Élections en Belgique – on se croirait au Congo

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Ce dimanche 26 mai étaient organisées en Belgique trois élections : européennes, fédérales et régionales. En 2018 j’avais décidé de ne plus mettre un pied dans le marigot pseudo démocratique des élections locales, sans d’ailleurs que cela m’ait seulement occasionné un simple rappel à l’ordre ou une amende, puisque le vote est obligatoire en Belgique. À cet égard, et pour bien comprendre que la Belgique est bien le pays du Surréalisme, je vous laisse deviner la peine prévue pour tout contrevenant qui n’irait pas voter lors de quatre scrutins sur une période de 15 ans ? Il sera rayé des registres électoraux pour dix ans… Ne cherchez pas à comprendre, c’est belge.

Et si la Belgique est le haut-lieu du surréalisme, Lessines, où j’habite, est également la ville de naissance de René Magritte himself. Du coup, vous comprendrez qu’à Lessines, le surréalisme est roi, la logique n’a rien à y faire, et la loi, ben on va dire qu’on s’arrange. Et pis arrêtez d’être tout le temps tâtillon, vous voyez bien que ça dérange personne !

Ceci n’est pas un affichage électoral

Nan, c’est une clôture ou les punks à chien peuvent accrocher leur cador en attendant qu’ils aillent procéder à leur devoir électoral que même le chien y comprend bien que ça doit être un vote socialiss.

Comme tout qui rentre céans d’ailleurs, puisque les panneaux sont omniprésents, à droite et à gauche du passage laissé entre les grilles…

Vue de l’intérieur du site, à partir de la file du bureau de vote n°2, en regardant vers la gauche de l’entrée.
Toujours dans la file du bureau de vote n°2, cette fois regardant à droite de l’entrée.
Vue de l’extérieur, respectivement gauche puis droite.

 

Sans même tenir compte du fait que les abords d’un bureau de vote doivent impérativement rester une zone neutre et n’être le lieu d’aucune propagande électorale le jour des élections, le Code de la démocratie locale et de la décentralisation stipule que : 

(Art. L4130-2. §1er. Il est interdit d’apposer des inscriptions, des affiches, des reproductions picturales et photographiques, des tracts et des papillons à usage électoral sur la voie publique et sur les arbres, plantations, panneaux, pignons, façades, murs, clôtures, supports, poteaux, bornes, ouvrages d’art, monuments et autres objets qui la bordent ou qui sont situés à proximité immédiate de la voie publique à des endroits autres que ceux déterminés pour les affichages par les autorités communales ou autorisés, au préalable et par écrit, par le propriétaire ou par celui qui en a la jouissance, pour autant que le propriétaire ait également marqué son accord préalable et écrit.

À cette fin, le conseil communal met à la disposition des listes des emplacements réservés à l’apposition d’affiches électorales et assure une répartition équitable de ces emplacements entre les différentes listes.

§2. Les infractions aux dispositions du paragraphe 1er, alinéa 1er, sont punies d’un emprisonnement de huit jours à un an et d’une amende de 26 à 1.000 euros.

Or le bureau de vote en question est situé dans le domaine public (une école). On voit bien qu’on est dans la plus complète illégalité… et tout le monde s’en fout.

Outré, j’ai été interroger à ce sujet l’un des trois inspecteurs de la police communale qui surveillaient le site. Il m’a répondu que « c’était tout le temps comme ça », qu’il « ne savait pas si c’était illégal ou pas », mais que selon lui, « l’affichage devrait concerner tous les partis ou aucun ». On appréciera le sens de l’équité du monsieur, à défaut de cervelle… Parce que si la célèbre formule « nul n’est censé ignorer la loi » est difficilement applicable au justiciable lambda, on oserait espérer que les policiers chargés du maintien de l’ordre sur le site de plusieurs bureaux de vote sauraient, eux, ce qui est légal et ce qui ne l’est pas.

J’ajoute que les barrières Heras, sur lesquelles sont accrochées les panneaux sont plus que probablement propriété de la commune elle-même.  Pfiouuuuu !

Comment voulez-vous espérer donner confiance dans un processus électoral dans ces conditions ?  On se croirait dans une république bananière ou au Congo !

 

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles