Cop 21 sur fond d’état d’urgence

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A peine débarqué d’Air Force One, peu avant minuit hier, le Président des Etats-Unis s’est rendu au Bataclan, où l’attendait François Hollande, pour une brève cérémonie d’hommage aux victimes des attentats du 13 novembre. Vite fait, bien fait, une p’tite rose et puis s’en va. Inutile de préciser que pour des raisons de sécurité, cette cérémonie n’avait pas été annoncée. Ben oui, pour les Américains, Paris, c’est un peu le Far West, mais sans les shériffs et les juges itinérants pour faire respecter un semblant d’ordre.

Ce qui est tragique, c’est qu’on invite précisément à une cérémonie d’hommage aux victimes… le Chef de l’État qui porte probablement la plus lourde responsabilité dans la montée du terrorisme, aux quatres coins du monde, et en particulier en Syrie.

Dès hier, dans l’après-midi, des milliers de manifestants s’étaient réunis Place de la République, bravant l’interdiction de manifester.  Des heurts s’en sont suivis notamment avec les forces de l’ordre, ce qui a donné lieu à 208 interpellations administratives et 174 gardes à vue.  Le gouvernement français, qui ne veut pas qu’on lui gâche sa fête présente l’ensemble des manifestants comme des anarchistes violents, mais se garde bien de dire que cette manifestation était prévue de longue date,  soutenue par de nombreuses organisations, et qu’il a profité de l’état d’urgence décrété dans la foulée des attentats pour faire taire toute voix dissidente.  Donnez une once de pouvoir à un exécutif, et il se comporte immédiatement comme un dictateur sud-américain à la belle époque.

Et sans être médium extralucide, je prédis que cette conférence fera un four à l’instar des précédentes.  Il n’en sortira rien, pour la simple raison qu’il ne s’agit que de business et de politique.  Il devient tout doucement de notoriété publique qu’en fait de réchauffement climatique, les températures moyennes n’ont pas évolué, sauf ces deux dernières années, et encore, très largement en deçà des prévisions alarmistes du GIEC.  C’en est devenu tellement ridicule que ne pouvant plus parler de réchauffement climatique on en est venu désormais à parler de déréglement climatique.  Ce qui veut tout dire, et rien dire.

Si le climat se réchauffe, ce sera le déréglement, s’il se refroidit, ce sera encore le déréglement, et s’il ne change pas, ce sera aussi la faute au déréglement.  Ce n’est plus de la science, c’est de la religion.   Avec sa litanie de prêtres et sa Congrégation pour la doctrine de la foi, chargée de traquer les hérétiques.

Qui sont les responsables des attentats ?

Lorsqu’on évoque les causes des attentats, vous aurez noté qu’on ne parle que de Syrie.  Mais voilà, moi j’ai un peu de mal avec cet argument.  En fait, je ne vois pas pourquoi des terroristes auxquels la France n’avait pratiquement infligé aucun dommage jusque-là voudraient se venger par des attentats meurtriers… Au risque que la France risposte en frappant dur, cette fois, l’Etat Islamique.

Eh oui, n’était-ce pas Laurent Fabius, qui déclarait en décembre 2012 :

Al-Nusra fait du bon boulot en Syrie

Et s’indignait quand le département d’état Américain avait ajouté Al-Nusra sur sa listes des organisations terroristes.

Avant les attentats, le moins que l’on puisse dire c’est que les frappes de l’aviation française sur les positions de l’Etat Islamique ont été plus symboliques qu’efficaces.

D’une manière générale, d’ailleurs, c’est l’ensemble des frappes de la grande coalition menée par les Etats-Unis qui se sont avérées totalement inefficaces.  Plus de 30.000 sorties pour un résultat pratiquement nul.

En quelques semaines, les seuls Russes avec des moyens pourtant nettement moindres ont réussi à stopper net l’avance de l’EI et à désorganiser totalement son fonctionnement.

A se demander ce que visait précisément la coalition… avant l’intervention Russe et les attentats de Paris.

Quelles seront les conséquences des attentats dans les mois à venir ?

Tout d’abord, on peut s’attendre à ce que la France lutte désormais activement contre le terrorisme en Syrie.  Les Turcs ne vont pas être à la fête, et il y a gros à parier que la décision folle d’abattre un bombardier Russe visait tout d’abord à couper court à toute tentative d’aboutir à une large coalition  militaire que les Russes appelaient de leurs voeux et que Paris voit désormais d’un bon oeil.

Parce qu’il ne faut pas se leurrer, dans cette histoire, les Turcs jouent un double-jeu dangereux.  Ils soutiennent les terroristes sur le terrain, permettent à l’EI de se financer en laissant volontairement perdurer le trafic de pétrole jusqu’à s’en prendre violemment à tout qui voudrait mettre fin à cette situation.

La Turquie, qui est membre de l’OTAN et au coeur de la soi-disant coalition chargée de la lutte contre l’EI vise ses propres intérêts, qui sont d’empêcher à tout prix la formation d’un état Kurde à sa frontière, et accessoirement de dégommer Bachar Al Assad, jugé pas assez réceptif aux visions impériales.

Il faudrait être bien naïf pour croire que les Etats-Unis ne sont pas au courant de cette situation.  C’est la raison pour laquelle je considère comme particulièrement cynique de la part de Barrack Obama de venir se recueillir sur les lieux des attentats.

Sur le plan de la politique intérieure

Si l’on en juge par exemple sur la décision d’interdire toute forme d’opposition dans le cadre de la COP21, par exemple, il y a fort à parier que les politiques français vont, en surfant sur la vague émotionnelle, renforcer encore un peu l’arsenal législatif au nom de la lutte contre le terrorisme.  Mais ces lois-là ne viseront absolument pas les terroristes, mais bien Internet et l’ensemble des citoyens français.

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Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles