Etienne Chouard répond aux questions des internautes

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Nicolas Clément pour Le-Message.org avec le Cercle des Volontaires, a pu interviewer Etienne Chouard et lui poser des questions que les internautes avaient préparées à son intention.

On y parle d’Assemblée Constituante et de Tirage au Sort, bien sûr, mais également d’éducation alternative (Montessori, Summerhill School), de création monétaire publique et privée, de l’abstention, des élections présidentielles et des programmes de deux candidats en particulier : Jean-Luc Mélenchon et François Asselineau…

Sont également abordés le rôle de la Police et de l’Armée, les médias, le Décodex du Monde… Etienne Chouard termine en nous prodiguant de nombreux conseils de lecture, avec une dédicace toute particulière aux éditions Yves Michel.

Table des matières

0,00,00 : Introduction

0,00,30 : Q1 : J’aimerais savoir, ne le connaissant pas très bien, s’il a l’intention de mener une action pour renverser l’oligarchie en place, étant donné que nos « élus » ne partiront pas d’eux-mêmes. En gros, se sent-il meneur de mouvement ou se contente-t-il d’implanter des idées ?

0,02,43 : Q2 : A quel moment et par quel moyen, il estimera que la masse critique de gens informés est atteinte (pour qu’un changement advienne) ?

0,04,04 : Q3 : Que pense-t-il du système scolaire qui consiste à passer de la hachette au taille crayon la moindre petite branche qui ne voudrait pas pousser droit ?

0,10,48 : Q4 : Est-il libertaire ?

0,16,28 : Q5 : Pense-t-il qu’un tirage au sort des élus est compatible avec des médias de masse dirigés par des monopoles non démocratiques ? Que pense-t-il de la place des lobbys dans les consultations et expertises sur lesquelles les décisionnaires s’appuient ? Que faudrait-il pour lui pour que des décisions démocratiques ne soient pas sous influence ? (Compilées)

0,20,18 : Q6 : Dans la mesure où il faut au moins que des modalités de vote soient fixées pour prendre une décision collective, quels sont – s’il y en a – les principes fondamentaux de la démocratie, ceux qui encadreraient l’écriture des tout premiers articles d’une constitution ?

0,26,26 : Q7 : N’est-il pas préférable de travailler seul sur quelques articles avant de faire un atelier ?

0,36,08 : Q8 : Dans la mesure où il défend une politique de non professionnels, pense-t-il que c’est également une nécessité que la justice, la police soit non professionnelles ?

0,43,25 : Q9 : Le franc CFA est-ce une grosse escroquerie française à l’échelle de l’état ? Aucun de nos gouvernants n’en parle, pourquoi ? Est-ce un sujet tabou ?

1,04,24 : Q10 : Encourages-tu l’abstentionnisme qui s’organise en ce moment ? Et considères-tu que cette démarche sera efficace ou alors qu’elle n’aura aucun impact positif ? Que penses-tu des Bureaux d’Abstention ?

1,11,50 : Q11 : Que pense-t-il de Mélenchon et des idées qu’il lui reprend en partie? Pense-t-il que c’est utile à la cause ou néfaste qu’un personnage comme lui (faisant partie intégrante du système) la reprenne ?

1,19,41 : Q12 : J’ai une seule et unique question qui me paraît très importante à l’approche des présidentielles afin que lui et Jean-Luc Mélenchon puissent débattre ensemble dans une émission télé ou tout autre moyen médiatique.

1,23,11 : Q13 : Êtes-vous pour un retour à la monarchie ?

1,26,15 : Q14 : Que pense-t-il du Décodex ?

1,36,32 : Q15 : Dans l’ordre chronologique idéal, pensez-vous qu’il faille prioritairement changer de constitution puis sortir de l’UE ou l’inverse ?

1,38,32 : Conseils de lectures

1,47,43 : Q16 : Vas-tu écrire un livre ?

1,51,20 : Conclusion

L’équipe

Nicolas ClémentRaphaël "JahRaph" Berland

Livres

  • Georg Friedrich Knapp – Théorie étatique de la monnaie
  • Joseph Tchundjang Pouemi – Monnaie, servitude, liberté : la répression monétaire de l’Afrique
  • Nicolas Agbohou – Le Franc CFA et l’Euro contre Afrique
  • James C. Scott – Zomia ou l’art de ne pas être gouverné
  • Michelle Zancarini-Fournel – Les luttes et les rêves
  • Denis Dupré – Camp planétaire
  • Joseph E. Stiglitz – L’euro, Comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe
  • Joseph Mornet – Psychothérapie institutionnelle

Citations

 » Apprenez donc que, hors ce qui concerne la discipline militaire, c’est-à-dire, le maniement et la tenue des armes, les exercices et les évolutions, la marche contre les ennemis des lois et de l’État, les soldats de la patrie ne doivent aucune obéissance à leurs chefs ; que loin de leur être soumis, ils en sont les arbitres ; que leur devoir de citoyen les oblige d’examiner les ordres qu’ils en reçoivent, d’en peser les conséquences, d’en prévenir les suites. Ainsi lorsque ces ordres sont suspects, ils doivent rester dans l’inaction ; lorsque ces ordres blessent les droits de l’homme, ils doivent y opposer un refus formel ; lorsque ces ordres mettent en danger la liberté publique, ils doivent en punir les auteurs ; lorsque ces ordres attentent à la patrie, ils doivent tourner leurs armes contre leurs officiers. Tout serment contraire à ces devoirs sacrés, est un sacrilège qui doit rendre odieux celui qui l’exige, et méprisable celui qui le prête.  »

Marat, « L’Ami du Peuple », 8 juillet 1790.

 » Les lois constitutionnelles tracent les règles qu’il faut observer pour être libre ; mais c’est la force publique qui nous rend libres de fait, en assurant l’exécution des lois. La plus inévitable de toutes les lois, la seule qui soit toujours sûre d’être obéie, c’est la loi de la force. L’homme armé est le maître de celui qui ne l’est pas ; un grand corps armé, toujours subsistant au milieu d’un peuple qui ne l’est pas, est nécessairement l’arbitre de sa destinée ; celui qui commande à ce corps, qui le fait mouvoir à son gré, pourra bientôt tout asservir. Plus la discipline sera sévère, plus le principe de l’obéissance passive & de la subordination absolue sera rigoureusement maintenu ; plus le pouvoir de ce chef sera terrible ; car la mesure de sa force sera la force de tout le grand corps dont il est l’âme ; & fut-il vrai qu’il ne voulût pas en abuser actuellement, ou que des circonstances extraordinaires empêchassent qu’il pût le vouloir impunément, il n’en reste pas moins certain que, partout où une semblable puissance existe sans contrepoids, le peuple n’est pas libre ; en dépit de toutes les lois constitutionnelles du monde ; car l’homme libre n’est pas celui qui n’est point actuellement opprimé ; c’est celui qui est garanti de l’oppression par une force constante & suffisante.  »

Robespierre, Discours sur l’organisation des gardes nationales, Publié mi-décembre 1790 / Utilisé devant l’Assemblée Nationale les 27 & 28 avril 1791

« Sitôt que le service public cesse d’être la principale affaire des citoyens, et qu’ils aiment mieux servir de leur bourse que de leur personne, l’État est déjà près de sa ruine. Faut-il marcher au combat ? ils payent des troupes et restent chez eux ; faut-il aller au conseil ? ils nomment des députés et restent chez eux. À force de paresse et d’argent, ils ont enfin des soldats pour asservir la patrie, et des représentants pour la vendre.

C’est le tracas du commerce et des arts, c’est l’avide intérêt du gain, c’est la mollesse et l’amour des commodités, qui changent les services personnels en argent. On cède une partie de son profit pour l’augmenter à son aise. Donnez de l’argent, et bientôt vous aurez des fers. Ce mot de finance est un mot d’esclave, il est inconnu dans la cité. Dans un pays vraiment libre, les citoyens font tout avec leurs bras, et rien avec de l’argent ; loin de payer pour s’exempter de leurs devoirs, ils payeraient pour les remplir eux-mêmes. Je suis bien loin des idées communes ; je crois les corvées moins contraires à la liberté que les taxes.

Mieux l’État est constitué, plus les affaires publiques l’emportent sur les privées, dans l’esprit des citoyens. Il y a même beaucoup moins d’affaires privées, parce que la somme du bonheur commun fournissant une portion plus considérable à celui de chaque individu, il lui en reste moins à chercher dans les soins particuliers. Dans une cité bien conduite, chacun vole aux assemblées ; sous un mauvais gouvernement, nul n’aime à faire un pas pour s’y rendre, parce que nul ne prend intérêt à ce qui s’y fait, qu’on prévoit que la volonté générale n’y dominera pas, et qu’enfin les soins domestiques absorbent tout. Les bonnes lois en font faire de meilleures, les mauvaises en amènent de pires. Sitôt que quelqu’un dit des affaires de l’État: Que m’importe? on doit compter que l’État est perdu.

L’attiédissement de l’amour de la patrie, l’activité de l’intérêt privé, l’immensité des États, les conquêtes, l’abus du gouvernement, ont fait imaginer la voie des députés ou représentants du peuple dans les assemblées de la nation. C’est ce qu’en certain pays on ose appeler le tiers état. Ainsi l’intérêt particulier de deux ordres est mis au premier et second rang ; l’intérêt public n’est qu’au troisième.

La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu’elle peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n’y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. Le peuple Anglais pense être libre, il se trompe fort; il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement : sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite bien qu’il la perde. »

Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762),
Chapitre 3.15 : Des députés ou représentants (extrait)

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