire, de telle sorte que quelle que soit la ligne que vous adopterez, vous ne pouvez être qu’en tort.

Or nous voilà vernis, puisque nous avons le même jour, les deux plus grands quotidiens de France qui se fendent d’un article basé sur la même « unétude® » et dont les titres/chapo nous donnent deux versions difficilement conciliables, pour ne pas dire opposées. 

Le Monde (10.07.2019) – [lien]

Taux élevé de fécondité en France : « Il faut chercher les explications ailleurs que dans la présence des immigrées »

Dans une étude publiée mercredi par l’Institut national d’études démographiques, trois chercheurs interrogent l’impact des femmes immigrées sur le taux de fécondité.

Le Figaro (10.07.2019) – [lien]

Les immigrées contribuent à la natalité très forte de la France

Le taux de fécondité est de 1,8 enfant par femme pour les Françaises et de 2,6 pour les immigrées selon l’Ined.

On constate immédiatement que les titres/chapo sont contradictoires, et Le Monde, canard tendance gaucho-mondialiste1 précise d’emblée qu’il « faut chercher les explications ailleurs que dans la présence des immigrées ».  Bon déjà, je me demande pourquoi uniquement les immigrées sachant qu’à l’heure où j’écris ces lignes, il faut toujours deux parents de sexe opposé pour faire un bébé, quelle qu’en soit la couleur.

N’empêche, on comprend très bien que pour l’immonde, le sujet ressemble à une planche savonnée pour ne pas dire un champ de mines : d’ailleurs, réalisant à quel point ils avaient été ballots, la plupart des médias ont tenté de diluer l’étude de l’Ined dans une série d’articles non plus centrés sur l’analyse démographique en France, mais en généralisant à l’Europe, ou en mettant l’accent sur la mortalité (sachant qu’on parlait tout d’abord de fécondité/natalité, ce grand écart est assez cocasse).

Mais où est le loup ?

C’est très simple : en nous donnant très précisément le taux de fécondité des deux cohortes que sont les immigrés vs la population française, l’Ined fournit non seulement la démonstration que le grand remplacement est bien une réalité inéluctable, mais également les outils pour calculer de manière relativement précise le moment où les immigrés (et leur descendance) seront plus nombreux que les Français d’origine.  À cet égard, les taux de fécondité annoncés par l’Ined sont déjà pipeautés à la base, puisque ne sont considérés comme « immigrés » que les migrants de nationalité étrangère résidant/travaillant sur le territoire.

La réalité est nettement plus effrayante, et touche presque uniformément tous les pays industrialisés, tant en Occident qu’en Asie, mais pour vous en faire une idée plus précise, il vaut mieux s’en tenir aux pays qui n’acceptent pas d’immigrés, tels :

Pays Taux de fécondité
Russie 1,61
Suisse  1,5622
Hongrie 1,45
Japon 1,42
Corée du Sud 1,27
Hong Kong 1,2
Singapour 0,84

Pour le dire autrement, si le taux de fécondité français n’était pas largement dopé par l’apport de naissances d’enfants issus de migrants (deuxième ou troisième génération), il se situerait au mieux quelque part entre celui du Japon et celui de la Russie, soit aux environs de 1,5.

Remarque : lorsqu’on parle de taux de fécondité, on parle du nombre d’enfants qu’un couple aura au cours de la période durant laquelle il est susceptible de se reproduire.  Pour maintenir une population à son niveau, il faudrait donc un taux de 2, et même un peu plus si l’on tient compte des individus qui n’auront pas l’occasion de se reproduire (décès prématuré, stérilité…).  Il faut donc considérer que tout taux en dessous de 2 signifie une population en phase de déclin plus ou moins rapide.

Quand les arguments semés au vent vous reviennent dans la gueule tel un boomerang

L’argument du Monde (et d’autres, dans la foulée) est le suivant : si le taux de fécondité des immigrants est nettement supérieur à celui des Français (et accessoirement supérieur à 2), cela ne concerne qu’une toute petite partie de la population et donc cela n’a d’impact qu’à proportion de cette population d’immigrés au regard du total.   Subtil, eh ?

Oui mais voilà, on peut retourner l’argument comme une crêpe à la chandeleur, parce que pour la même raison, le taux de fécondité des Français (qu’on pourrait renommer pour l’occasion en taux d’infécondité) s’applique, lui, à l’immense masse de la population, et la fera décliner d’autant plus vite.  Ouch !

Comment calculer ?

Eh bien il ne faut pas être docteur en physique nucléaire, ce problème a été étudié depuis les années 1200, notamment par le célèbre mathématicien Leonardo Fibonacci (1175 – 1250).  C’est en observant une population de lapins se reproduisant dans un élevage qu’il avait déterminé la fameuse suite qui porte son nom. 

Du point de vue strictement mathématique, on peut l’exprimer selon la même formule que celle des intérêts composés : je place 100 EUR à la banque à taux fixe de 3% sur 10 ans, de quelle somme disposerai-je à l’échéance ?

Années Intérêts Cumul
1 3,00 103,00
2 3,09 106,09
3 3,18 109,27
4 3,28 112,55
5 3,38 115,93
6 3,48 119,41
7 3,58 122,99
8 3,69 126,68
9 3,80 130,48
10 3,91 134,39

Vous pouvez calculer ceci via excel, ou plus simplement selon la formule sfinale=sinitiale*(1+taux)n

Ce qui dans l’exemple précédent donnerait : Sf=100*(1+0,03)10 = 134,39

Et de même, dans le monde des lapins comme dans le monde bancaire d’aujourd’hui qui décidément marche sur la tête en attendant de tomber, si le taux est négatif on écrira sfinale=sinitiale*(1-taux)n.

Aussi, nous devons convertir le taux de natalité en pourcents.  En effet, celui-ci est vu (naturellement) comme la fécondité d’un couple (deux personnes), ce que nous devons réduire à une seule entité, nous le diviserons donc par deux.  Du coup, un taux de 1 signifiera une population stable.

D’autre part, pour avoir du grain à moudre, il convient d’avoir des données de base (population) ce que la « unétude® » évite soigneusement de nous donner.  Par souci d’honnêteté, il conviendra également de se souvenir que plus une population d’origine immigrée est intégrée, plus ses comportements auront tendance, statistiquement, à se rapprocher de ceux des primo-habitants, avec possiblement un léger impact à la baisse du taux de fécondité des descendants d’immigrants de deuxième et troisième génération.  Ne pouvant évaluer cet impact, ce paramètre sera ignoré.

À la grosse louche, alors ?

À défaut d’une petite cuiller en or, la grosse louche reste la seule manière pour nous de goûter la soupe.  Ces chiffres pourraient aisément être affinés si les « zotorités » arrêtaient de faire comme si l’analyse démographique par pays d’origine ou ascendance était, en soi, un crime raciste.

Dans mes stats, le gens se reproduisent, puis ils meurent un peu comme les araignées mâles après l’accouplement.  Oui je sais, en pratique, ça ne se passe pas exactement comme ça, mais le reste regarde peu la démographie, et nettement plus l’histoire.  Et à la fin, le résultat est le même, à deux vaches près.

Les données dont je me servirai sont issues de la page Wikipedia détaillant l’immigration en France.

Selon la définition de l’Insee (« personne née étrangère à l’étranger et résidant en France »), en 2015 les immigrés sont au nombre de 6,1 millions soit 9,2 % de la population totale (66,2 millions). Les descendants directs d’immigrés (personnes nées en France et ayant au moins un parent immigré) sont eux estimés à 7,3 millions, soit 11 % de la population dont la moitié sont issus d’un couple « mixte ». Au total, immigrés et descendants directs d’au moins un immigré sont au nombre de 13,4 millions, soit 20,2 % de la population en 2015.

Le chiffre de 20,2% me semble relativement conservateur, sachant qu’il ne tient compte que des descendants directs d’immigrés, le chiffre réel étant probablement plus élevé, surtout lorsque l’on connaît la prévalence du nombre d’immigrés parmi les dernières générations.

En 2011, 30,2 % des jeunes de moins de 18 ans en métropole ont un ascendant immigré sur trois générations, dont 19,3 % d’immigration extra-européenne.  En 2017, 31 % des nouveau-nés en métropole ont au moins un parent né à l’étranger, dont 27,1 % au moins un parent né hors de l’Union européenne.

Données de base

Population 66.993.000 Population totale
Tx_Imm 20,02% Proportion issue de l’immigration
TF_Fr 90% Taux de fécondité population Française
TF_Imm 130% Taux de fécondité population issue de l’immigration

Calcul sur 5 générations

Gen Pop_Fr Pop_Im Delta_Fr Delta_Im
0 53.581.001 13.411.999 0 0
1 48.222.901 17.435.598 -5.358.100 4.023.600
2 43.400.611 22.666.278 -4.822.290 5.230.679
3 39.060.550 29.466.161 -4.340.061 6.799.883
4 35.154.495 38.306.009 -3.906.055 8.839.848
5 31.639.046 49.797.812 -3.515.450 11.491.803

Représentation graphique de ce calcul

On voit clairement que la population française déclinante sera placée en minorité en France quelque part entre la quatrième et la cinquième génération.  Faut-il préciser qu’étant donné l’échec plus ou moins patent de la politique d’intégration, les problèmes arriveront bien avant ?

Le mot de la fin

Avant que vous vous mettiez à hurler au racisme, je tiens à mettre les choses au point tout de suite : depuis la nuit des temps les civilisations sont apparues, puis ont disparu, soit à la suite de quelque événement brutal (invasion, cataclysme) soit parce qu’elles avaient atteint le sommet de leur expansion (et de la décadence), et qu’il s’ensuit alors un long déclin pour aboutir à la dilution complète (ex. Rome).  Ainsi je ne suis pas nostalgique des dinosaures, pas plus que de l’homme de Néandertal ou de l’époque romaine.  On le voit, le problème n’est pas tant la croissance démographique des populations issues de l’immigration que notre propre déclin.

Or ce n’est pas exactement un problème franco-français, mais on observe ceci dans tous les pays fortement industrialisés.  Pourquoi ?

Je crois sincèrement que les causes sont à chercher dans la nature humaine, vous savez, le seul facteur auquel la société de consommation n’accorde plus la moindre importance aujourd’hui ?  Le profit est au centre de toutes les préoccupations et l’humain est ravalé au rang de semi-esclave juste bon à produire (quand il a encore cette chance), et à consommer.  Cette société est hautement anxiogène, et le mal-être qu’elle induit influence très logiquement le taux de fécondité à la baisse. 

Pour que les jeunes couples aient des enfants, il faudrait déjà avoir une politique familiale digne de ce nom.  Et qui aujourd’hui, dans un contexte d’insécurité financière généralisé, irait encore songer à construire un projet familial ?  On n’a que les enfants que l’on sait pouvoir nourrir, sauf à être complètement irresponsable.

Sachant cela, la question de savoir si la France devrait (ou non) accepter tant et plus d’immigrés sur son territoire me semble être une question qui devrait être directement posée aux Français3 (et aux autres Européens, d’ailleurs).  Ce n’est pas aux élites mondialisées en mal de main-d’oeuvre sous-payée d’en décider : eux ne font que passer à la caisse, les conséquences fâcheuses étant laissées aux seuls citoyens.

  1. Social-traîtres à la solde du capital mondialisé serait plus exact.
  2. La suisse connaît une forte immigration, mais cette tendance ne date que d’une dizaine d’années : avant cela le pays avait l’une des législations les plus dures en la matière.
  3. Sur base référendaire, les élites siégeant au sein des différents parlements étant notoirement favorables au néo-capitalisme mondialisé.
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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles