Ilhan Omar, les médiamenteurs et la Trumpophobie de bon aloi

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C’est à une étrange partie de billard à trois bandes que se livrent les protagonistes de la campagne présidentielle américaine, à coups de tweets rageux et de conférences de presse dégoulinantes de pleurniche, mais tout aussi vachardes. 

Et bien sûr, la presse française n’est pas en reste s’agissant de défendre la pauvre petite Ilhan Omar qui subit les attaques injustes et racistes du méchant Donald.  Mais étant donné le solide biais de nos élites mondialistes à l’encontre de l’intéressé, je ne crois plus rien de ce que je n’aurais pas moi-même vérifié : souvenez-vous de l’hénaurme nothingburger que s’est révélé être le Russiagate, et je suis sûr qu’il se trouve encore des idiots dans les rédactions européennes pour évoquer l’histoire comme si elle était autre chose qu’un tissu de mensonges. 

Je me limiterai aux deux dernières polémiques en date, au travers des articles écrits dans le NouvelObs, tous les autres étant plus ou moins dans le même ton, c’est-à-dire dans le droit fil de la bienpensance néolibérale.

Donald Trump appelle des élues démocrates progressistes à « retourner » d’où elles viennent [Lien]

Il ne se passe pas une journée sans que Donald Trump provoque des remous sur les réseaux sociaux. Le président des Etats-Unis a appelé dimanche 14 juillet des femmes parlementaires démocrates à « retourner » d’où elles venaient, s’attirant ainsi les foudres de l’opposition et des internautes qui ont qualifié le président américain de «raciste» et de xénophobe.

Oufti, qu’il est méchant, le Donald.  Et raciste, avec ça, hein.   Mais qu’a-t-il écrit (et dit) exactement ?

C’est intéressant de voir que des élues du parlement “progressistes”, originaires de pays dont les gouvernements sont de totales catastrophes ; les pires, les plus corrompus et ineptes au monde (si même ils ont un gouvernement en état de fonctionner) osent maintenant dire haut et fort à la population des Etats-Unis, le plus grand et plus puissant pays sur Terre, comment son gouvernement devrait fonctionner.

Pourquoi ne retournent-elles pas dans ces endroits totalement défaillants et infestés par la criminalité dont elles viennent pour aider à les réparer », a poursuivi le milliardaire républicain, sans donner de nom. « Ces endroits ont vraiment besoin de votre aide, partez au plus vite.

Je ne vois pas qu’il « conseille », « enjoigne », ou « appelle » les intéressées, qu’il ne nomme même pas, à quitter les États-Unis ?  D’ailleurs dans au cours d’une conférence de presse, où il s’en est largement expliqué, il a bien précisé à plusieurs reprises que si ces parlementaires ne se sentent vraiment pas heureuses aux USA, elles sont libres de partir.  Vous saisissez la nuance, et si oui, pourquoi les pisse-copie de service à l’Obs n’en seraient-ils pas capables ?

N’y a-t-il pas là comme un petit air de « La France, on l’aime ou on la quitte », cher à Sarkozy ?  Je n’ai pas souvenance que la presse ou les politiques se soient ostensiblement outrés d’une pareille tirade raciste, à moins qu’il y ait bien là deux poids, deux mesures ?

Les quatre furies qui composent ce qu’on appelle aujourd’hui « the Squad » n’ouvrent leur bec que pour débiner le pays, les blancs, les chrétiens, les juifs, les hommes, et plus particulièrement tout ce qui n’a pas l’heur et le bonheur de coller avec leur idéologie mondialiste, au point de flanquer une frousse bleue jusqu’à la présidente du Parlement, Nancy Pelosi, démocrate et meilleure ennemie de Ze Donald.

À lire la presse française, on pourrait penser que ceci jouera inévitablement contre  Donald Trump et en faveur du camp « progressiste », mais il n’en est rien, et c’est même très exactement le contraire qui se produit : les délires de ces harpies propulsera Donald Trump vers une victoire certaine, et fera probablement exploser le parti démocrate en plein vol.  Adieu veaux, vaches, cochons…

Au reste, il n’y a aucun prétendant sérieux du côté démocrate : on a bien un Bernie Sanders, millionnaire « socialiste » qui a fait de son thème de campagne un salaire minimum de 15 dollars de l’heure… tout en ne payant notoirement ses propres équipes de campagnes qu’à 13 dollars et en leur disant qu’ils peuvent aller voir ailleurs s’ils ne sont pas contents.  Pas très crédible.

Le reste à l’avenant, et en voie d’effondrement complet : ceux qui ne se sont pas encore retirés de la course (les morts qui marchent et ne savent pas encore qu’ils sont morts) voient leurs intentions de vote fondre comme neige au soleil.

« J’ai entendu dire qu’elle est mariée à son frère » : la sortie raciste de Trump sur une élue démocrate musulmane[Lien]

Alors qu’il s’apprêtait la Maison-Blanche pour se rendre à un meeting en Caroline du Nord, Donald Trump a commenté une rumeur visant la démocrate Ilhan Omar, l’une des deux premières femmes musulmanes élues au Congrès.

« « Eh bien, on parle beaucoup du fait qu’elle était mariée à son frère. Je n’en sais rien », a déclaré Trump. « J’ai entendu dire qu’elle est mariée à son frère. Vous me posez une question à ce sujet. Je ne sais pas, mais je suis sûr que quelqu’un va regarder ça », a avancé le président américain qui répondait à la question d’une journaliste de la chaîne pro-Trump Fox News. »

Et l’Obs d’embrayer :

Réfugiée somalienne, Ilhan Omar avait dû faire face à cette rumeur dès 2016, alors qu’elle se présentait dans le Minnesota. Des blogs conservateurs avaient ainsi prétendu que la future élue avait épousé son frère afin de lui permettre d’obtenir la citoyenneté américaine, ce que l’intéressé avait déjà qualifié d’« absurde et offensant », rappelle le « New York Times ».

Pour rappel, sous Obama, Trump a participé à une autre campagne complotiste, celle des « birthers », qui remettaient en cause la légitimité du président, au prétexte qu’il serait prétendument né en dehors des Etats-Unis. Ce qui, là encore, était parfaitement faux : Obama est né à Hawaï d’un père kenyan. Et c’est propulsé par ce mensonge que Trump s’est lancé dans la course à la Maison-Blanche, avec pour slogan « Make America Great Again ».

Nous voilà fixés, ce sont des « blogs conservateurs », l’intéressée elle-même (tout de même bien placée pour le savoir) avait déjà qualifié ces allégations « d’absurdes et offensantes » et même le New York Times l’avait écrit.  On appréciera la mise en parallèle avec la rumeur qui avait couru sur Barrack Obama, ce qui « là encore » était parfaitement faux.   Fermez le ban !

Remarque

Il conviendra de se souvenir qu’on parle bien d’un billard à trois bandes formé par les républicains, les démocrates, et l’AIPAC, qui se trouve être le plus puissant lobby juif mondial, et qui aux États-Unis, s’avère un véritable faiseur de rois, incontournable tant son influence s’étend dans toutes les sphères du pouvoir.  Quoi qu’on en dise, Trump est bien le candidat de l’AIPAC, toute sa politique étrangère en témoigne.  Ilhan Omar, en revanche, est une ennemie jurée d’Israël, principalement parce que c’est une fervente partisane de la politique de Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS).  Qu’elle soit foncièrement antisémite ou pas n’a que peu d’importance, en l’espèce.

Seulement voilà, l’AIPAC est également cul et chemise avec un certain nombre de démocrates, et plus généralement avec l’État profond, dont les rouages sont issus tant du monde de la finance que des big-tech et du conglomérat militaro-industriel.  Ce sont les potes à Clinton & Co, et ils font la pluie et le beau temps à Washigton depuis un demi-siècle quelle que soit l’étiquette politique collée à l’occupant du bureau ovale.

Ainsi, on ne devrait pas exclure d’office une rouerie des services extérieurs israéliens, d’ailleurs le principal auteur des articles incriminant Ilhan Omar est lui-même juif, et un de ses sujets de prédilection est La couverture d’Israël et sa sécurité (coverage of Israel, homeland security).

À l’inverse, ce n’est pas parce que l’enquête aurait été menée par des partisans de Trump qu’elle serait forcément bidon.  Il conviendra d’analyser les éléments contenus dans le dossier et d’en tirer vos propres conclusions, en attendant que la justice s’en saisisse ou qu’il soit établi que le dossier est un faux grossier.

Le dossier

Vous l’aurez remarqué, pour nos médias détenteurs de la Vérité Vraie Révélée aux Sans-Dents, l’affaire est entendue : c’est une attaque raciste et vicieuse de l’extrême droite à l’encontre d’une courageuse élue d’origine immigrée…  Sans qu’il soit besoin de vous présenter aucun élément de preuve, et encore moins les éléments présentés par ceux qui ont mené l’enquête.  Il n’en fallait pas plus pour éveiller ma curiosité.

L’affaire remonte à 2016, et est le résultat d’une enquête menée par trois journalistes américains travaillant pour des petits médias dans la mouvance républicaine :

Pour faire court, les auteurs accusent la représentante au Congrès des États-Unis Ilhan Omar de fraude à l’immigration par le moyen d’un mariage bidon avec son propre frère alors qu’elle était déjà mariée à un autre homme, de fraude fiscale (fausses déclarations), et de parjure.  À noter que ce seul dernier chef d’accusation pourrait valoir de très longues années de vacances à l’intéressée au frais du contribuable, juste avant de se voir révoquer sa nationalité et de se faire renvoyer d’où elle est venue.

Vous trouverez ici le dernier article en date de Scott Johnson reprenant, par le menu, tous les éléments à charge, qui se basent soit sur des documents officiels, soit sur des images/tweets/messages repris directement sur les médias sociaux des intéressés (largement effacés depuis, mais un peu tard, puisque tout aurait été dûment archivé via archive.is, notamment).

Je dois dire que l’ensemble tient rudement bien la route, le (supposé) frère de l’intéressée (donc supposément son mari, aussi) ayant ingénûment reconnu que c’était bien lui sur la photo prise avec Ilhan Omar…   À noter qu’il porte, tout comme sa (supposée) soeur, le patronyme de son père, et qu’il est né précisément à la date reprise sur le certificat de mariage d’Ilhan Omar : le 4 avril 1985.

Image Credit: Powerline Blog

Un petit résumé de l’affaire, sous forme de graphique

Credit : www.powerlineblog.com

À de jour, Ilhan Omar n’a daigné répondre à aucune des questions posées par ces journalistes, et s’est contentée de nier en bloc auprès des journalistes de connivence des grands médias du camp du bien.  C’est son droit, sans doute, et peut-être même a-t-elle raison, mais je pense qu’elle ne pourra pas faire l’économie d’une bonne mise au point, preuves à l’appui, quand ses plus fidèles soutiens au Congrès commenceront à avoir peur pour eux-mêmes ou pour l’avenir du parti démocrate.

Au reste, l’affaire a été portée au public par le chroniqueur vedette de FoxNews, Tucker Carlson, et il va devenir de plus en plus difficile de dissimuler la poussière sous le tapis.

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles