Malaise autour de l’état de santé d’Hillary Clinton

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La candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine, Hillary Clinton, a été victime d’un malaise, hier, lors de la commémoration des 15 ans des attentats du 11 septembre, à New York.  Incapable de marcher, elle a du être littéralement portée par deux agents des service secrets qui l’ont installée dans son véhicule avant de la conduire, d’après le communiqué, à l’appartement de sa fille Chelsea qui habite à Manhattan.

Dans un premier temps, l’équipe de la candidate avait parlé d’un coup de chaleur, puis, son médecin personnel, Lisa Bardack avait évoqué une déshydratation, et précisé qu’une pneumonie avait été diagnostiquée vendredi et que depuis ce moment, Hillary Clinton suivait notamment un traitement antibiotique.

Cet épisode faisait suite au meeting de Cleveland, en début de semaine passée, où la candidate avait été sérieusement handicapée par des quintes de toux à répétition.

En tout état de cause, les explications fournies n’auront pas convaincu grand monde, surtout dans le camp démocrate qui estime que la candidate n’est pas en état d’occuper la fonction de présidente des États-Unis, notamment en raison de ses antécédents médicaux.  Ils lui reprochent de n’avoir pas fait toute la transparence sur son dossier médical.  Même Google avait été plongé dans la tourmente après que des internautes eurent découvert que selon eux, le moteur de recherche tendait à masquer les résultats de recherche lorsque celle-ci concernait l’état de santé de la candidate.

Celle-ci est réapparue quelques heures plus tard, souriante, disant qu’elle se sentait bien.  Mais ses déplacements prévus pour lundi et mardi en Californie sont annulés, et à cette heure on ignore si la candidate se rendra dans le Nevada mercredi pour une autre levée de fonds.

Une pneumonie, eh ?

Sans être particulièrement versé en médecine, on peut raisonnablement penser que si le malaise de la candidate était lié à une brusque poussée de fièvre en raison d’une pneumonie, ceci venant s’ajouter aux épisodes de toux à répétition des derniers jours, il y aurait lieu de la faire hospitaliser d’urgence, non ?  Parce qu’à 68 ans, ce genre d’infection peut rapidement s’avérer fatal, surtout chez une personne éreintée par une campagne épuisante qui dure déjà depuis des mois.

Faut-il publier son dossier médical ?

Ses détracteurs reprochent aussi à Hillary Clinton de n’avoir plus rien publié quant à son état de santé depuis juillet 2015, à quoi ceux-ci répondent qu’on attend toujours le dossier médical de Donald Trump.  La seule chose qu’on ait à se mettre sous la dent le concernant est une petite lettre, bâclée par son médecin, Harold Bornstein, en décembre 2015, vantant l’excellente santé de celui-ci.  Un peu léger.  Interrogé sur cette question le 5 septembre dernier, le candidat aurait répondu « Maintenant que vous me le demandez, je vais le faire ».  A suivre.

Le poids des ans

Mais qu’on ne s’y trompe pas,  l’ex-première dame accumule depuis un certain nombre d’années des épisodes médicaux plus ou moins graves, dont deux thromboses en 1998 et 2009, ainsi qu’une commotion cérébrale suivie d’un caillot de sang qui avait nécessité une hospitalisation en mai 2014.  Par ailleurs, elle souffre aussi d’hypothyroïdie.

En France aussi…

Il aura fallu la publication (sous le manteau) de l’ouvrage du Dr. Claude Gubler – Le Grand Secret, pour que soit révélé à une opinion publique médusée que dès le début de son premier septennat, en octobre 1981, François Mitterrand savait qu’il était atteint d’un cancer de la prostate disséminé.  Ce secret sera jalousement gardé jusqu’à la fin, bien que des rumeurs aient couru ça et là faisant état de la maladie du chef de l’État.

Que se passerait-il si Hillary Clinton ne pouvait mener sa campagne à bien pour raisons de santé ?

Un tel cas de figure ne s’est encore jamais produit dans l’histoire des États-Unis, à savoir qu’un candidat soit forcé de se retirer pour cause de maladie ou qu’il en meure, après avoir reçu l’investiture de son parti.

En pareil cas, les procédures pour déterminer un remplaçant sont guidées tant par les lois fédérales que celles des États ainsi que par le règlement interne du parti.  Pas vraiment un patchwork mais ces règles ont évolué au fil du temps en vue de permettre de répondre aux problèmes pratiques qui pouvaient se produire au cours du processus de l’élection présidentielle, tout en tenant compte le rôle important des partis politiques en tant qu’acteurs à part entière de celle-ci.

À cet égard, les procédures pour pourvoir aux postes vacants sur les tickets des partis sont à comparer aux règles qui s’appliquent en cas de succession à la présidence lorsque la personne qui occupe le poste le quitte pour l’une ou l’autre raison.  Lorsque William Henry Harrison, neuvième Président des États-Unis contracta une pneumonie après avoir donné un discours de trois heures dans la neige à l’occasion d’une inauguration en 1841 pour mourir à peine un mois plus tard; il a été remplacé dans ses fonctions par son vice-président, John Tyler.  Ce sont les question soulevées au Congrès à la suite de cette vacance du pouvoir en cours de mandat qui poussèrent celui-ci à définir formellement les règles de succession.

Et au cas où un candidat viendrait à se retirer après l’investiture mais avant l’élection, ce serait à son parti qu’il reviendrait de présenter un autre candidat, même si l’on imagine aisément que le résultat du scrutin pourrait bien s’en trouver bouleversé.

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles