L’OSCE détecte 14 mines antichars ukrainiennes au nouveau point de passage avec la RPL

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Alors qu’en l’état actuel, un seul point de passage de la ligne de front (celui de Stanitsa Louganskaya) existe entre l’Ukraine et la République Populaire de Lougansk (RPL), depuis plusieurs mois des discussions et préparatifs sont en cours pour en ouvrir un second, face à la localité de Zolotoye.

Ce deuxième point de passage est hautement nécessaire, car le point de passage de Stanitsa Louganskaya est extrêmement difficile à franchir pour les personnes à mobilité réduite, ou les personnes âgées. Le pont ayant été détruit lors des combats, les gens ne peuvent le franchir qu’à pied, en empruntant des passerelles en bois inclinées. Un véritable calvaire.

Le problème étant que pour pouvoir autoriser la circulation de civils par le point de passage de Zolotoye, celui-ci doit être sûr pour ces derniers, afin d’éviter les nombreux incidents qui ont déjà coûté la vie à de nombreuses personnes. Ainsi ce nouveau point de passage doit être une zone de désengagement (c’est-à-dire de retrait des armes des deux côtés de la ligne de front), et la zone doit être déminée.

C’est la Mission de Surveillance Spéciale (MSS) de l’OSCE qui est chargée de superviser et vérifier la mise en application de ces deux points de manière régulière.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Ukraine ne semble pas prête à jouer le jeu. Ainsi, le 19 octobre, un drone de la MSS de l’OSCE a détecté 14 mines antichars, des deux côtés de l’autoroute T-1316, dans la zone de désengagement proche de Zolotoye, non loin du point de passage ukrainien ouvert récemment de manière unilatérale (la RPL n’ayant pas encore ouvert le passage de son côté, tant que certains points technique et de sécurité ne sont pas résolus). Ce fait a été rapporté dans le rapport de l’OSCE publié le 20 octobre.

D’après le rapport de l’OSCE, six mines antichars ont été détectées derrière les arbres, à environ 15 mètres à l’Est de l’autoroute, et huit autres ont été détectées dans deux fossés situés à 5 mètres à peine, à l’Ouest de l’autoroute. D’après les observations faites sur base de ce que le drone a filmé, il n’y aurait pas de mines sur la chaussée même de l’autoroute. Néanmoins, la présence de mines antichars aussi près de la route est déjà une violation par Kiev de ses obligations pour permettre l’ouverture de ce deuxième point de passage.

Le pire étant que d’après le rapport, ces mines se trouvent au même endroit que celles qui avaient été détectées le 2 juin, et qui avaient été retirées récemment par les forces armées ukrainiennes, sous la surveillance de l’OSCE, afin de permettre l’ouverture du point de passage. En clair, Kiev a fait retirer les mines devant l’OSCE, pour faire croire que l’Ukraine respecte ses engagements, avant de les remettre à leur place juste après…

Donc en plus de mentir aux civils, en leur faisant croire que ce point de passage est pleinement opérationnel, l’Ukraine les met en plus ouvertement en danger, en posant des mines à quelques mètres à peine de la route qu’ils vont emprunter pour franchir ce point de passage.

Et il ne s’agit-là que des mines que le drone de l’OSCE a pu détecter. Il est fort possible que d’autres mines plus difficiles à détecter soient présentes à proximité immédiate de la route, comme cela a été vu par le passé. De nombreux civils sont morts pour avoir simplement roulé sur le bas côté de la route, qui était truffé de mines.

Pendant ce temps-là, à Minsk, les discussions se poursuivent au sein du sous-groupe de contact sur les questions humanitaires, afin de régler plusieurs problèmes techniques qui doivent être résolus avant que la RPL ouvre pleinement ce point de passage, comme la réparation et l’entretien de la route, la sécurité des civils qui le traverseront, et les lignes de bus à mettre en place entre les points de passage.

En attendant que l’Ukraine se décide à respecter ses obligations, et que ce nouveau point de passage puisse enfin ouvrir, les civils qui veulent franchir la ligne de front en RPL devront continuer à attendre pendant des heures pour pouvoir emprunter à pied les passerelles de Stanitsa Louganskaya.

Christelle Néant

Article original sur DoniPress

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Christelle Néant

Christelle est reporter de guerre dans le Donbass depuis début 2016. Après avoir travaillé pour l’agence DONi, elle fonde le site Donbass Insider en 2018, puis participe à la création de l’agence International Reporters en 2023.