Qui est vraiment Edward Joseph Snowden?

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Snowden est-il vraiment le héros qu’il prétend être ou un piège tendu aux futurs lanceurs d’alertes ? À moins que ce ne soit plus simple…

Au delà du discours ambiant qui place E. Snowden au firmament comme une sorte de chevalier blanc des temps modernes, je pense qu’il serait sage de considérer les faits plutôt que de se laisser entraîner dans une sorte de communion euphorique qui abolit le jugement.

Sur 1.000 personnes qui encensent E. Snowden, 950 ne savent ni ce qu’est la NSA ni ce qu’est un protocole de réseau. Ils ne savent rien de Snowden en dehors de ce qu’ils ont vu à la télé, et finalement basent leur avis sur l’idée bien consensuelle que la démocratie doit être défendue, et qu’espionner l’ensemble des communications des internautes, c’est mal.

Par nature, je me méfie de ce genre d’emballements populaires qui tantôt placent des escrocs sur des piédestals et tantôt jettent des innocents à la vindicte d’une foule en colère. L’opinion est cathodique, irraisonnée, volatile et manipulable parce qu’elle est peu et mal informée. Pourtant les informations sont là, il suffit de les ramasser et de les assembler pour voir une autre image de la réalité se dessiner sous nos yeux.

Motivations

Cet article vient après celui que j’avais rédigé sur les financements douteux d’organisations telles La Quadrature du Net et Electronic Frontier Foundation; que je tenais jusque-là en haute estime. Apprendre qu’ils étaient largement financés par un personnage aussi sulfureux que G. Soros m’a fait l’effet d’une douche froide.

Cela nous rappelle que rien ne doit être tenu pour vrai qu’on ne sache pourquoi. Les faits doivent être vérifiés et recoupés, et on ne peut se permettre le luxe de ne pas vérifier méticuleusement la crédibilité des témoins.

Les sources de l’Affaire Snowden

Au risque de verser dans le truisme, il est bon de rappeler qu’à la base, l’affaire Snowden, c’est d’abord l’affaire d’un seul homme. Il est le seul témoin à l’appui de ses révélations.

Vous connaissez sans doute l’adage : « A beau mentir, qui vient de loin ». Mais il n’est pas besoin de venir de bien loin, il suffit que rien de ce que vous écrivez ne puisse être démenti par des faits ou par des témoignages recoupés. Ce qui est bien le cas dans cette affaire.

Et il faut se méfier d’un biais cognitif commun qu’on pourrait illustrer par un autre adage : « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Puisque Snowden s’en prend à ce qui apparaît à la plupart d’entre-nous comme le mal incarné (NSA), il dit forcément la vérité. Si c’est forcé cela veut surtout dire que votre jugement a été aboli.

À côté de cela, il n’y aurait pas eu d’affaire Snowden s’il n’y avait pas eu les deux journalistes, Glenn Greenwald et Laura Poitras. Mais nous verrons que tous les gens gravitant autour de cette affaire sont issus d’un microcosme.

L’affaire

Résumé d’après Wikipedia

L’affaire commence au mois de décembre 2012 quand Snowden contacte anonymement Glenn Greenwald (avocat et journaliste au Guardian). Dans cet e-mail, il lui demande de s’équiper d’outils de chiffrement pour les communications ultérieures. Apparemment peu familier de ces outils, Glenn Greenwald ne donnera pas suite à ce premier contact.

En janvier 2013, Snowden prend contact avec la documentaliste Laura Poitras. Là encore il préconise l’utilisation de méthodes de communications sécurisées, et lui demande sa clé publique de chiffrement. Il prétend être en possession d’informations intéressantes dans le domaine du renseignement. Dans la mesure où il ne fournit aucun document à ce stade, Laura Poitras, qui souhaite évaluer la fiabilité de sa source en parle à quelques collègues, dont le journaliste Barton Gellman et Jacob Appelbaum, qui l’aident à s’assurer de la crédibilité de ce contact anonyme[1]. Snowden aurait choisi de s’adresser à elle après avoir lu un de ses articles publiés dans le New York Times, consacré à William Binney – un lanceur d’alerte des programmes d’espionnage de la NSA, en 2002.

En avril 2013, Glenn Greenwald et Laura Poitras, qui se connaissent depuis 2010 (ils sont membres fondateurs de la Freedom of the Press Foundation, créée avec le célèbre lanceur d’alerte Daniel Ellsberg en décembre 2012) se rencontrent à New York pour faire le point sur cette source anonyme qui souhaite divulguer de nombreuses informations confidentielles relatives aux programmes de surveillance américains.

Selon Gellman, avant de le rencontrer en personne, Snowden lui a écrit : « Je comprends que je vais avoir à répondre de mes actions, et que ces révélations publiques marquent la fin de ma vie telle qu’elle a été ». Il a aussi dit à Gellman que tant que les articles ne sont pas publiés, les journalistes travaillant avec lui sont en danger vis-à-vis des agences d’espionnage américaines. Selon Snowden, ces agences de renseignement seraient même prêtes à tuer une personne si elles pensaient que cela pouvait empêcher des révélations embarrassantes.

En mai 2013, Snowden invite Greenwald et Laura Poitras à le rejoindre à Hong Kong. Ces derniers quittent New York pour Hong Kong avec un autre journaliste du Guardian, Ewen MacAskill (en). Ils avaient rendez-vous dans un centre commercial jouxtant l’hôtel Mira, dans le quartier de Kowloon, avec un homme ayant un Rubik’s Cube dans la main : il s’agissait de Snowden.

Le 5 juin 2013, Greenwald publie un premier article concernant les activités d’espionnage de la NSA : l’espionnage massif des appels téléphoniques de l’opérateur Verizon.

Le 6 juin 2013, Gellman publie avec Laura Poitras le premier article du Washington Post révélant le programme de surveillance PRISM.

Avant de révéler son identité, Snowden demande à ne pas être cité par de trop longues phrases de peur d’être identifié par analyse sémantique. Son identité est révélée publiquement, à sa demande, par le Guardian et le Washington Post le 9 juin 2013[2]. Il explique sa décision de renoncer à l’anonymat en ces termes : « Je n’ai pas l’intention de me cacher, parce que je sais que je n’ai rien fait de mal ».

Au début, Snowden utilise le pseudonyme de Verax (qui signifie « celui qui dit la vérité » ? en latin). Il communique par email de façon chiffré et héberge ses messages chez le service de courriel Lavabit, un service email qui a la particularité de stocker les messages des utilisateurs de façon chiffrée sur ses serveurs. Le propriétaire de Lavabit avait reçu une ordonnance du tribunal lui demandant de coopérer avec le gouvernement américain pour espionner les utilisateurs du service. Percevant cette coopération comme une « complicité de crime contre le peuple américain », il la refuse et décide de fermer Lavabit le 8 août 2013, le gouvernement lui interdisant de donner des détails sur cette fermeture.

Freedom of the press foundation

C’est la fondation dans laquelle on retrouve aussi bien Glenn Greenwald que Laura Poitras qui en sont tous deux des membres fondateurs. Le monde est bien petit puisque dans l’article wikipedia relatant l’affaire Snowden, on précise qu’il avait choisi de contacter Laura Poitras « après avoir lu un de ses articles publiés dans le New York Times, consacré à William Binney – un lanceur d’alerte des programmes d’espionnage de la NSA, en 2002 ».

Cette organisation mentionnait des revenus de $874.855 pour l’année 2014.

Nom Titre Défraiements Liens
Trevor Timm President 73.750

Electronic Frontier Foundation

Rainey Reitman Secrétaire Electronic Frontier Foundation
Bradley Manning Support Network
Bill of Rights Defense Committee
Internet Defense League
Micah Lee Membre du Bureau 4.250 The Intercept[3]
Electronic Frontier Foundation
Glenn Greenwald Membre du Bureau The Intercept[3]
Salon
The Guardian
Daniel Ellsberg Membre du Bureau
John Perry Barlow Trésorier Electronic Frontier Foundation
Algae Systems
Xeni Jardin Membre du Bureau Boing Boing
Wired
New York Times
Los Angeles Times
The Guardian
Laura Poitras Membre du Bureau The Intercept[3]
John Cusack Membre du Bureau
Edward Snowden Membre du Bureau NSA
CIA

Dans la section intitulée Grants and Other Assistance to Organizations Governments and Individuals in the United States, on voit que la fondation soutient financièrement un certain nombre d’entreprises :

Rise Up Labs (Seattle)

Riseuplabs is the research arm of the riseup collective. It is a non-profit 501c3 corporation dedicated to the development and research of software built in the service of social justice organizations and movements.

The Riseup Collective is an autonomous body based in Seattle with collective members world wide. Our purpose is to aid in the creation of a free society, a world with freedom from want and freedom of expression, a world without oppression or hierarchy, where power is shared equally. We do this by providing communication and computer resources to allies engaged in struggles against capitalism and other forms of oppression.

The Tor Project Inc.

Est-il encore besoin de présenter The Onion Router ? C’est essentiellement un logiciel destiné à garantir l’anonymat sur Internet, en faisant passer ses propres requêtes par des serveurs anonymisés hébergés par des volontaires.

Il est intéressant de voir que TOR a également été financé par :

  • Le département d’État américain
  • Human Rights Watch (dont G. Soros est l’un des fondateurs)
  • Electronic Frontier Foundation (largement financée par G. Soros)
  • Laboratoire Naval de la marine américaine
  • Darpa (organisme de recherche militaire américain à la base de l’invention d’internet)
  • Ministère des affaires étrangères allemand

Leap encryption

Est une spin-off de la Freedom of the Press Foundation. Il s’agit d’une plateforme d’email sécurisée, à la fois open source et simple d’utilisation.

Open Whisper

Open Whisper Systems est la société fondée par Moxie Marlinspike, qui édite le logiciel Signal Private Messenger que j’avais descendu en flammes dans un article précédent en mettant clairement en évidence que les modifications apportées au programme initial compromettaient la sécurité des utilisateurs plus qu’elles ne l’amélioraient, et que les auteurs ne pouvaient pas l’ignorer.

Faut-il s’étonner que sur quatre personnalités mises en avant sur le site d’Open Whispers pour vanter les mérites de Signal Private Messenger, trois soient liées soit à l’Electronic Frontier Foundation soit à la Freedom of the Press Foundation ?

Electronic Frontier Foundation

L’Electronic Frontier Foundation (EFF) est une organisation américaine de défense des droits numériques des citoyens (principalement internet, donc). Elle est largement financée par le milliardaire G. Soros qui figure en bonne place sur la page dédiée au remerciements des sponsors. Notez que le pendant français de l’EFF, la Quadrature du Net est aussi largement financé par l’Open Society Foundation de G. Soros.

Un petit coup d’oeil sur la page consacrée au Board of Directors fait apparaître en premier… John Perry Barlow, trésorier de la Freedom of the Press Foundation.

La nébuleuse des « open » machins et autre « freedom » of nawak

Ce n’est ni plus ni moins que la myriade de petits planétoïdes gravitant autour du milliardaire et « philanthrope » George Soros.

Le personnage est haut en couleurs, et possède de multiples facettes. Philanthrope pour les uns, porte-avions de la CIA pour les autres, il est admiré autant que craint. Je lui ai consacré une biographie que j’espère complète, afin que vous puissiez vous forger votre propre idée.

Les contradictions

La première chose à vérifier lorsqu’on veut s’assurer de la véracité d’un récit, c’est sa cohérence. C’est aussi la cohérence des actions et des déclarations des différents protagonistes, ou dans ce cas, du narrateur. Et c’est là qu’est l’os, on se croirait devant un mauvais scénario de série télé écrit par un stagiaire.

Dans sa biographie :

Ses amis et voisins ont décrit Snowden comme un garçon doux et charmant, généralement agréable. Un ami de longue date disait de lui qu’il avait toujours eu le don d’articuler sa pensée, même étant enfant.

Son père déclara qu’il ne fût pas surpris d’apprendre que son fils avait dépassé le score de 145 à deux test distincts de coefficient intellectuel (QI), même si ce qui comptait avant tout pour lui c’était le bien être d’Edward. Son père l’a décrit comme étant « le plus intelligent de la famille », un « être doué de pensées profondes » et « un jeune homme sensible et attentionné »

Donc en gros, la réincarnation du Bouddha, en plus malin, ce qui est attesté non par un test QI mais deux. Et d’ajouter « même si ce qui comptait avant tout pour lui c’était le bien être d’Edward ». Avait-il songé un instant en faire don à la science ? Nous ne le saurons probablement jamais. Ca fait beaucoup de répétitions en trois lignes pour nous persuader de l’immense intelligence et de la sagesse innée du petit Edward.

Candidat aux forces spéciales

A 20 ans, Snowden s’engageait dans la Réserve militaire américaine, en tant que candidat aux forces spéciales (d’active), mais il ne termina pas l’entraînement. Il disait vouloir participer à la guerre d’Irak.

Pas vraiment Bouddha alors. Plutôt le crétin de base. Parce qu’être sage et s’engager pour aller massacrer des Irakiens qui ne vous ont rien fait, ce n’est pas vraiment compatible. Notez que c’était à peu près la seule option qui s’offrait à lui puisque, autant que j’ai compris, il n’avait pas terminé ses humanités.

Une girouette

Dans un post de janvier 2009, TheTrueHOOHA exprimait un soutien fort à l’appareil sécuritaire américain, et déclara penser que les personnes qui se rendaient coupables de révéler des informations classifiées « on devrait leur tirer dans les burnes ».

Et en février 2010 :

En sommes-nous là aujourd’hui à cause d’une pente glissante alors qu’il était en notre pouvoir d’arrêter ? Ou bien était-ce un bouleversement si rapide qu’il est passé inaperçu en raison d’une politique du secret omniprésente ?

Employé de gardiennage

Ensuite, il fut employé durant un peu moins d’une année, en 2005, comme « spécialiste sécurité » (entendez : garde, ndlr) au Centre d’études avancées du langage de l’Université du Maryland, un établissement non classifié. En juin 2014, Snowden déclara dans Wired que c’était en fait un « établissement top secret » où son job en tant que garde de sécurité requérait un haut niveau d’habilitation de sécurité pour lequel il avait passé un test polygraphe et une vérification stricte de ses antécédents.

Polygraphe, habilitation de sécurité, enquête serrée pour un simple garde dans un centre d’études du langage par ailleurs non classifié ? Et pendant ce temps, la marmotte…

Emploi à la CIA

En 2006, après avoir participé à un salon de l’emploi consacré aux agences de renseignements, Snowden se vit offrir un emploi à la CIA. Il fût assigné à la division des communications mondiales, à Langley (Virginie).

En mai 2006, Snowden écrivait dans Ars Technica qu’il n’avait jamais eu de problèmes avec le boulot parce qu’il était un « génie des ordinateurs ». Après s’être distingué comme employé junior au sein de la meilleure des équipes informatiques, Snowden fût envoyé à l’école secrète de la CIA pour les spécialistes en technologie où il vécût à l’hôtel durant six mois tout en étudiant et en s’entraînant à plein temps.

Mais bien sûr, une foire pour recruter des barbouzes. Et plutôt que de recruter des spécialistes dans leur domaine (master en technologie de l’information, en électronique, en maths), ils l’ont choisi lui. Pourquoi ? Parce que (selon ses propres termes) il était un « génie des ordinateurs ».

Non Edward, la CIA ne recrute pas sur des foires. Parfois elle repère les gens directement sur les campus, parfois elle attend patiemment que des aspirants envoient leur candidature mentionnant leurs domaines d’expertise ainsi que leurs grades académiques, et puis ils font de l’écrémage pour ne retenir que les meilleurs, et les plus fiables, après des enquêtes extrêmement poussées.

Et le fait de s’auto-proclamer « génie des ordinateurs » ne remplace pas 5 ou 7 années d’université, jusqu’à preuve du contraire. Il y a de la marge entre « être génial » et être vraiment une pointure dans tel ou tel domaine.

Le reste de la biographie est à l’avenant et va même crescendo :

Durant ces quatre années chez Dell, il grimpa les échelons allant de la supervision du renouvellement des systèmes jusqu’à travailler, selon ses dires, en tant que « cyber-stratège » et « expert en cyber contre-espionnage » en différents lieux du territoire américain.

S’il était resté deux ans de plus j’imagine qu’on le retrouvait au poste d’amiral commandant la sixième flotte ? Moi je me souviens surtout que la CIA en a parlé comme d’un second couteau chargé de la maintenance des PC et rien d’autre. Et cela colle nettement mieux avec ce que l’on sait par ailleurs.

Personnage improbable

Finalement, ce qui a achevé de me convaincre que Snowden n’est pas celui qu’il prétend être c’est tout simplement son comportement.

Voilà un garçon né dans une famille de militaires et de fonctionnaires qui ne rêve que de servir son pays (Il en faut ça aide à faire pousser les rosiers une fois recyclés). Ce patriote idéaliste veut aller libérer les Irakiens (qui s’en seraient bien passé). Il s’engage dans les forces spéciales, se casse les deux pattes, et se voit donc contraint d’abandonner ses projets civilisateurs.

Qu’à cela ne tienne, puisqu’il est génial, il trouvera à travailler quand même pour le pays, en tant que sous-traitant pour la CIA, la NSA, que sais-je.

Là il s’aperçoit que ces officines espionnent en toute illégalité des citoyens Américains et que fait-il ? Il ne plaque pas sèchement le boulot pour se reconvertir dans le jardinage ou la marine à voile, non… Il signe un nouveau contrat pour collecter des informations confidentielles avec le projet de trahir son pays !

Et là, ça ne colle plus du tout avec le patriote qui parlait de vider son chargeur dans les c… des traîtres. Et qu’on ne vienne pas me parler d’intérêt supérieur. Le gars avait prêté serment, il savait parfaitement à quoi il s’engageait. Dès lors s’il n’était plus d’accord avec sa hiérarchie, il pouvait le dire… et dégager, quitte à dénoncer ultérieurement ces abus.

Les documents

Mais, me direz-vous, s’il était parti sans les documents de toute première importance qu’il a ultérieurement transmis à Greenwald, il n’y aurait pas eu d’affaire Snowden et personne ne l’aurait cru.

Sauf que les documents en question sont tout sauf importants. Ils ne disent strictement rien, évoquant juste des noms de programmes supposément utilisés par la NSA pour espionner les citoyens Américains. Aucun moyen même de savoir si ces programmes existent, et dans le fond, ça n’a aucune importance.

Je reste quelque peu dubitatif devant les panégyriques qu’avaient suscités les premières fuites dans la presse de mauvaises copies d’écran de présentations powerpoint manifestement élaborées par des garçons de ferme, et qui ne contenaient que des titres et des graphismes improbables mais aucune donnée importante ou confidentielle.

Et il suffit de regarder le second batch de « révélations » publiées par Greenwald sur son site, The Intercept, pour se rendre compte à quel point on a affaire à du bla-bla sans aucune valeur informative. D’ailleurs les journalistes ne s’y trompent plus désormais, et cet événement est passé à peu près inaperçu.

D’autre part, tous les informaticiens un peu informés avaient connaissance depuis plus de dix ans du programme baptisé Echelon que les services de renseignements américains avaient élaboré dans le but d’intercepter en temps réel toutes les communications passant soit sur Internet, soit sur le réseau SS7 (gsm) soit via les lignes terrestres.

Il ne faut pas être clerc de notaire pour comprendre que vu les développements de la technologie, et la concentration de tous les échanges via quelques dorsales, la tentation était grande pour eux de procéder à l’interception de ces données, puis à leur analyse.

L’analyse en soi n’est nullement compliquée, il s’agit essentiellement de relier des points par des mots clés (indexage). La difficulté réside dans le volume considérable d’informations à traiter en temps réel. Est-ce que c’est faisable ? Oui. Est-ce que les Américains le font ? Oui, très probablement, et d’autres aussi d’ailleurs (Anglais, Français, Russes, Chinois…).

Mais qui est Snowden, alors ?

Ce qui suit est mon opinion. Une hypothèse permettant d’expliquer de manière simple et logique les dessous de cette affaire sans avoir besoin de rameuter la CIA, la NSA ou d’échafauder des théories à côté desquelles les romans d’espionnage de John le Carré passeraient pour ennuyeux.

Quand on regarde bien le déroulement de cette histoire, il y a bel et bien un fil rouge. Et celui-ci tourne nettement plus autour de G. Soros que de la CIA. Je ne pense pas que Snowden soit ou ait jamais été un agent de la CIA. Je pense qu’il était juste un plouc qu’un sous-traitant avait engagé pour la maintenance des PC chez son employeur, la CIA.

D’autre part, je pense que Snowden était (et est resté) proche des idées de ce qu’on appelle aux States les Liberals. D’une manière générale, ces gens plaident pour moins d’État, et plus de libertés. C’est le capitalisme. Dans sa version dure, on trouvera les Libertariens[5].

On trouve énormément de libertariens parmi les supporters et les collaborateurs de Soros. Et pour cause, puisqu’il en est l’archétype, le pape !

Et tant que Soros ne fait que déstabiliser toujours plus les États en dehors de USA, comme par exemple en Ukraine, ces libertariens sont alliés objectifs du département d’État américain et de son bras armé, la CIA. Mais quand il s’agit des États-Unis, vous aurez compris que le gouvernement américain l’entend d’une toute autre oreille.

Ainsi je pense que toute cette affaire n’est qu’un coup monté par Soros pour attaquer sur le sol américain l’ingérence du pouvoir dans la vie privée des citoyens, et accessoirement pour faire le buzz autour des applications développées par ses protégés.

Mais me direz-vous, tout ça pour ça, mais ça a dû coûter des millions ? Non, ou plutôt si, mais sûrement pas à Soros. Deux trois coups de téléphone, une réunion vite fait, trois billets d’avions, les chambres d’hôtel, et c’était plié. Parce que vous l’aurez sans doute remarqué, c’est à l’État américain et donc au contribuable que cette farce aura coûté le plus cher.

