Voilà une classe qui se tient sage !

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Probablement tournée par les forces de l’ordre elles-mêmes, la vidéo, placée en ligne le 6 décembre, est en passe de devenir virale, et a déjà été visionnée plus d’un million de fois.

On y voit des lycéens, à genoux contre un mur, les mains entravées dans le dos, et d’autres, agenouillés les mains sur la tête. « Voilà une classe qui se tient sage », dit le flic, tout content de sa trouvaille. Tantôt il remettra les images à son supérieur hiérarchique pour montrer comment il a su mettre hors d’état de nuire une dangereuse horde de Gaulois rebelles.  La République sait récompenser ses fidèles serviteurs, il aura droit aux félicitations du Préfet, et, qui sait, cela lui vaudra peut-être une prime ?   Cela se passe à Mantes-La-Jolie. En France, le pays des droits de l’homme, en 2018.

L’État a perdu tout sens de la mesure

Face à la plus grande révolte véritablement populaire que le pays ait connu depuis les événements du 14 juillet 1789 et les mois qui ont suivi, le pouvoir répressif est totalement désemparé, et tel les fourmis, lorsqu’elles sont intoxiquées, agonisantes, elles ne savent plus tourner qu’à droite.

Voilà donc la réponse de Macron à la jeunesse de France, désespérée, sans avenir, délaissée par des élites parisiennes totalement déconnectées de la réalité, des politiques hydroponiques gavés à l’engrais des mandats juteux, des jetons de présence et des exonérations de niche.  Demandez-leur seulement combien coûte un plein, ou même un pain, vous les verrez baisser les yeux, et avouer leur ignorance.  Le pain ?  Un plein ?  C’est pour les gueux, les Jacques et les sens-dents, eux se déplacent en limousine, mais n’ont guère à se soucier de l’intendance, c’est vous qui régalez.

Si la brutalité et l’humiliation est la réponse que l’on fait à des gosses, est-il permis de demander à quoi les adultes devront s’attendre demain ?  Des tirs tendus à la grenade pour estropier, pour tuer ?  L’usage des armes létales, peut-être ?  On va tirer dans le tas des petits vieux et des femmes, venus en masse pour exiger des conditions de vie décentes ?  L’humiliation n’est pas une réponse, c’est un appel à la violence.  Les violences policières ne sont pas une réponse, c’est un appel à la révolte.

Au premier sang français qui coulera, à la première victime d’un État devenu dictature policière, la réponse sera impitoyable, et balaiera le pouvoir comme une nuée d’orage disperse les dernières feuilles d’automne.  Les gilets bleus, les gilets de Kevlar feraient bien de se rappeler que leur vocation n’est pas de défendre un pouvoir aux abois, mais les valeurs de la République.  Quand la république tire sur ses enfants, elle n’est plus la République.  Et quand vous serez contraints de tirer sur vos frères, vous ne serez plus des hommes, seulement des meurtriers.

Ce n’est pas la France qui s’écroule, c’est un système en bout de course, un feu qui n’en peut plus de dévorer tout de qu’il touche, et se meurt, faute de carburant.  On le voit, ce n’est même pas spécifiquement français, même si le pays est actuellement au coeur de la contestation.  Aujourd’hui la France, demain la Belgique et ensuite toute l’Europe.

Il est grand temps que le peuple se réapproprie le pouvoir qu’il n’aurait jamais dû céder tout d’abord, on voit trop bien où cela mène.

>> Article original sur le Vilain Petit Canard

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles