La Belgique en état d’urgence… ou pas

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Depuis les attentats du vendredi 13 à Paris, et surtout le week-end épique qui a suivi (niveau 4, écoles fermées, métros supprimés, etc), la Belgique vit en pratique sous état d’urgence.  Des centaines de militaires partout en ville, des automitrailleuses aux points stratégiques, et des déclarations plus alarmistes les unes que les autres.

Mesures sécuritaires – Qui décide quoi ?

En préambule, peut-être est-il bon de rappeler qu’aucun attentat n’a eu lieu sur le territoire, et que la quasi-totalité des suspects interpellés dans la foulée des événements ont été relâchés, tout simplement parce que leur détention ne se justifiait pas.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de menace et on pourra difficilement reprocher au gouvernement de l’avoir négligée.  D’un autre côté on peut toujours dire qu’une menace existe puisqu’il est impossible de prouver le contraire.

Du point de vue strictement légal, le pays n’est pas en état d’urgence, pour la simple raison qu’une telle disposition n’existe pas en droit belge.  Elle serait contraire à la Constitution.

Art. 187 : La Constitution ne peut être suspendue en tout ni en partie.

Les mesures exceptionnelles telles que l’annulation de spectacles ou la fermeture de centres commerciaux reposaient donc sur les épaules des Bourgmestres dans le cadre de leurs prérogatives en matière de police,  s’ils estimaient que l’événement pouvait représenter un trouble à l’ordre public ou qu’il ne soit pas possible d’y assurer la sécurité.

Mais à l’instar d’Yvan Mayeur, Bourgmestre PS de la Ville de Bruxelles, beaucoup d’édiles communaux s’y sont refusé jugeant ces mesures excessives.

Mais alors, qui a pris la décision de suspendre le trafic du métro, du pré-métro, de fermer certaines gares et les écoles ?  Et sur quelle base ?

Cela s’est fait sur base volontaire, au cas par cas, à la demande du Conseil National de Sécurité.

Ainsi c’est la direction de la STIB qui sur base de la décision du CNS a décidé de fermer le métro et le pré-métro.

Et c’est la Ministre J. Milquet qui a décidé  de la fermeture des écoles et des crèches :

Les établissements de l’enseignement obligatoire, soit maternel, primaire et secondaire, de l’enseignement supérieur et de promotion sociale, les académies situés dans la Région de Bruxelles-Capitale sont fermés ce lundi 23 novembre 2015

Suite à la réunion organisée avec le Centre de crise et les représentants des cabinets de l’enseignement obligatoire et supérieur francophones et néerlandophones de ce dimanche après-midi et des décisions du Conseil national de sécurité en raison du niveau de la menace, il a été décidé, par mesure de précaution, de fermer ce lundi 23 novembre l’ensemble des établissements de l’enseignement obligatoire (maternel, primaire et secondaire), de l’enseignement supérieur et de promotion sociale, et des académies (enseignement artistique à horaire réduit) situés dans la Région de Bruxelles-capitale et ce, sans offre d’accueil pour les élèves. Les cours et examens seront donc bien suspendus.

Aucun enfant n’est donc pris en charge par les établissements scolaires (…)

Même si je ne vois pas immédiatement la relation de subordination entre les établissements d’enseignement ou les crèches et la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Evolution de la situation

Trois semaine se sont écoulées depuis les attentats.  On aurait pu s’attendre à un retour progressif à la normale, mais la présence militaire n’a pas été allégée.

Entre la place Stéphanie et la Station de métro Louise, par exemple, il n’y a pas moins de deux automitrailleuses et plusieurs patrouilles de militaires en binômes.

Les gares grouillent littéralement de policiers, de militaires et d’agents de sécurité.

On peut se demander en quoi un tel dispositif prévient le risque d’attentat kamikaze.

On peut penser qu’une des raisons pour lesquelles le dispositif est maintenu est d’essayer de montrer, notamment en France, que la Belgique agit.  Parce qu’il est vrai qu’au lendemain des attentats, des voix s’étaient élevées en France pour fustiger la sécurité belge, ce qui est un peu injuste, sur le fond. Avaient-ils prévu, eux les attentats de Charlie-Hebdo ?

Suis-je seul à penser que si l’on avait consacré seulement 10% du budget dépensé pour ce show à la lutte contre les réseaux terroristes en Belgique, nous n’en serions probablement pas là ?

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles