Panama Papers – David Cameron s’accroche.

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Comme une moule à son rocher ?  Le Premier ministre Britannique est sur la sellette.  Après avoir avoué qu’il avait possédé des actions aux Bahamas, faisant suite aux révélations des #PanamaPapers

Je ne vais pas m’étendre longuement ici sur les circonstances, qui ont été largement relayées dans la presse, mais plutôt sur un phénomène plus symptomatique et finalement, plus dérangeant.

Qu’est-ce qui fait que dans notre société actuelle, des dirigeants reconnus coupables de fraudes caractérisées – aggravées par le fait que les personnes qui les commettent sont au pouvoir – ne sont pas sanctionnées par la démission immédiate et des peines exemplaires?

Nous avons ici un Premier ministre qui dans un premier temps nie l’évidence et ment à ses administrés, puis reconnaît avoir fraudé.

En parallèle on apprend qu’il avait également oeuvré pour que les obligations de transparence s’appliquent avec moins de rigueur aux trusts, et donc aussi aux offshores.

Il n’est pas très compliqué de comprendre que s’il n’y avait pas eu des preuves accablantes, l’intéressé aurait continué à protester de son innocence avec force pathos et on préfère ne pas savoir sur la tête de qui il aurait pu (par)jurer.

Parce que, sauf erreur de ma part, David Cameron est un menteur et un fraudeur, de son propre aveu.

Quelqu’un qui a détourné l’argent du trésor public alors que précisément il a en charge la gestion du pays, et qu’à ce titre, il devrait être un exemple irréprochable.

Historiquement & légalement

Peu de gens le savent, mais notre code pénal, par exemple prévoit encore aujourd’hui qu’un juge qui se montrerait coupable de prévarication encourt le double de la peine normale, précisément parce qu’il a la charge de rendre la justice, et que quand la justice est corrompue, c’est toute la société qui vacille.

D’ailleurs, dans l’antiquité, un juge qui était reconnu coupable d’un tel crime était supplicié.  Le châtiment paraît d’une cruauté inouïe, mais nous parlons d’une époque où il ne faisait pas bon être reconnu coupable, d’une manière générale.

Gibet, amputations, éborgnement, castration,  pilori…  L’époque n’était pas tendre.

Traitement appliqué aux hommes politiques contemporains

Paradoxalement, alors qu’ils ont la charge et la responsabilité de faire appliquer la loi, les responsables politiques convaincus de fraude ou de corruption ne sont pratiquement jamais inquiétés, et quand ils le sont, cela ne va généralement pas plus loin que la destitution de la fonction qu’ils occupaient…

Ou pour le dire autrement, ils sont plus ou moins gentiment poussés vers la sortie.

Alors qu’un citoyen ordinaire, pour les mêmes faits, encourt toute la rigueur de la loi !

Culture de l’impunité

Cette étonnante bienveillance à l’égard des politiciens véreux a pour conséquence qu’il s’installe une sorte de culture de l’impunité.

L’acceptation implicite que, quoiqu’ils fassent, ils ne peuvent être tenus responsables et sanctionnés comme les citoyens ordinaires le seraient.

Selon que vous serez puissant ou misérable Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Jean de La Fontaine / Les animaux malades de la peste

L’opinion publique

L’opinion publique, et surtout les manifestations de celle-ci pourraient (et devraient) avoir raison de ces arrogants.  Mais malheureusement, dans bien des cas, c’est l’apathie qui prévaut.  La résignation, devrais-je dire.

Ainsi, si l’on a vu une réaction populaire forte en Islande après l’implication du Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson, on a aussi assisté à un curieux pas de deux entre l’intéressé et l’opinion publique par voie de communiqués contradictoires.

Jusqu’au dernier moment il a soufflé le chaud et le froid pour évaluer si les circonstances ne lui permettraient pas, en fin de compte, de rester.  Sacré filou.

Et je suis atterré de voir qu’en Grande-Bretagne, qui reste quand même une des démocraties les plus sérieuses (et la plus ancienne) d’Europe, les citoyens ne se mobilisent pas plus pour crier stop à ce qui commence à ressembler à un outrage.

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles