Frappes de la Coalition sur Deir ez Zor

Temps de lecture : 3 minute(s)

Des appareils de la coalition ont frappé des positions de l’armée régulière Syrienne à Deir ez Zor.  L’attaque qui visait un dépôt de munitions a fait au moins quatre morts et une quinzaine de blessés.  Le dépôt aurait été détruit ainsi que deux véhicules blindés.

Après les grandes déclarations qui avaient suivi les attentats du vendredi 13, il semble que la coalition soit revenue en mode business as usual.   Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que celle-ci, au nom de la lutte contre le terrorisme… prenne pour cible non pas l’Etat Islamique, mais l’armée Syrienne, qui précisément lutte contre l’EI.

Le 2 décembre dernier, le parlement britannique votait par 397 voix contre 223 l’extension de la campagne de bombardements (qui se limitait alors à l’Irak) à la Syrie.

Dans son discours, surfant sur la vague d’émotion suscitée par les attentats de Paris, David Cameron mettait en avant que :

Le Royaume-Uni ne peut pas sous-traiter sa sécurité à d’autres pays

Ce vote devait faire oublier l’humiliation d’un précédent vote de la Chambre des Communes en août 2013.  Celle-ci avait alors rejeté sèchement par 285 voix contre 272 la motion gouvernementale.

Il devient de plus en plus difficile de croire que le but est la destruction de l’Etat Islamique, en dépit des belles déclarations des membres de la coalition.

A l’heure où j’écris ces lignes, aucun journal en français n’a repris l’information, qui a pourtant circulé via les agences de presse, notamment Ria Novosti.  C’est quand même étonnant, cette propension de nos médias à passer sous silence ce qui ne cadre pas avec la ligne officielle ?

Pourquoi cette frénésie subite de la part de la coalition ?

On pourrait penser qu’il s’agit d’une conséquence des attentats de Paris, et dans une moindre mesure des attentats terroristes qui ont eu lieu à San Bernardino aux Etats-Unis, puis à Londres.

Mais il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas en bombardant la Syrie qu’on évitera les attentats en Europe et ailleurs.  Il serait peut-être bon de se rappeler que tous ces attentats n’ont pas été menés par des commandos venus de l’étranger, mais par des résidents jouissant pour la plupart de la nationalité.

Et cela, Barrack Obama et David Cameron le savent mieux que quiconque.

Sur le terrain, l’Etat Islamique est en pleine débâcle.  Ils se terrent comme ils peuvent entre deux frappes de l’aviation Russe et perdent du terrain face à l’Armée Syrienne soutenue notamment par des unités combattantes iraniennes.

Dans ce contexte, on comprendrait mal que les Anglais et les Américains déploieraient le ban et l’arrière-ban pour servir la soupe à Vladimir Poutine, et ultimement à Bashar al Assad.

Cette frénésie doit donc avoir un tout autre motif que celui qui nous est si obligeamment servi.

J’aimerais croire que l’occident, dans le sillage de l’Oncle Sam, n’est pas en train de soutenir activement le soi-disant Etat Islamique afin de poursuivre des buts purement néocolonialistes.

Mais j’ai un gros doute.

Parce que s’ils voulaient vraiment frapper l’EI, il devraient commencer par ses sources de financement.  Il est de notoriété publique qu’au moins 25% du financement de ces terroristes provient de l’exploitation du pétrole dans les territoires qu’ils contrôlent.    Il serait très facile d’attaquer les convois (interminables) de camions-citernes qui transitent entre Deir-ez-Zor et la frontière Turque.

Risque d’une nouvelle guerre froide

Si la coalition devait de manière répétée et délibérée s’en prendre à l’armée syrienne, il pourrait bien s’ensuivre quelques frictions avec l’aviation russe.  Surtout après l’incident avec l’aviation Turque qui avait abattu un SU-24 en territoire syrien, faisant deux morts côté Russe (le pilote et un commando de marine, au cours de l’opération de sauvetage).

En effet, du point de vue du droit international, la coalition se trouve en Syrie dans l’illégalité totale, et Bashar al Assad n’a pas manqué de le rappeler à plusieurs reprises.

Alors que les Russes, quand à eux, sont sur place à la demande expresse de la Syrie, notamment pour éliminer Daesh.

D’un point de vue diplomatique et militaire, c’est jouer clairement la carte de la provocation au mépris du droit.

avatar

Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles