Manuel Valls justifie l’état d’urgence

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A deux semaines des attentats, de plus en plus de voix s’élèvent contre l’extension de l’état d’urgence à trois mois jugeant cette mesure excessive.

Sur Europe1, Manuel Valls s’est livré à un périlleux exercice visant à justifier cette politique sécuritaire, en usant d’une formule qu’on peut difficilement qualifier autrement que de sophisme grossier.

L’état d’urgence est là précisément pour protéger nos libertés

Mais bien sûr, c’est connu.  L’état d’urgence, qui par définition réduit un certain nombre de libertés… est le meilleur défenseur de nos libertés.  On croirait une formule en Novlangue sortie tout droit du roman 1984 de George Orwell :

La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force.

L’armée comme garant de la démocratie, c’est vrai qu’on avait pas vu ça dans nos contrées depuis quelques décennies.  Peut-être parce qu’en démocratie, la place naturelle de l’armée est dans ses cantonnements ?  Ou alors, le Premier ministre français confond l’ordre public avec la démocratie.

Le gouvernement a d’ailleurs fait usage de ses tout nouveaux pouvoirs exorbitants pour faire interdire, puis réprimer la manifestation organisée en marge de la COP21.  Ils représentaient aussi une menace pour la démocratie, sans doute ?

Magnanime, le Premier Ministre a déclaré accepter que cela puisse ne pas faire l’unanimité dans le pays.   En gros, jusqu’à aujourd’hui (au moins), il est encore permis (à titre individuel puisque le droit à manifester est révoqué) de ne pas être d’accord avec ce que beaucoup voient comme une dérive totalitaire.

Toujours selon Valls, si l’interdiction de manifestation est bien d’application cela se fait en bonne intelligence.

Comprenne qui peut : que veut dire ce charabia ?  Les manifestations sont interdites, ou pas ?  Ou bien y a-t-il des dérogations spéciales prévues pour les gentilles manifestations pleines de bisous ?

D’autre part, il n’a pas exclu un prolongement au delà des trois mois, c’est-à-dire après le 26 février 2016.

Avec les élections régionales du 6 décembre qui se profilent, gageons que ce gouvernement aura bien du mal à justifier des éventuelles interdictions de manifestations d’opposition.  Et s’il le fait quand même, cela risque de lui coûter cher en termes de résultats électoraux.

Difficile d’être populaire et totalitaire à la fois.  A défaut on peut, pendant un temps, essayer de faire illusion en étant populiste et totalitaire.

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles