La Quadrature du Net – Éthique en toc ?

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Les libertés individuelles ont la douleur de vous faire part du décès de la Quadrature du Net, qui nous a quittés inopinément à l’âge de huit ans ce 17 mai 2016.

Nah, je blague.  D’abord elle est pas (encore) mouru, et ensuite, elle n’a que peu de liens de parenté avec les libertés individuelles.  C’est vous dire.

Appelez-moi un parfait idiot si vous voulez, mais je viens tout juste de m’apercevoir qu’en matière de défense des droits fondamentaux, la Quadrature du Net c’est un peu comme nommer Jérôme Cahuzac à la lutte contre la fraude fiscale.  Une grosse erreur de casting.

Et quand j’écris qu’elle nous a quittés, c’est surtout ma liste de liens qu’elle a quitté.

Presque un hasard, en fait

Je virevoltais gaiement de site en site, faisant mon petit tour de veille médiatique lorsque je suis tombé nez à nez avec un curieux article sur QN, intitulé « La Quadrature du Net sort de l’état d’urgence ».

Intrigué par le titre, je fûs bientôt stupéfait par le contenu.  Ils parlaient ni plus ni moins que de cesser le combat :

Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de prendre du recul par rapport au suivi législatif en France, au moins jusqu’aux élections présidentielle et législative de 2017. Même si nous continuerons, avec les Exégètes amateurs notamment, à attaquer les dangereuses lois votées par le Parlement par des recours en justice, nous ne réagirons plus systématiquement aux annonces populistes ou irréalistes des politiques, nous ne chercherons plus à nous battre pied à pied pour faire reprendre conscience à ceux qui nous gouvernent qu’ils tuent à petit feu nos libertés au prétexte d’assurer notre (illusoire) sécurité.

(…) Est-ce un abandon ? Absolument pas. Plutôt un recentrage, une volonté d’efficacité, un refus de cautionner un jeu de moins en moins démocratique, et une nécessité d’agir là où nous avons encore les moyens d’avoir des résultats.

Un recentrage ?  Faut le dire vite ou l’écrire en gras, hein.  Un certain nombre de pioupious avaient aussi décidé de « recentrer leurs activités » à l’intérieur des tranchées au cours de la bataille de Verdun, ça n’a pas empêché l’état-major de les fusiller.  Pour l’exemple.

Vu de Belgique, ce « recentrage » ressemble à s’y méprendre à un état de mort cérébrale dans lequel le patient perd définitivement toutes ses facultés, mais;  moyennant qu’il continue à être alimenté, renvoie un certain nombre de signaux vitaux positifs, même s’ils s’avèrent insignifiants.

Quelle pouvait bien être la raison d’un tel revirement ?

La lutte contre les atteintes liberticides aux droits individuels sur internet était, selon moi, la seule raison d’exister d’une telle association qui en avait fait son cheval de bataille.

Ainsi cette volte-face me paraissait de plus en plus suspecte…  Injonction baillon ?  Menaces de procès ?  Étranglement financier ?

Puis j’ai eu la bonne idée d’aller lire leur page intitulée « Qui sommes nous ».  Et j’ai compris.

La Quadrature est soutenue également par des organisations non gouvernementales françaises, européennes et internationales(1), dont l’Electronic Frontier Foundation, l’Open Society Institute et Privacy International.

(1) Vous aurez noté qu’on parle d’abord d’ONG françaises, européennes et internationales mais qu’en pratique on ne mentionne que trois organisations américaines elles-mêmes financées par George Soros.

Open Society Institute (George Soros)

Afin de comprendre ce que sont les ONG financées par George Soros et les buts qu’elles poursuivent, il est bon d’en savoir un peu plus sur l’intéressé.

Une nébuleuse de fondations se présentant comme des ONG au service de la démocratie

L’Open Society Foundations (OSF) est un réseau de fondations créé en 1979 par le milliardaire américain George Soros. Les objectifs de ce réseau sont de promouvoir la gouvernance démocratique, les droits de l’homme et des réformes économiques, sociales et légales. Connu sous le nom d’Open Society Institute, son nom a été changé en août 2010 pour mieux refléter son activité (source : wikipedia).

Accessoirement, Open Society est la faîtière d’un réseau de fondations, de partenaires, et de projets dans plus d’une centaine de pays.

Et ces fondations sont la cheville ouvrière employée à accomplir les objectifs politiques (et financiers) de G. Soros.

Lorsqu’on dîne avec le diable, il faut se munir d’une longue cuiller

  • C’est évidemment la raison pour laquelle sur son site web, QN évoque des « financements d’organisations non gouvernementales françaises, européennes et internationales »;  tout en ne citant au final que des organisations financées directement ou indirectement par Soros).
  • Et qu’en janvier 2014, à la tribune d’un Blog du journal Le Monde, il justifiaient ces financements :

« certains militants de l’Internet Libre nous critiquent à cause de ça, mais les responsables de la Fondation pour notre secteur sont des gens impeccables. Et puis, ceux qui voudraient que nous cessions de toucher l’argent de Soros n’ont qu’à nous envoyer des dons plus importants. Nous serions ravis d’être financés uniquement par de simples citoyens. »

Ai-je tort de penser qu’ils avaient compris depuis longtemps que la personnalité sulfureuse qui les finançait avait son propre agenda pas forcément compatible avec les idéaux défendus par QN, ou simplement défendable du point de vue éthique ?

Le cas « Electronic Frontier Foundation (EFF) »

Au passage, je me suis aperçu également que La Quadrature du Net était financée par l’Electronic Frontier Foundation, qui est un peu son alter ego (mais en plus grand), aux États-Unis.

J’ai donc naturellement creusé un peu de ce côté et je me suis aperçu qu’eux aussi sont financés par l’OSF de G. Soros.  Comme le monde est bien petit.

Et ceci m’a rappelé un autre épisode… En décembre 2015 je publiais un article dans lequel je mettais en garde contre l’application pour smartphones Signal Private Messenger au titre que c’était un concentré de mauvaises pratiques en termes de sécurité.

Par ailleurs, j’avais lu (sur la page d’accueil d’Open Whispers) que Bruce Schneier (expert en sécurité informatique) apportait nommément son soutien à ce programme.

Dans un autre article daté du 3 janvier 2016 et intitulé Cryptographie – Partie I : les enjeux, je faisais plus que l’égratigner sur la question… Que je lui avais préalablement posée par e-mail.  Question restée lettre morte, le gourou n’ayant pas daigné répondre.

Or je m’aperçois aujourd’hui que le même Bruce Schneier est également membre du Board of Directors de l’EFF.  Ses appointements proviennent donc en partie… de l’OSF, par la force des choses.

Ceci explique-t-il cela ?  Je n’irais pas jusque-là; mais pour un expert en sécurité informatique, défendre Signal Messenger revient à envoyer sciemment ses utilisateurs au casse-pipe.  Et ça, c’est interpellant.

Le bébé et l’eau du bain

Je ne prétends pas que l’Electronic Frontier Foundation ou La Quadrature du Net soient foncièrement mauvaises ou que toutes leurs réalisations seraient forcément entachées par des contraintes liées à l’agenda particulier de l’Open Society Foundation.

Toutefois, prétendre le contraire serait à mon sens encore plus naïf.  On peut toujours essayer de nous faire avaler que l’inventeur des hedge funds, et l’homme qui a permis à des nazis de rentrer au Parlement Ukrainien serait un philanthrope désintéressé;  mais pour ma part je n’en crois pas un mot.

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles