Nice – Qui veut supprimer les preuves ?

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Le Figaro et Nice Matin révélaient hier qu’une réquisition judiciaire urgente avait été envoyée au centre de supervision urbain de Nice mercredi 20 juillet, exigeant la destruction de toutes les images des caméras de vidéosurveillance sur une période de 24h.

L’article du Figaro titrait « Attentat de Nice : quand la justice demande à la Mairie de détruire 24 heures d’images« .  Cet article n’est malheureusement plus disponible : le même article ayant été « réutilisé » pour en écrire un autre faisant état du refus de ladite ville de Nice de se plier à l’injonction.  Apparemment, au Figaro, soit ils ne savent pas ce qu’est un permalien soit ils ont souhaité réduire la voilure et donc la surface d’informations circulant sur la question.  En effet, tous les partages sur les réseaux sociaux de l’article initial mènent maintenant au nouvel article, intitulé « Attentat de Nice : la ville refuse de détruire 24 heures d’images de vidéosurveillance« .

En quoi le titre était fallacieux

En tout état de cause ce n’est pas « la justice » qui avait initialement demandé l’effacement des enregistrements, mais la sous-direction antiterroriste (SDAT) qui dépend directement du Procureur de Paris, François Molins, chez qui sont centralisées toutes les enquêtes terroristes.

Or le parquet ne représente pas « la justice » mais le pouvoir judiciaire (la police), et en l’occurrence, il est directement placé sous les ordres du ministre de l’intérieur du gouvernement de Manuel Valls.

Pour le dire clairement, il s’agit d’une réquisition émanant du pouvoir politique, et non de la « justice ».

Les justifications invoquées

Dans un communiqué, le parquet de Paris invoque :

«Cela a été fait dans ce cas précis pour éviter la diffusion non contrôlée et non maîtrisée de ces images.»

Lorsqu’on sait que des chaînes comme France 2 se sont permis d’interviewer un homme agenouillé à côté du cadavre de sa femme qui venait de périr dans l’attentat sans que cela ne fasse remuer un cil au parquet ou au pouvoir judiciaire, on se demande de qui ils se moquent ?

La question étant de savoir quel préjudice serait le plus grand

  • Que des images finissent par fuiter et se retrouver sur youtube
  • Que les preuves nécessaires à l’instruction de toute enquête ultérieure puissent être irrémédiablement perdues

Poser la question c’est déjà y répondre, me semble-t-il.

Les vraies raisons derrière cette injonction

Le gouvernement ne pouvait pas ignorer qu’en procédant de la sorte, il allait immanquablement provoquer un tollé impossible à étouffer.  Les raisons de cette décision devait donc êtres impérieuses, à mille lieues des motifs avancés.

Il y a donc lieu de penser que les images des caméras de surveillance citées nommément dans l’injonction contiennent des passages susceptibles de placer le gouvernement de Manuel Valls dans une situation extrêmement désagréable.

Ce n’est pas tant à l’attentat même que je pense qu’aux heures et aux minutes qui l’ont précédé.

Et maintenant ?

On peut penser que le pouvoir politique essaiera à tout prix de faire exécuter l’injonction en faisant usage de la force policière si nécessaire.

D’autre part, Le Figaro nous apprend que :

Me Philippe Blanchetier a par ailleurs fait savoir que la ville s’apprêtait à demander au procureur de la République de Nice la mise sous séquestre des images, «afin de ne pas hypothéquer les éventuelles autres procédures qui pourraient voir le jour au-delà de l’enquête antiterroriste en cours».

Mais il faut se rappeler d’une part que la France est actuellement sous état d’urgence, et d’autre part que toutes les enquêtes « terroristes » sont sous le contrôle direct du parquet de Paris.  D’autre part, le procureur de la République de Nice est tout comme ses collègues de Paris plus ou moins directement aux ordres de la Place Beauvau.

On ne peut pas non plus exclure qu’une copie de ces données puisse être réalisée par l’un ou l’autre des administrateurs systèmes ayant accès aux serveurs.  Après tout, l’ensemble de ces images tient aisément sur une toute petite clé usb.

Affaire à suivre, en espérant, sans trop de convictions, que l’avenir me donnera tort.

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles