Quand Les Echos font du putaclic

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Et racontent n’importe quoi, sans se livrer aux plus élémentaires vérifications.  Pas grave, du moment que ça amène des clics…

Hier, 19 septembre, Les Echos publiaient un article intitulé « L’incroyable histoire des toilettes d’UBS bouchées avec des billets de 500 euros ».   Alors soit ils ont compris que l’histoire était, en effet incroyable, soit c’était, à côté des liasses de billets de 500 euros, la meilleure manière de susciter la curiosité du chaland, et donc pour le coup, générer quelques centaines d’euros de revenus publicitaires, bien réels, ceux-là.  Même s’il est vrai que ce scoop avait été commis au départ par la Tribune de Genève, le choix de republier ce genre de ragots avec des titres putassiers montre, si c’était encore nécessaire, que désormais, ce n’est plus informer qui compte, mais satisfaire aux impératifs budgétaires.

Extrait de l’article

Une note d’UBS, relevée par le Wall Street Journal , signalait en juillet dernier que les ultra-riches étaient assis sur des montagnes de cash dont ils ne savent que faire.

Ironie de l’histoire, cette même banque est au coeur d’une mystérieuse histoire de billets de 500 euros, pour un total de 100.000 euros environ, retrouvés dans les toilettes de l’établissement et de trois bistrots environnant.

Des milliers de francs en frais de plomberie

« Peu avant le début de l’été, les toilettes de l’insondable salle des coffres, la forteresse de l’établissement financier, étaient obstruées… par des liasses de billets de banque ! », raconte La Tribune de Genève .

« Il a fallu mandater un plombier pour casser la cuvette. Et là, il y avait encore plein d’argent dans le tuyau »

Quelques jours plus tard, trois restaurants à proximité de la banque connaissent le même sort. Dans une pizzeria, le sol était inondé de coupures de 500 euros. La police a été immédiatement appelée et les toilettes mises sous scellé.

« Il a fallu, dans la foulée, mandater un plombier pour casser la cuvette. Et là, il y avait encore plein d’argent dans le tuyau », raconte un des salariés au quotidien suisse. Les frais de plomberie s’élèvent à plusieurs milliers de francs suisses croit savoir la Tribune de Genève.

Petit problème (d’arithmétique élémentaire)

Seulement voià, n’importe quel gamin de 8 ans serait capable de vous dire que 100.000 ÷ 500 = 200, soient 200 malheureux petits bouts de papier… dont on nous dit qu’ils auraient été répartis dans les toilettes de la banque et de trois restaurants.  Si l’on suppose que les billets auraient été également répartis dans les quatre lieux d’aisance, cela ferait 50 billets par cuvette.  Et comme on nous précise aussi qu’ils avaient été découpés méthodiquement aux ciseaux, est-il besoin de vous faire un dessin ?  Peu de chances que ça bouche quoi que ce soit.

Vous avez compris que l’histoire est légèrement exagérée, pour dire le moins, et qu’on prend (un peu) les lecteurs pour des lapins de la semaine.

La seule chose sur laquelle on sera d’accord, désormais, c’est sur le fait qu’il s’agit d’argent sale.

Sachant qu’il existe des méthodes infiniment plus simples pour se débarrasser de deux cents billets, comme par exemple en les mettant dans un sac en plastique puis dans la poubelle, ou en les brûlant, n’est-il pas venu à l’esprit de nos Sherlocks du dimanche l’idée qu’il pourrait bien s’agir d’un canular (et de faux billets par la même occasion) ?

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles