Qui veut la peau de Tariq Ramadan ?
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Incarcéré depuis 38 jours, suite à des accusations de viol, l’intellectuel musulman a été hospitalisé jeudi dernier dans une unité surveillée de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, selon son avocat, Me Emmanuel Marsigny.
Tout d’abord, et pour couper court aux commentaires hargneux que ne manquera pas de susciter cet article, je précise d’emblée mon opinion au sujet de Tarik Ramadan. Pour moi, c’est un intégriste musulman, qui, comme tous les intégristes religieux d’ailleurs, se trouve aux antipodes des idées que je défends, parce que d’une manière générale, la religion — surtout quand elle quitte la sphère privée pour le domaine de la gouvernance — n’est pas compatible avec l’expression de la démocratie. À ma connaissance, il n’existe pas de démocratie où la loi islamique est appliquée : c’est juste un fait. Par ailleurs, le discours de l’intéressé recouvre également le champ politique, et là encore, je ne puis pas être plus en désaccord avec ses idées.
Cela étant dit, nous vivons — en tout cas sur le papier — en démocratie; et dans un régime démocratique, chacun a le droit d’exprimer ses idées, fussent-elles rétrogrades. Il ne viendrait à personne l’idée d’embastiller un cardinal sous prétexte qu’il professerait, par exemple au sujet de la contraception ou de l’avortement, des idées d’un autre âge ? Cela fait partie du respect de la liberté d’opinion, et de la liberté d’expression, qui sont deux des pierres angulaires de nos démocraties occidentales, et un marqueur certain, lorsque ces libertés sont attaquées, d’un glissement sournois vers le totalitarisme, fût-il pavé de bonnes intentions.
Et si je rappelle l’importance de ces libertés fondamentales, c’est que le caractère controversé des idées défendues par Tariq Ramadan pourraient bien avoir joué un rôle dans le traitement inouï qui a été le sien. Voilà un homme accusé de viols, dont le plus récent remonterait à 5 ans, sur base de simples témoignages des plaignantes, qui s’est présenté volontairement devant ses juges pour apporter sa version des faits, et qui se voit jeté en prison dans des conditions de détention généralement réservées aux terroristes ou aux caïds du grand banditisme. Interdiction de visite, même pour son épouse ou ses enfants, contacts limités avec son avocat, s’ajoutant à des pathologies chroniques difficilement compatible avec une détention en milieu carcéral.
Détention provisoire
La détention provisoire peut être ordonnée uniquement si un contrôle judiciaire ou un le port d’un bracelet électronique est insuffisant pour :
- conserver les preuves ou les indices matériels,
- empêcher une pression sur les témoins ou les victimes ou leur famille,
- empêcher une concertation frauduleuse entre la personne mise en examen et ses coauteurs ou complices, pour les empêcher d’inventer un alibi par exemple,
- garantir le maintien de la personne mise en examen à la disposition de la justice,
- mettre fin à l’infraction ou prévenir son renouvellement,
- mettre fin au trouble exceptionnel et persistant à l’ordre public généré par l’affaire. Ce trouble ne peut résulter du seul retentissement médiatique de l’affaire. Ce motif est applicable uniquement pour un crime. Source : Service-Public.fr
En l’espèce, le juge des libertés et de la détention (JLD) aura motivé sa décision sur les points 2 et 4, soit empêcher toute pression sur les victimes et leur famille, et empêcher Tariq Ramadan de se soustraire à la justice française. Il convient de noter que rien dans le comportement de l’accusé n’indique qu’il ait jamais songé à se soustraire à ses juges, et que rien ne vient étayer l’intention que lui prête le juge des libertés de tenter de faire pression sur les « victimes ». Et si je mets des guillemets à « victimes » c’est qu’en l’état, il n’y a ni crime ni délit, seulement des plaintes, et ce sera au juge du fond de faire surgir la vérité judiciaire au cours du procès, si procès il y a.
La question que je me pose ici, c’est de savoir s’il s’agit là d’une procédure judiciaire normale dans ce genre d’affaire — s’agissant du placement en détention provisoire — ou s’il s’agit de dispositions extraordinaires pour un accusé extraordinaire ? Est-ce que son statut de personnalité, et l’influence que peuvent avoir ses écrits et ses déclarations dans la communauté musulmane de France pourraient avoir pesé sur la décision ? Et en pareil cas, est-ce légitime ? Tout justiciable a droit à un traitement équitable et est réputé innocent tant qu’il n’est pas apporté la preuve du contraire, ou qu’à l’issue du procès, il soit condamné sur base de l’intime conviction de culpabilité des magistrats, ou du jury populaire.
Présomption d’innocence
Définition Source : Vie-Publique.fr
Dans sa définition commune, la présomption d’innocence signifie qu’un individu, même suspecté de la commission d’une infraction, ne peut être considéré comme coupable avant d’en avoir été jugé tel par un tribunal.
Juridiquement, la présomption d’innocence est un principe fondamental qui fait reposer sur l’accusation (c’est-à-dire le procureur de la République) la charge de rapporter la preuve de la culpabilité d’un prévenu.
Le principe de la présomption d’innocence est garanti par de multiples textes : il apparaît notamment dans la Déclaration de droits de l’homme de 1789, dans la Convention européenne des droits de l’homme, et, depuis une loi de 2000, il est placé en tête du code de procédure pénale. […]
Qu’en est-il dans les faits ? Il me semble que tant la presse écrite que les médias, dans un parfait ensemble, s’emploient à présenter l’accusé comme coupable, à l’exact opposé du point de vue qu’ils avaient défendu dans l’affaire DSK, dans l’affaire Polanski, ou plus récemment, la plainte pour viol déposée contre Gérald Darmanin, une affaire rapidement versée aux oubliettes médiatiques. Ce deux poids, deux mesures est flagrant lorsqu’on prend la peine de recenser les articles parus, et de les comparer à ce qui a été publié dans le cadre de l’affaire Ramadan.
Affaire Ramadan
Date | Journal | Titre/Chapo |
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28/10/2017 | Le Monde | Plainte contre Tariq Ramadan : l’antisémitisme se déchaîne envers Henda Ayari/ Depuis qu’elle a accusé l’islamologue de viol, l’ancienne salafiste est la cible d’injures et de théories du complot sur Internet. |
30/10/2017 | Le Parisien | Tariq Ramadan accusé de viol : « Il m’a étranglée si fort que j’ai pensé que j’allais mourir » / Henda Ayari est la première femme à avoir porté plainte contre Tariq Ramadan. Elle accepte aujourd’hui de nous expliquer ce qui l’y a poussée |
30/10/2017 | Le Monde | Le trouble du monde associatif et religieux musulman face à l’affaire Tariq Ramadan / Après les deux plaintes pour viol déposées contre l’islamologue, les institutions, les associations et les personnalités de la communauté restent silencieuses. |
2/02/2018 | HuffPost | Une des femmes qui accuse Tariq Ramadan de viol raconte comment elle est tombée sous son joug / Elle décrit une longue descente aux enfers. |
2/02/2018 | RT France | Coups, viol, urine : Tariq Ramadan confronté au témoignage effrayant d’une victime présumée |
2/02/2018 | LCI | Tariq Ramadan accusé de viol : Christelle raconte son « effroi » face à « ses yeux de fou » / TÉMOIGNAGE – Christelle a porté plainte contre Tariq Ramadan. Coups au visage et au corps, sodomie forcée, humiliations diverses… elle revient, dans Vanity Fair, sur le viol dont elle dit avoir été victime et sur les circonstances qui l’ont conduite à faire aveuglément confiance à celui qu’elle accuse. |
24/02/2018 | L’Obs | Accusations de viol : Tariq Ramadan trahi par ses horaires d’avion ? / Le 9 octobre 2009, l’islamologue serait arrivé à Lyon plus tôt qu’il ne le prétend : des documents publiés vendredi compromettent sa défense. |
7/03/2018 | L’Express | Une troisième plainte pour « viols » contre Tariq Ramadan / [EXCLUSIF] Une femme accuse Tariq Ramadan de lui avoir imposé des rapports sexuels d’une extrême violence entre 2013 et 2014. L’Express a pu consulter sa plainte. |
8/03/2018 | France Inter | Un portrait glaçant de Tariq Ramadan, accusé de viols par trois femmes / La troisième plainte pour viol visant l’islamologue suisse Tariq Ramadan déposée cette semaine décrit elle aussi un homme d’une violence inouïe. |
8/03/2018 | Libération | Tariq Ramadan également visé par une plainte aux Etats-Unis / Une plainte aurait été déposée en février pour des faits qui auraient été commis à Washington en août 2013. |
10/03/2018 | Le Matin | Tariq Ramadan: une semaine cauchemardesque / Deux nouvelles plaintes mais aussi un soutien qui s’effrite ou une défense qu’on n’entend plus: Tariq Ramadan vient probablement de passer sa pire semaine depuis le début de l’affaire. |
Observations
L’accent est presque systématiquement mis sur l’évocation de détails sordides, se basant sur les témoignages des plaignantes, quand ce n’est pas pour poser là, l’air de rien « un soutien qui s’effrite ou une défense qu’on n’entend plus » ou « Le trouble du monde associatif et religieux musulman face à l’affaire Tariq Ramadan », visant à instiller l’idée que la cause est indéfendable… parce que Tariq Ramadan est (forcément) coupable. En faisant totalement l’impasse sur ce qui constitue pourtant le fondement de l’affaire : est-ce que Tariq Ramadan a entretenu des relations sexuelles avec ces femmes, et en pareil cas, était-ce des relations mutuellement consenties ? La bonne blague qui consiste à dire qu’on « entend plus la défense » quand celle-ci est embastillée (au secret), d’une part, et que d’autre part on ouvre un boulevard médiatique aux plaignantes pour venir y déverser du fumier par brouettes entières est un procédé légèrement abject.
Double effet kisscool
Parce que vous l’aurez compris, cette affaire est un double piège dont l’intéressé ne sortira pas indemne, et même s’il est reconnu innocent des faits dont on l’accuse, il suffira qu’il ait effectivement entretenu des relations sexuelles hors mariage avec ces femmes pour détruire à tout jamais sa crédibilité en tant que théologien de l’Islam. Pire, il pourrait s’enferrer à nier en bloc jusqu’à l’existence de ces relations extra-conjugales quitte à forger dans l’esprit des magistrats une conviction de culpabilité, en raison des contradictions flagrantes qui ne manqueraient pas de surgir.
La charge de la preuve
Les fausses accusations de viol sont aussi vieilles que le viol lui-même, et les magistrats le savent bien, qui doivent démêler le vrai du faux en recoupant les témoignages, et en confrontant les plaignantes à l’accusé. Parce qu’on ne parle pas ici du cas « simple » d’une femme qui aurait été agressée et violentée, et qui serait immédiatement allée porter plainte à la police, mais de faits remontant à plusieurs années, dont il est impossible a priori de dire s’il s’agissait de viol ou de relations sexuelles librement consenties entre adultes. Après cinq ans ou plus, vous n’aurez probablement plus de témoins directs, plus d’images de vidéo-surveillance, plus d’historiques des bornes GSM, etc. Ce sera la parole de l’une contre la parole de l’autre, voire la parole de plusieurs contre l’accusé, mais cela restera un témoignage, sans autre preuve.
Présomption d’innocence… ou pas
Par curiosité, et parce que cela constitue une sorte de métrique objective, j’ai recensé, au travers d’une recherche Google, toutes les fois où la présomption d’innocence de l’intéressé était mentionnée dans des articles de la presse dominante : sans surprise, je n’en ai trouvé aucun, sur base des termes : ramadan+viol+« présomption ». Au contraire, je suis tombé sur cet article légèrement surréaliste du journal Le Monde : Affaire Tariq Ramadan : « Nous choisissons d’inverser la charge de la preuve et de croire la parole des femmes » qui résume à lui tout seul le climat de lynchage médiatique autour de cette affaire. Et ne vous y trompez pas, les médias ne relaient pas l’opinion publique quand ils prennent pareille position, ils deviennent eux-mêmes des faiseurs d’opinion. Ils jettent à la vindicte populaire un homme qui n’a été reconnu coupable de rien, qui n’a même pas été jugé, et qui n’est pas en état de présenter une défense correcte.
Comparaison n’est pas raison, mais…
Roman Polanski n’aura passé que 42 jours en détention à la prison de Chino, ayant reconnu une « relation sexuelle illicite avec un mineur », en l’occurrence, pour avoir drogué, puis violé (sodomisé) la petite Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans, après une scéance photo.
Le juge étant revenu sur sa décision de le libérer, Polanski s’enfuit en Europe. Malgré un mandat d’arrêt international lancé contre lui, il ne sera jamais inquiété… jusqu’en 2009, quand les autorités suisses l’arrêtent alors qu’il se rendait à une rétrospective donnée en son honneur. Les États-Unis demandent son extradition, laquelle sera refusée par la Suisse quelques mois plus tard. Source : L’Obs
« Roman Polanski est soutenu par la crème de la société mondaine et une partie des médias libéraux » Zbigniew Ziobro , ministre polonais de la Justice / Source : Figaro
Dans l’affaire Polanski, difficile d’évoquer la présomption d’innocence, attendu que l’intéressé avait choisi de plaider coupable pour ces faits, espérant ainsi échapper à une condamnation pour viol. Mais il s’en trouve beaucoup pour lui trouver les excuses les plus improbables ou les plus convenues :
- Les faits sont prescrits (factuellement faux, la prescription ne court plus à partir du moment où l’accusé a fui le pays pour échapper à une condamnation).
- On a fait passer Samantha Geimer pour une salope, littéralement, qui serait « responsable » de ce qui lui est arrivé
- On a évoqué l’assassinat de l’épouse du réalisateur, Sharon Tate par des membres de la secte de Charles Manson, ce qui l’aurait plongé dans une profonde dépression, l’alcool, etc.
- On a même évoqué son enfance difficile, dans le ghetto de Cracovie, ses parents et sa soeur déportés dans les camps ou sa mère mourra.
Date | Journal | Titre/Chapo |
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9/09/2009 | Elle | Nadine Trintignant : pourquoi elle a signé la pétition pour Roman Polanski |
27/09/2009 | Le Point | Frédéric Mitterrand : Polanski est « jeté en pâture pour une histoire qui n’a pas de sens » |
28/09/2009 | Paris Match | Affaire Polanski : L’indignation du monde du cinéma / Depuis son arrestation, samedi soir, à son arrivée à l’aéroport de Zürich, les artistes et amis de Roman Polanski se sont mobilisés afin d’apporter leur soutien au cinéaste. |
7/10/2009 | BHL | Pourquoi je défends Polanski (Le Point, le 15 octobre 2009) |
26/11/2009 | PurePeople | Mathilde Seigner concernant Roman Polanski : « Ma soeur est très émue car elle n’y croyait plus. » Le ministère a dit OUI ! (réactualisé) |
22/01/2010 | L’Express | Roman Polanski, « un mari et un père merveilleux » |
2/05/2010 | LaRègleDuJeu | Je ne peux plus me taire ! / Roman Polanski brise le silence par ce texte confié à Bernard-Henri Lévy, directeur de La Règle du jeu. |
6/05/2010 | Le Monde | La prison de Roman Polanski, par Milan Kundera / Roman Polanski ? Milan Kundera ne l’a jamais rencontré. Mais au nom de la culture européenne, l’écrivain franco-tchèque « refuse d’être aveugle face à l’absurdité de la situation ». / |
17/05/2010 | L’Obs | Kouchner exprime sa « peine » pour Roman Polanski / Alors qu’un nouveau rebondissement relance l’affaire Polanski, le ministre des Affaires étrangères espère que la justice se prononcera afin que le cinéaste « soit enfin soulagé de ce fardeau ». |
20/05/2010 | Paris Match | Qui veut la peau de Roman Polanski? |
27/05/2010 | Le Point | Pourquoi il faut défendre, plus que jamais, Roman Polanski. |
28/06/2010 | RTS | Jack Lang prend la défense de Roman Polanski / Jack Lang se montre très sensible au sort du réalisateur Roman Polanski, assigné à résidence à Gstaad. L’ancien ministre français de la Culture s’oppose farouchement à une éventuelle extradition vers les Etats-Unis. |
29/09/2011 | Figaro | Viol : les excuses face caméra de Roman Polanski / Trente-quatre ans après le viol de Samatha Geimer, 13 ans à l’époque, le réalisateur s’est confié dans un documentaire présenté au festival du film de Zurich. |
17/03/2017 | 20 Minutes | Affaire Roman Polanski: Catherine Deneuve défend le réalisateur et provoque un tollé / « J’ai toujours trouvé que le mot de « viol » avait été excessif », a déclaré la comédienne sur le plateau de « Quotidien » de Yann Barthès… |
9/06/2017 | Voici | Roman Polanski : sa victime devant la justice américaine pour demander la clôture de l’affaire de viol |
Les mots parlent d’eux-mêmes, me semble-t-il. C’est tout le gratin du show-biz et autres intellectuels ou personnalités qui ont pris la défense de l’intéressé, quand les journaux ne lui offraient pas carrément une tribune, ainsi qu’à son épouse, pour nous dire comment c’est un bon père, et comment c’est un bon époux. On parle pourtant bien d’un délinquant sexuel qui a sodomisé une très jeune fille après l’avoir droguée, non ? On parle d’un pervers sexuel qui plutôt que d’avoir a affronter ses juges s’est soustrait à la justice de son pays ?
L’affaire DSK
Date | Journal | Titre/Chapo |
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15/05/2011 | Europe1 | Royal : « DSK a droit à la présomption d’innocence » (E1) |
15/05/2011 | Figaro | DSK: « présomption d’innocence » (Baroin) |
16/05/2011 | RMC/BFMTV | DSK inculpé: et la présomption d’innocence ? |
NC | RTL via Youtube | Manuel Valls: « J’avais les larmes aux yeux » en voyant DSK menotté |
22/05/2011 | Europe1 | Guéant : DSK doit bénéficier de la présomption d’innocence |
6/07/2011 | RTL | Manuel Valls sur l’affaire DSK : « Je n’ai plus envie de commenter ce torrent de merde » |
13/07/2011 | Le Monde | L’affaire DSK signe-t-elle la mort de la présomption d’innocence ? / En démocratie, l’innocence seule se présume, tout le reste se prouve. |
27/11/2011 | L’Obs | Sofitel de New York : DSK a-t-il été victime d’un complot ? |
3/03/2012 | Le Monde | Affaire DSK, la parole à la défense / Dirigé par Michel Taubmann, le biographe de Dominique Strauss-Kahn, « Building » est un nouveau bimestriel qui annonce vouloir « construire librement sa pensée ». |
28/04/2012 | Le Parisien | Affaire du Sofitel : DSK croit au complot politique |
Dans le cas du scandale du Sofitel, et du viol de Nafissatou Diallo, paradoxalement, on ne parlait que de présomption d’innocence, alors qu’il avait plus ou moins été pris en flagrant délit. Et là encore, une bonne partie du gratin parisien soutenait l’intéressé, présenté presque comme si c’était lui la victime. N’avait-on pas entendu alors des déclarations absolument hallucinantes, telle celle de Jean-François Kahn, qui avait évoqué l’affaire comme étant un « banal troussage de bonne » ?
Conclusion
Je ne crois pas m’avancer beaucoup en disant que le traitement infligé à Tariq Ramadan n’a rien de commun avec celui d’un Dsk ou d’un Polanski, alors même que leurs dossiers étaient nettement moins défendables. On ne peut qu’espérer que la justice suivra sereinement son cours et qu’elle rétablira la vérité judiciaire en toute indépendance, loin de cette ambiance médiatique digne d’une corrida. Néanmoins, je reste convaincu que ce deux poids, deux mesures n’est pas de nature, loin s’en faut, à renforcer chez les musulmans de France la confiance dans les institutions et les médias.