Défaite du FN aux élections régionales

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C’est une défaite cinglante pour le Front National de Marine Le Pen. À l’issue du second tour qui était organisé hier, le FN ne remporte finalement aucune des régions qu’il convoitait.  C’est aussi une défaite pour les deux autres partis qui ne parviennent plus à susciter l’adhésion.

https://twitter.com/MLP_officiel/mediaOn est loin du raz-de-marée du premier tour qui avait vu le FN caracoler en tête à 29,8% des suffrages.

Le Front bleu Marine se prenait alors à rêver de remporter les régions dans lesquelles il avait fait ses plus beaux scores :

  • Paca
  • Nord-Pas-de-Calais – Picardie
  • Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées
  • Bourgogne-Franche-Comté
  • Normandie
  • Alsace-Champagne-Ardenne – Lorraine.

Que s’est-il passé ?

Tout d’abord, à cette élection comme lors de toutes les élections françaises, et particulièrement lorsqu’on parle du premier tour, il faut savoir que les électeurs ne votent pas « pour » des candidats, mais « contre ».

Contre la majorité en place, et peu importe qu’il s’agisse d’élections régionales, ce qui était visé, c’était clairement le gouvernement socialiste de Manuel Valls mais aussi le Président de la République François Hollande,  et dans une moindre mesure, les Républicains de Nicolas Sarkozy.

Il ne faut pas se voiler la face, 30% de votes au Front National, c’est un cruel désavoeu de l’ensemble de la classe politique, et c’est bien la leçon qu’il leur faudra retenir.

Cette fois encore, en jouant sur la peur, en diabolisant le vote FN (puis en appelant les électeurs à faire barrage au FN en reportant leur vote sur le candidat des républicains), la majorité a réussi à éviter le pire. 

Elle a même plutôt bien réussi à limiter la casse, lorsque l’on sait que les régionales sont d’ordinaire très défavorables à la majorité.  Le PS se maintient dans 5 régions métropolitaines (mais perd l’Ile-de-France), les républicains en ont désormais 7, et la corse passe sous la bannière des régionalistes.

Le FN imputera évidemment la responsabilité de sa défaite à l’UMPS.  Les intéressés s’en défendront, évidemment.   Alors barrage ou Alliance sacrée ?  Le fait est que deux partis se sont arrangés pour évincer le troisième au second tour.  You name it.

Et maintenant ?

La tentation sera grande pour la classe politique française de revenir rapidement en mode business as usual, mais que l’on ne s’y trompe pas.  Les français en ont assez d’aller voter en se faisant tordre le bras, en ayant pour seule alternative la peste ou le choléra.

Ils aspirent avant tout au changement, et à ce que les politiques s’occupent de leurs problèmes, à commencer par l’emploi.  A moins que ce ne soit du chômage ?   Ah c’est vrai que de nos jours on créerait plus facilement un ministère du chômage que de l’emploi.  Ou alors on pourrait trouver un intitulé plus sexy, comme Ministère de l’employabilité

Les présidentielles de 2017

Le véritable danger viendra des élections présidentielles qui se tiendront 2017.  L’actuel Président François Hollande, au plus bas dans les sondages fait face à une impopularité jamais atteinte par un président de la cinquième république.  Il sait qu’il n’a absolument aucune chance, quel que soit le candidat des Républicains qui lui sera opposé.

Il pourrait être tenté de jouer la politique du pire, en faisant tout ce qu’il peut pour se retrouver non pas face au candidat des républicains, mais bien face à Marine Le Pen.  Cela ne vous rappelle rien ?  L’élection présidentielle de 2002, qui avait mis face à face le président sortant, Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, qui avait alors obtenu 17% au premier tour.  Avec pour résultat que l’élection avait été littéralement volée, Jospin éjecté, et Chirac réélu avec 87% des voix.   Un plébiscite… légèrement forcé.

Sauf qu’à jouer à ce petit jeu, il se pourrait bien que les électeurs en aient vraiment marre, et concrétisent au second tour ce qu’ils auraient exprimé au premier.

Oh, pas de danger, direz-vous :

le FN n’est pas un parti comme les autres, il a toujours un lourd handicap en terme de confiance quant à sa capacité à gouverner.

Tant que ça passe…

 

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles