Israël réduit à deux heures la fourniture d’électricité à Gaza

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Lundi 12 juin, le ministre de la sécurité intérieure confirmait qu’Israël allait réduire à deux heures la fourniture d’électricité dans la bande de Gaza.

Pixabay / badwanart0 - palestine gaza strip in 2015 beit hanoun
Crédit photo : Hosny Salah

La situation qui prévalait antérieurement était la fourniture aléatoire d’électricité entre 3 et 4 heures par jour.   Nous parlons d’un territoire de 360Km2 ou s’entassent 2.9 millions d’habitants sous blocus israélo-égyptien dans le dénuement le plus complet, et dans la plus parfaite indifférence des gouvernements et des médias occidentaux.  Vous ne verrez pas de petite Bana Alabed, ici, et aucun journaliste ne vous tirera une larme en vous décrivant le quotidien des Gazaouis contraints de vivre dans ce qu’il faut bien appeler un camp de concentration à ciel ouvert.

Camps de concentration : camps dans lesquels sont rassemblés, sous la surveillance de l’armée ou de la police, soit des populations civiles de nationalité ennemie, soit des minorités ethniques ou religieuses, soit des prisonniers de droit commun ou des détenus politiques.  Source : Larousse

Et du côté israélien, on vous rétorquera qu’il s’agit d’un « territoire autonome ».  Mais les faits sont têtus.  Pour moi un territoire dont vous ne pouvez sortir ni par voie terrestre, ni par voie aérienne ou maritime, cela s’appelle un camp de concentration, une prison, fût-elle à ciel ouvert.  Or la seule voie de sortie de la bande de Gaza est le poste frontière de Rafah, et il est presque infranchissable.

Gaza est un chaudron, un lieu où la misère se conjugue au désespoir.  Et quand, folle de colère, la jeunesse se révolte, c’est toute la population qui est frappée par des représailles proprement terrifiantes.  Bombardements indiscriminés de zones densément peuplées de civils, utilisation de munitions au phosphore blanc, bombardement par drones et hélicoptères de combats; des cailloux et des roquettes dérisoires contre l’une des armées les mieux équipées du monde.  On ne parle pas de guerre, ici, mais de massacre.

Ajouter pareilles restrictions dans ce qui est déjà notoirement une poudrière est de toute évidence une incitation à la révolte, qui, si elle se produit, sera réprimée dans le sang, comme les précédentes.  Et comme les précédentes, servira de prétexte à la continuation de la politique de spoliation des territoires palestiniens par l’occupant.

Interrogé sur le risque que pareille pénurie pourrait poser, et notamment celui d’une nouvelle confrontation, Gilad Erdan, ministre israélien de la Sécurité intérieure déclarait :

Il n’est pas sûr que cela provoque un affrontement militaire, il se peut que les Palestiniens commencent à comprendre la catastrophe que représente pour eux le Hamas.  Source : LeMonde

« Il serait illogique qu’Israël paye une partie de la facture » (Mahmoud Abbas)

Le plus tragique, sans doute, est que cette décision est la conséquence du refus de l’Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas de continuer à payer les compagnies israéliennes pour la fourniture d’électricité à Gaza.   Or il me semble que c’est bien cette même AP qui empoche les subsides (notamment européens) dévolus au peuple palestinien ?  Faisant cela, ils se posent en alliés objectifs de l’occupant, au simple motif qu’ils sont les rivaux politiques du Hamas, qui administre la bande de Gaza.   Ils sacrifient le bien-être de la population à leurs querelles intestines.

Est-il justifiable qu’au titre de faire pression sur le Hamas, tantôt en réduisant le salaire des fonctionnaires dans la bande de Gaza, tantôt en refusant d’honorer les factures d’électricité,  l’Autorité palestinienne dégrade encore un peu plus les conditions d’existence déjà passablement pénibles de la population gazaouite ?   Dans une Union Européenne où l’on  voit « le droit à l’accès internet comme aussi indispensable que l’accès à l’eau ou à l’électricité », ne serait-il pas opportun de réaffecter une partie des financements alloués à l’AP directement pour la fourniture d’électricité dans cette enclave ?

Que peut-on faire ?

Dans la mesure où la politique d’extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahou est soutenue par la nouvelle administration américaine et par Donald Trump lui-même; et puisque les récriminations des européens contre la colonisation sauvage des territoires occupés se limitent généralement à des protestations de pure forme, je crains qu’il n’y ait pas grand-chose à attendre de nos dirigeants dans les années à venir.

Pour ma part, il y a bon temps déjà que je n’achète plus aucun produit en provenance d’Israël.  Je refuse qu’un seul sou de ma poche serve à un État qui pratique l’apartheid, la spoliation et la colonisation des territoires palestiniens.  Et je crois que si nous étions plus nombreux, ce gouvernement qui se croit au dessus des lois en reviendrait rapidement à un peu plus de mesure.

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles