Le chemin de la soumission ne mène qu’aux ténèbres

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Le 11 avril 2019 restera dans l’histoire comme le jour où la liberté de la presse fût asservie aux intérêts du pouvoir

J’ai honte.  Je suis choqué, hébété, mais surtout, écrasé par ce sentiment de honte, mêlé d’impuissance et de rage froide.  Honte d’être humain, d’être compté au rang de ceux qui auront permis, par inertie, par lâcheté ou veulerie l’arrestation de Julian Assange après avoir passé très exactement 6 ans, 9 mois et 23 jours cloîtré dans une pièce minuscule, sans pouvoir accéder à la lumière du jour ou à des soins médicaux.

Ne vous faites aucune illusion, l’arrestation de Julian Assange n’est pas l’affaire d’une justice au service d’un État vassal de l’Empire, c’est un déni de justice permanent qui n’aura été permis que par notre passivité, par votre passivité.  C’est bien de vous dont je parle, de l’être humain qui est derrière son écran, qui se sera lui aussi ému du sort de ce brave lanceur d’alerte, puis sera passé à autre chose, après tout, la vie continue, n’est-ce pas ?  Yep, la vie en esclavage, c’est déjà la vie, n’est-ce pas ?

Laissez-moi à présent vous poser une question : à partir du moment où l’on se comporte comme des larves, sans jamais renâcler, sans jamais dire « non », pourquoi voudriez-vous que vos dirigeants vous prennent pour autre chose que des larves ?  L’injustice faite à Julian Assange n’a rien d’une exception : ne voyez-vous pas que le droit et la justice ne sont scrupuleusement appliqués que lorsqu’ils sont opposables aux sans-dents ?  Et si personne ne dit rien quand le pouvoir s’en affranchit allègrement, pourquoi voudriez-vous qu’ils s’arrêtent en si bon chemin ?   Un « sans-dents » ce n’est pas qu’une boutade d’énarque imbu de sa personne, c’est d’abord un gueux qui ne mord pas .

Vous vous plaignez des taxes, du prix des carburants, du prix de la vie, d’une Europe qui vous étouffe, d’une connivence de plus en plus affichée entre le pouvoir et les ultra-riches, d’atteintes  sans cesse plus graves aux libertés… mais ne bougez pas même le petit doigt pour y changer quoi que ce soit !  Vous pensez sérieusement qu’il suffit de rester vissé devant son ordinateur ou de poster des commentaires rageurs sur Facebook ?  Vous n’avez pas encore compris que Facebook et les autres médias sociaux n’ont été placés là que pour servir d’exutoire à la légitime colère des peuples grugés par une marche forcée vers la mondialisation heureuse ?  Surtout, pas bouger, hein.

La question est purement rhétorique de savoir jusqu’où l’oligarchie pourra aller avant de se retrouver avec une véritable révolte sur les bras, et je ne suis pas trop optimiste quant à la réponse, parce que l’actualité montre trop bien que l’égoïsme est un frein très efficace s’agissant de cliver la solidarité pourtant plus nécessaire que jamais.

C’est là aussi qu’il faut trouver la raison pour laquelle, désormais, je ne m’investirai plus dans la rédaction d’articles visant à remettre l’actualité en perspective, ou à réfuter la propagande mondialiste déversée par tombereaux en vue d’abrutir les masses.  À quoi bon ?

Il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre, et il n’est de pire aveuglement que l’égoïsme forcené quand il conviendrait de faire bloc contre ceux qui vous tailleront en pièces, les un après les autres, seul dans votre coin.  Tout seul, forcément.

Peu importe ce qui adviendra désormais, le 11 avril 2019 restera dans l’histoire comme le jour où la liberté de la presse fût asservie aux intérêts du pouvoir.

Après, ce seront les médias alternatifs, puis ce seront les opposants, mais je ne vais pas vous refaire toute la litanie du pasteur Niemöller, on connaît déjà la chanson.

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles