Cet article s’adresse avant tout aux auteurs qui publient régulièrement sur Agoravox, et fait suite à l’excellent article que Moderatus avait publié en 2017, intitulé AgoraVox que pourrait-on améliorer ?
Dans cet article, l’auteur mettait en lumière les faiblesses du processus éditorial ainsi que les problèmes de non-respect de la charte, qui ont probablement contribué à plomber l’atmosphère générale sur le site, et à transformer le passage en modération en parcours du combattant pour certains auteurs, et notamment les nouveaux arrivants. Il rappelait également quelles sont les qualités, dont, selon lui, devrait faire preuve chaque auteur, une fois qu’il serait en position de devenir lui-même modérateur : humilité, tolérance, bienveillance et rigueur, et avoir bien sûr une certaine disponibilité pour contribuer à la modération et ainsi faire vivre le média.
Je crois que c’est l’intérêt de l’immense majorité des auteurs d’assainir Agoravox, afin de lui redonner un peu de sa vigueur d’antan. Agoravox est usé, et miné par les trolls, paralysé par des alliances malsaines qui souvent visent les mêmes auteurs, et qui n’étant pas forcément des plus populaires, voient ainsi leur articles relégué dans les limbes sans jamais parvenir à franchir la barre de l’imprimatur. C’est triste.
L’idée même d’Agoravox était révolutionnaire, je crois que dans l’époque troublée que nous traversons, il est plus indispensable que jamais. Agoravox reste le lieu de l’expression populaire, là où les médias traditionnels et les réseaux sociaux pratiquent une politique de censure tous azimuts, et qualifient de fake news tout ce qui ne va pas dans le sens de la doxa.
Je pense que des réformes, en somme légères, seraient tout également de l’intérêt de l’équipe Agoravox, que nous avons coutume d’appeler ici les Deus ex machina. Qui dit meilleur contenu et ambiance plus courtoise dit forcément plus de visiteurs et une meilleure réputation, donc des revenus publicitaires en hausse pour une charge de travail moindre, en raison de la disparition des trolls qui eux, n’ont jamais apporté rien à Agoravox que des soucis.
Les problèmes actuels (liste ouverte)
- Censure idéologique : c’est probablement le plus grand fléau, bien qu’il reste essentiellement caché en raison d’une politique trop permissive en matière de modération. Actuellement, il n’est pas exigé qu’un modérateur donne la raison de son rejet, et l’auteur n’a aucune possibilité de faire appel de cette décision.
- Trollage & flooding : trop souvent, sur les articles un tant soit peu polémiques, c’est-à-dire qui ne plaisent pas aux tenants de la doxa, les trolls se lancent dans l’invective et l’insulte à l’encontre de l’auteur, et inondent les commentaires des mêmes « questions » auxquelle pourtant l’auteur a déjà répondu à maintes reprises.
- Les trolls : par trolls, j’entends des personnes qui ne sont pas auteurs, et ne sont sur les fils de commentaires que pour pourrir la vie des auteurs et à noyer leurs interventions dans les commentaires dans le seul but de décourager les intervenants qui eux participent à la discussion. Toujours les mêmes, semblent n’avoir pas d’autre activité que celle qui consiste précisément à troller.
- Les faux comptes : créer un nouveau compte sur Agoravox est un jeu d’enfant, et rien n’est prévu pour empêcher cela. De même, un intervenant qui se verrait clôturer son compte pour abus peut revenir dans les dix minutes sous un autre pseudo, et continuer à se comporter comme un pignouf.
- Nouveaux venus : c’est de notoriété publique, voir son premier article publié sur Agoravox relève du parcours du combattant, et plus d’un s’y sont essayés qui ont dû finalement renoncer à devenir auteur sur Agoravox, parce que leur article n’a pas recueilli le nombre de votes nécessaires à sa publication. C’est dommage, parce qu’on s’est peut-être privé d’excellents auteurs qui auraient pu contribuer à faire vivre le média.
Ébauches de solutions (liste ouverte)
1) Identification forte
Une bonne partie des problèmes susmentionnés résultent de la trop grande facilité avec laquelle un troll, même exclu, peut revenir sous un autre pseudo, pour continuer ses méfaits. Il y aurait lieu d’instaurer un mécanisme d’identification plus fort, tout en garantissant à minima l’anonymat pour les auteurs qui souhaitent continuer à écrire sous pseudo.
Aujourd’hui, il existe diverses solutions pour arriver à cela, soit qu’elles font appel à une tierce partie (du genre It’s Me), soit à implémenter directement sur Agoravox
Identity provider : des services comme It’s Me ont pour vocation de permettre aux utilisateurs de s’identifier sur les sites web sans que jamais les sites en question n’aient accès à vos données personnelles. Ils agissent donc comme tiers de confiance, et sont garants de l’identité de leurs utilisateurs pour les sites qui choisissent de faire appel à leurs services. Inconvénient, cela vient avec un coût pour le site client (ici Agoravox). C’est en revanche gratuit pour les utilisateurs. On pourrait comparer à certains services (sites web) qui vous permettent de vous connecter à leur plateforme via votre compte GMail ou Facebook, par exemple. Là aussi, le site ne recevra que le strict minimum d’informations de Google, par exemple. Juste ce qu’il faut pour vous identifier. Inconvénient, cela rendrait votre compte Agoravox dépendant de celui de Facebook, par exemple. Et vu la tendance actuelle à la censure, désormais, les comptes facebook sont fermés pour un oui ou pour un non.
PinCode par SMS : beaucoup de sites, à commencer par Facebook, Twitter et Google exigent désormais une identification forte, et à cette fin on implémenté le mécanisme suivant. Lors de votre première connexion, un numéro de portable vous sera demandé, auquel un code (généralement 6 chiffres) sera envoyé par SMS. Vous devrez ensuite recopier ce code dans le formulaire qui vous sera présenté sur le site et c’est seulement alors que votre compte sera validé. Inutile de préciser qu’un numéro de portable ne pourra servir qu’une seule fois, et que si le compte de cette personne venait à être clôturé, ce numéro ne pourrait plus être utilisé pour valider le compte d’un autre pseudo. Pas même besoin de garder le numéro de portable en clair, ce qui poserait des risques de sécurité et d’atteinte à la vie privée (RGPD), il suffira d’en garder l’empreinte, en calculant un HMAC basé sur celui-ci. Pour l’implémentation, rien de plus facile, il existe des fournisseurs de service qui permettent, moyennant paiement (modique) d’envoyer de manière automatisée des SMS via des librairies logicielles, exposées au travers d’API. Il s’agirait alors d’ajouter un bout de code (tout au plus une page) à l’application existante pour implémenter cette fonctionnalité. Alors bien sûr ce n’est pas la panacée, mais qui voudra en passer par l’achat d’une nouvelle carte sim prépayée pour simplement venir troller sur Agoravox?
2) Censure idéologique
Le problème ici, vous l’aurez compris, c’est l’impunité dont jouissent les censeurs, et de l’absence de recours pour les auteurs qui en font les frais, or on pourrait résoudre ceci facilement !
Justification : obligation pour le modérateur de justifier son rejet de l’article. Et ce refus, accompagné du motif, devraient être rendus accessibles à l’auteur par Agoravox, par exemple en haut de son article en modé, ou dans les notifications. L’identité du modérateur restant bien entendu secrète.
Appel : un auteur qui s’estimerait indûment censuré devrait avoir la possibilité de faire appel, via un bouton, toujours en tête de son article, en modération. Ce formulaire prévoirait un champ texte dans lequel l’auteur pourrait, de manière concise, faire valoir ses arguments. Dès ce moment, ce serait soit l’équipe d’Agoravox qui se chargerait d’évaluer le bienfondé de la requête, soit un collège de rédacteurs.
Censure injustifiée : si une censure s’avérait injustifiée, et donc guidée uniquement par la volonté de nuire ou la bêtise, le modérateur devrait être rétrogradé au rang d’auteur, et devrait à nouveau publier 4 articles avant de pouvoir rejoindre à nouveau la modération. En cas de récidive, l’indélicat devrait voir son compte supprimé définitivement. Le vote négatif devrait alors être converti automatiquement en vote positif, et l’article suivrait son bonhomme de chemin.
Appel injustifié : devrait faire l’objet d’un avertissement, et l’article ne serait plus éligible à la publication. En cas de récidive, l’indélicat devrait voir son compte supprimé définitivement.
Nombre d’appels : il devrait idéalement être limité à un seul par article, pour un auteur donné. Parce qu’en effet, s’il y a eu tentative de censurer volontairement un auteur sur un article, il y a de bonnes chances que le suivant le sera aussi. Et il n’est pas utile selon moi de placer cette limite plus haut parce que si le mécanisme est correctement implémenté, les censeurs indélicats y réfléchiront à deux fois avant d’agir.
3) Trollage & flooding
Le trollage est un fléau, le flooding aussi, je suis bien placé pour le savoir. Ici, il y aurait lieu de prévoir le flooding et le trollage dans les causes de signalement. Là encore, l’examen de ce signalement reviendrait à l’équipe d’Avox ou à défaut à un collège de rédacteurs, avec un quorum à déterminer (et un mécanisme de vote). Le troll recevrait un avertissement, puis un second, et au troisième, ce serait la porte. Je crois qu’une telle mesure serait de nature à refroidir les ardeurs des plus déterminés. Il va sans dire que ce qu’on attend des intervenants, on l’attend aussi des auteurs, qui devraient bien évidemment se plier à la même étiquette.
4) Les nouveaux-venus
Afin de favoriser les nouveaux venus, qui sont par essence moins suceptibles de recevoir des votes positifs puisqu’ils sont inconnus, on devrait mette en place un mécanisme de pouponnière. En modération, les premiers articles (disons les deux premiers) devraient se voir adjoindre une petite icône colorée indiquant leur statut de débutant, ce qui encouragerait les modérateurs à les passer en revue. On pourrait aussi, pour ces premiers articles, convenir que 3 votes positifs suffisent. Après tout, si on se retrouve avec un pseudo article de placement de produit, il se fera quand même laminer avant d’avoir passé la rampe.
Mise en place de la discussion
En l’état, Agoravox ne me semble pas le lieu le plus approprié, pour deux raisons :
- Cette discussion n’est ouverte, par essence, qu’aux auteurs
- Sur Agoravox nous en serions réduits à discuter dans le fil des commentaires de cet article, qui pointerait vers un document de travail. Ca deviendrait le souk en moins de 15 minutes, le sujet étant un véritable pot de miel pour les trolls.
Ceci pose le problème de l’identification (encore une fois). Comment s’assurer que seuls les auteurs auront accès à la discussion, tout en continuant à conserver leur anonymat? Comment s’assurer, en cas de vote qu’un auteur n’aura droit qu’à une seule voix?
Eh bien je pense qu’on pourrait se baser ici aussi sur la délégation de confiance. Puisque j’ai confiance dans la manière dont Agoravox identifie ses auteurs…
Ce que j’ai donc fait, c’est de créer un forum où tout auteur d’agoravox qui souhaitera se joindre à la discussion pourra s’inscrire. Pas même besoin de donner votre e-mail, vous pouvez en donner un faux si vous le souhaitez.
Comme identifiant, je vous demanderai d’utiliser votre pseudo, suivi de 5 chiffres que vous choisirez au hasard. Pour Moderatus, cela donnerait par exemple « moderatus41789 ».
Puis, dans les commentaires de votre dernier article vous ajoutez simplement un commentaire contenant ces 5 chiffres, afin que je puisse bien m’assurer que c’est vous, et nul autre qui s’est inscrit sur le forum. Je vous déplacerai alors dans le groupe des utilisateurs autorisés à lire et intervenir dans la discussion. Et j’en profiterai pour supprimer de votre userid les 5 chiffres désormais inutiles, et c’est avec votre seul pseudo que vous devrez vous connecter pour participer à la discussion (par ex moderatus).
Le mot de la fin
Nul ne peut prédire combien d’auteurs seront intéressés à participer à la discussion, et dans quelle mesure l’équipe d’Agoravox serait prête à entendre les suggestions et éventuellement y donner suite. Mais ce qui est sûr, c’est que si on n’essaye pas, rien ne changera.