Parce que je n’ai pas l’impression qu’à la base la CIA ou le gouvernement aient été informés. Ils ont dû être légèrement paniqués quand ils ont entendu qu’un « agent de la CIA important » s’était barré en emportant des centaines de gigabytes de fichiers ultra-confidentiels. J’imagine que le téléphone a chauffé au rouge entre Langley et la Maison Blanche, puis entre la CIA et son sous-traitant pour savoir -si c’était possible- à quelle information exactement pouvait bien avoir eu accès Edward Snowden.

Après, ils se sont contentés de la formule habituelle (no comment), et de lancer à tout hasard un mandat international. Techniquement il s’agit d’un employé (assermenté) qui a fait défection, c’était la procédure normale, et puis si ça peut empêcher d’autres vocations, c’est bien aussi, n’est-ce pas ?

Notez que c’est également la raison pour laquelle les Russes ne se sont absolument pas intéressés à Snowden. Ils ont du comprendre bien avant tout le monde que ce type ne savait strictement rien qui puisse les intéresser ou qu’ils ne puissent pas lire dans la presse. Un peu la même réaction d’indifférence polie qu’avait affiché le KGB lorsque Lee Harvey Oswald s’était rendu en URSS.

Un petit mot pour terminer

L’affaire Snowden, et les pseudo-révélations de celui-ci, c’est de la roupie de sansonnet en comparaison de ce que le gouvernement français a réussi à imposer comme modification dans le Code de sécurité intérieure.

Désormais, même en dehors de l’état d’urgence, les autorités auront le droit d’intercepter toutes les communications de « l’entourage d’une personne susceptible d’être en lien avec une menace ».

Initialement l’article portait sur « une personne présentant une menace ».

Pour le dire autrement, on parle de toute la population française, potentiellement. Le plus légalement du monde.

Notes

  • [1] Dans la mesure où même en rencontrant en chair et en os Snowden il n’est pas possible d’apporter quelque crédit supplémentaire que ce soit quant à la véracité du témoignage, je reste quelque peu dubitatif par rapport à la démarche qui consiste à examiner un e-mail anonyme. Cet ajout systématique d’anecdotes que l’on retrouve plus généralement dans la littérature que dans l’actualité me semble être un élément récurrent de la narration de cette affaire. Pour le dire autrement, ça sonne creux.
  • [2] Le 6 juin Snowden demande à ne pas être cité par de trop longues phrases de peur d’être identifié par analyse sémantique, et le 9 juin, demande à ce que son identité soit révélée publiquement, en se justifiant ainsi : « Je n’ai pas l’intention de me cacher, parce que je sais que je n’ai rien fait de mal ». L’incohérence, encore une caractéristique présente dans tout le récit, y compris la bibliographie de l’intéressé.
  • [3] The Intercept est le média pure player fondé par Glenn Greenwald, Laura Poitras et Jeremy Scahill en 2014.
  • [4] Article 501(C) du code des impots qui définit le statut fiscal des organisations sans but lucratif, exonérées d’impôts et sujettes à des déclarations simplifiées (form 990).
  • [5] Le libertarianisme, aussi appelé libertarisme (à ne pas confondre avec libertarisme de gauche et Libertaire) est une philosophie politique qui conçoit la société juste comme une société dont les institutions respectent et protègent la liberté de chaque individu d’exercer son plein droit de propriété sur lui-même et les droits de propriété qu’il a légitimement acquis sur des objets extérieurs. Issue du libéralisme elle prône donc, au sein d’un système de propriété et de marché universel, la liberté individuelle en tant que droit naturel. La liberté est conçue par le libertarianisme comme une valeur fondamentale des rapports sociaux, des échanges économiques et du système politique.Les libertariens se fondent sur le principe de non-agression qui affirme que nul ne peut prendre l’initiative de la force physique contre un individu, sa personne, sa liberté ou sa propriété. De fait, ses partisans, les libertariens, sont favorables à une réduction voire à la disparition de l’État (antiétatisme) en tant que système fondé sur la coercition, au profit d’une coopération libre et volontaire entre les individus, avec un État limité à des fonctions régaliennes. Robert Nozick (1938-2002), Murray Rothbard (1926-1995) et Charles Murray (1943-) font partie des principaux auteurs nourrissant cette doctrine.
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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles